Virgile Mouquet, le Bordelais "plus chaud que le climat"

Il veut un avenir pour lui et sa génération. A 18 ans, Virgile Mouquet est devenu une des figures françaises des grèves pour le climat. Rencontre avec cet activiste "pour la justice environnementale et sociale", qui prône la désobéissance civile et refuse de se laisser conduire "droit dans le mur".

C'est l'une des figures française de la jeunesse mobilisée pour le climat. Un de ceux qui marcheront dans les rues les 20 et 21 septembre, à Bordeaux et  dans toute la France.  Virgile Mouquet, tout juste âgé de 18 ans, a déjà beaucoup à dire sur le climat, et notamment l'inertie des générations qui l'ont précédé. 

Marches, sit-in, blocages… Depuis un an, il multiplie les actions rassemblant la jeunesse sur le thème de l'urgence climatique. Un engagement né en novembre 2017, à la lecture d'un cri d'alarme sur l'état de la planète, signé par quelques  15 364 scientifiques. 



"J'ai commencé à me rendre compte qu'on allait droit dans le mur si on continuait à consommer autant d'énergie fossile, à polluer autant, à détruire autant les sols, se souvient le jeune bachelier. 
 

Il y a une rupture chez moi, je me suis rendu compte qu'il fallait faire quelque chose parce que c'était mon avenir qui était directement en jeu.
 


Voir l'interview de Virgile Mouquet

  

Dans les pas de Greta Thunberg

Une première prise de conscience qui trouve quelques mois plus tard un écho avec la mobilisation de la militante écologique Greta Thunberg, alors âgée de 15 ans. Nous sommes à la fin de l'été 2018. La jeune Suédoise, encore méconnue,  lance une  "grève scolaire" pour le climat.

L'adolescente , qui se plantait alors devant le parlement suédois, avec une pancarte, réclamant des actions concrètes contre le changement climatique, fait sensation dans le monde entier.

Son initiative est remarquée, commentée... et imitée. Naissent alors les mouvements de Friday for future et Youth for climate, et des appels aux grèves scolaires pour le climat appelant la jeunesse à se mobiliser de par le monde.

 "Je me suis dit, c'est le moment de faire quelque chose de plus gros à Bordeaux, de prendre contact avec des jeunes d'autres lycées, et on a organisé ça", poursuit Virgile Mouquet.

"Ça", c'est la marche du 15 mars 2019, qui a réuni plus de 200 000 jeunes Français dont près de 4 000 Bordelais. 


  

Concilier études et engagement militant

Virgile est en première ligne, se retrouve interviewé par les médias locaux, et même nationaux. Son engagement lui prend de plus en plus de temps, obligeant même l'ancien élève de Gustave Eiffel à réviser ses choix post bac. "J'ai intégré une classe prépa début septembre, mais au bout de quelques jours, j'ai bien vu que je ne pourrai pas concilier le militantisme avec les études.  

Et je ne me voyais pas mettre tout ça en pause pendant deux ans…



Direction l'université donc, et un emploi du temps permettant de mieux concilier ses études avec un engagement de plus en plus chronophage. 
 


Après les actions locales, sont arrivées les mobilisations à Paris. Le 28 juin, alors que les membres du mouvement "Extinction rebellion" sont expulsés par les forces de l'ordre du pont de Sully qu'ils occupaient, une centaine de militants de Youth for climate organise un blocage rue du Faubourg Saint-Honoré, devant l'Elysée. 
Virgile en est, comme il sera moins d'un mois plus tard, aux côtés de Greta Thunberg à l'Assemblée nationale pour un débat avec les parlementaires.

 

Une jeunesse critiquée



L'initiative fait l'objet de railleries de la part de plusieurs députés de droite et d'extrême-droite, mettant en cause le jeune âge de l'activiste suédoise, la suspectant d'être manipulée ou encore de tenir des discours catastrophistes. Des critiques qui n'émeuvent guerre le militant bordelais. 

"On a plein de jeunes dans le mouvement qui, quand ils voient les prévisions scientifiques sur leur avenir, se demandent s'ils auront des enfants, assure-t-il.  A un moment, soit on s'appuie sur les chiffres, soit on se cache derrière un optimisme incohérent qui va juste nous amener vers la catastrophe.

 

Nous, nous faisons le choix de voir la réalité en face. Si nous ne le faisons pas, le jour où il sera trop tard, c'est sur nous que ça va retomber.



 
 

Déobéissance civile

De nouvelles marches sont prévues les 20 et 21 septembre. Mais Virgile souhaite désormais passer à la vitesse supérieure, et expérimente les actions de désobéissance civile. En plus du blocage de l'accès à l'Elysée, il a participé à Bordeaux, à un sit-in dans un Mac Donald. 

"On sait très bien que Mac Do ne fera pas faillite, parce que la boutique de la rue Sainte-Catherine à Bordeaux a été fermée une journée en juillet, sourit-il. Mais c'est symbolique. Nous, les jeunes, avons visé un symbole de la surconsommation qui veut justement séduire notre tranche d'âge". 
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"Ça donne de l'espoir sur la société que nous aurons dans dix ou quinze ans"


La jeune génération, cible préférée des publicitaires, restera donc désormais insensible à leurs sirènes ? Pour l'étudiant, résolumment optimiste,  même si la surconsommation ne prendra pas fin demain, une bascule a déjà été opérée. "Nous sommes quand même une génération qui a une vraie prise de conscience. 

Le fait qu'il y ait 2 millions de jeunes dans le monde pour une cause comme ça, même si en terme de proportions ça reste minime, c'est quelque chose qui n'est jamais arrivé."


"La grande majorité des jeunes est au courant de ce problème. Même s'ils ne sont pas forcément engagés, ils le savent, et ça c'est déjà différent des générations d'avant. 


Rien que ça, ça donne de l'espoir sur la société que nous aurons dans dix ou quinze ans

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