Elle devait être la dauphine d’Alain Juppé, mais l’histoire en a décidé autrement. Quelques heures après les adieux émus du maire de Bordeaux, Virginie Calmels tire à son tour sa révérence et dit pourquoi elle retourne à Paris.
Son aventure avec Bordeaux aura duré à peine cinq ans.
Portée par Alain Juppé, lors de la dernière campagne des municipales à Bordeaux en 2014, Virginie Calmels avait été catapultée première adjointe, chargée de l'Economie, de l'Emploi.
Aujourd’hui, elle jette l’éponge.
"D’abord, je vis à Paris, ça ne fait pas mystère. Mes enfants sont scolarisés à nouveau depuis 2017 à Paris.
J’avais déjà pris la décision en 2017 et je l’avais dit à Alain Juppé que je ne me présenterai pas aux municipales de 2020.
C’est Alain Juppé qui m’a fait venir à Bordeaux. Symboliquement je trouvais que c’était bien que je quitte Bordeaux en même temps qu’Alain Juppé."
Virginie Calmels retourne à ses premières amours
Femme de réseau et d'influence, au carnet d'adresse éclectique, membre du Siècle, club très sélect qui réunit intellectuels, politiques, industriels et journalistes en vue,Virginie Calmels s'apprête, à 48 ans, à renouer avec le secteur privé pour "prendre le poste de PDG d'un très beau groupe français qui a des grandes perspectives de développement à l’international ".On servirait bien mieux notre pays, s'il y avait davantage d’allers retours entre le public et le privé
"J’ai toujours considéré que la politique était une mission et non pas un métier. Mon métier, c’est celui de chef d’entreprise, d’entrepreneur je l’ai accompli pendant 20 ans, c’est assez naturel."
L’entreprise, les conseils d’administration, longtemps son quotidien, et surtout son ADN, pour celle qui, à 30 ans, avait déjà mené trois gros plans sociaux, avant de devenir la prêtresse du PAF.
"Ça n'a pas fonctionné"
"Rien ne s’est passé comme prévu. Il (Alain Juppé) m’avait présenté comme sa dauphine à un moment donné où dans sa tête il était Président de la République."Je me suis engagée pour Bordeaux parce que c’est la ville où je suis née, où mon père est enterré, je me suis retrouvée engagée dans le combat national d’abord pour les primaires puis pour la présidentielle parce que différentes personnes ont fait appel à moi, Alain Juppé, Francois Fillon ou encore Laurent Wauquiez.
J’ai accepté à chaque fois les challenges qui m’étaient proposés pour tenter de reconstruire la droite qui était en piteux état et ça n’a pas fonctionné !"
La politique et l’entreprise : deux mondes qui se côtoient mais aux codes bien différents
La greffe n'a jamais réellement pris à Bordeaux avec l'équipe municipale. Les relations tendues avec le directeur de cabinet n'étaient un secret pour personne.
Virginie Calmels, qui a toujours suivi les filières d’excellence, l’a peut-être appris à ses dépens en confondant ces deux univers... On ne fait pas de la politique comme on gère un conseil d'administration.
Un ralliement à François Fillon mal perçu
Ses ralliements à François Fillon, juste après la défaite d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite, puis à Laurent Wauquiez dans la course à la tête du parti Les Républicains, ont surpris et n'ont pas été bien vécus à la mairie de Bordeaux.Nommée vice-présidente du parti en décembre 2017, un poste de numéro 2, elle n'y reste que six mois jusqu'à son limogeage en juin 2018, après avoir critiqué la ligne politique.
Le départ d'Alain Juppé, lui donne donc l'occasion d’anticiper son départ. Virginie Calmels va donc démissionner de son mandat bordelais et ne siégera plus à la métropole.
Départ de la mairie mais pas de la Région
En revanche, elle va continuer de siéger sur les bancs de l’opposition à la Région Nouvelle-Aquitaine comme présidente du groupe LR/CPNT jusqu’à la fin de son mandat.
"La mairie c’est un mandat exécutif, ça me demandait énormément de temps, d’implication. La Région c’est très différent, je suis présidente du groupe d’opposition, les élus souhaitent que je continue avec eux, ce n’est pas la même implication en terme de temps, et c’est totalement compatible avec un autre métier."
Virginie Calmels quitte la politique à Bordeaux mais pas à Paris. Elle continuera d’animer et de présider le club de réflexion DroiteLib qu’elle a créé en 2017.
Dans un entretien accordé à Elise Galand et Karim Jbali, Virginie Calmels explique les raisons de son départ anticipé