"En sortant de la relaxation, on est plus concentré et ça permet d'oublier les tracas", sourit Lauréline, 14 ans et demi, qui vient de terminer
un atelier de relaxation au collège Jean Jaurès. Chaque semaine, les élèves prennent conscience de son corps et verbalisent leurs émotions.
"J'inspire, j'expire, je me sens mieux au collège". Six mois après le début de cette expérience, les résultats étonnent encore professeurs et élèves de cet établissement en Réseau d'éducation prioritaire (REP): respect, confiance en soi, moins de violences... des changements qui se ressentent jusque dans les apprentissages.
"Je suis plus concentrée dans les études. L'autre jour, j'ai eu un 17,5 en espagnol!", se réjouit Charlotte, 14 ans, pourtant réfractaire quand on lui a proposé de participer à cet atelier de 30 minutes pendant la pause déjeuner.
"J'avais pas trop envie de venir. Ca me dérangeait de rater la récré mais finalement, ça nous apaise et c'est mieux d'être ici. On se parle, on rigole", explique la jeune fille en quatrième.
Des cours pour les élèves qui rencontrent le plus de difficultés
Dans la salle de bibliothèque, elle s'assoit avec cinq autres élèves et décrit ce qu'elle ressent: "apaisée, contente". Allan, lui, "a quelque chose qui (le) préoccupe". "Comme vous êtes dans l'ensemble bien, on va faire des exercices pour se retrouver sur une image positive. Visualisez un endroit où vous vous sentez bien", explique Jean-Baptiste Barozzi, professeur d'EPS. "Vous pouvez y retourner quand ça ne va pas", rassure-t-il.Les yeux fermés, les jeunes gonflent leurs poumons puis relâchent en étirant les bras et en soufflant bruyamment, plusieurs fois. "J'étais dans mes rêves, avec un coucher de soleil", relate Mélina, 13 ans et demi. "Là, je me sens bien, j'ai tout relâché dans la mer qui a tout emporté loin, jusqu'à Paris!", décrit-elle.
La collégienne fait partie des quelques privilégiés à pouvoir bénéficier de ces ateliers, en partie pris en charge par la mairie. Les professeurs les proposent aux élèves qui rencontrent le plus de difficultés, en particulier la concentration et l'agitation.
"Ce sont des gamins hypersensibles. Ils parlent forts, s'insultent, sont sur la défensive tout le temps mais c'est un mécanisme de défense, une carapace", explique leur professeur de sport.
Prendre de la distance
Le collège Jean Jaurès, qui compte 600 élèves, a commencé en janvier par un atelier en faisant appel à une thérapeute. Trois professeurs se sont pris au jeu. D'autres collèges en France font aussi ce pari, avec des nuances, comme dans un établissement à Castillon-la-Bataille (Gironde), où est proposé de la sophrologie."C'est une façon de se relaxer et d'évacuer ses émotions. Différentes techniques permettent de revenir à sa respiration, de se recentrer et prendre conscience de son corps", souligne la thérapeute Hélène Orselly, formée à la PNL (programmation neuro-linguistique), qui accompagne le projet à Cenon.
Grâce à des retours positifs, trois ateliers sont aujourd'hui proposés chaque semaine. "Ca ne marche pas pour tous bien sûr", reconnaît M. Barozzi, qui se sert aussi de ces techniques en cours. "Inspirer et expirer à fond, ça prend quelques secondes et leur permet de prendre de la distance par rapport aux conflits", note-t-il.
Surtout, les résultats peuvent se faire sentir sur l'ensemble de la classe. Isabelle Berlureau Sicre, enseignante en Segpa (Sections d'enseignement général et professionnel adapté), s'est appuyée sur ces ateliers pour une classe de 6e qui avait "des difficultés à partager, à accepter qu'on ne pense pas comme eux".
Six des seize jeunes de cette classe, qui se disputaient beaucoup, en ont bénéficié, avec des résultats "extrêmement positifs", selon la professeure de français, soulignant qu'en Lettonie par exemple, la relaxation fait partie intégrante de l'emploi du temps des élèves.
Dans sa classe, elle a constaté moins de passages à l'acte et de meilleurs résultats scolaires: "Ca a amélioré le climat, à tel point que tout le monde veut y aller!"