L'immeuble, inoccupé, est transformé en centre d'hébergement d'urgence jusqu'en avril. Jusqu'à 35 personnes sans domicile fixe peuvent être accueillies par l'association qui gère le foyer.
"Après avoir passé plusieurs mois dehors, on est bien ici." Le jeune homme installe ses affaires sur un lit de camp, à côté des autres personnes hébergées. Il entame sa quatrième nuit au foyer. "Je suis demandeur d'asile, y'a pas d'autre endroit où aller."
Dans la cuisine commune, plusieurs jeunes se sont rassemblés. Il y a du café, de la nourriture, un micro-ondes. "Dans ce nouveau foyer, on est vraiment très bien installés, surtout la propreté, vraiment, c'est très bien et l'hygiène aussi, donc on est à l'aise", explique l'un d'eux, sweat gris sur les épaules.
Depuis une semaine, ce nouveau centre d'hébergement accueille 35 personnes sans domicile fixe à Bordeaux. De nouvelles places particulièrement appréciées en plein hiver. C'est l'association Halte 33 qui gère ce foyer pas comme les autres.
Un bâtiment vacant
L'immeuble, qui accueille des appartements classiques dans le centre-ville de Bordeaux, a été prêté gratuitement à l'association. "Le point de départ de tout ce dispositif, c'est d'abord la mise à disposition de ce bâtiment", explique la directrice de Halte 33, Hachouma Chkhim.
C'était une affaire de "bon sens" pour Florent Fauconnier. Lui et Gerson Sebban sont les deux propriétaires de l'immeuble. Lorsque la mairie de Bordeaux les contacte, pour savoir s'ils ont des appartements vacants, ils pensent à ce bâtiment. Ils l'ont acheté il y a moins d'un an, et en attendant le début des travaux, il serait resté vide.
Ils acceptent donc de mettre l'immeuble à disposition. "C'est une modeste contribution contre la misère sociale qu'on voit de plus en plus en France et notamment à Bordeaux", explique Florent Fauconnier. L'immeuble sera prêté jusqu'en avril.
"Sans les locaux, on ne peut rien faire"
Les places, c'est ce qui manque désespérément aux associations. "L'État nous a sollicités pour augmenter les places d'hébergement, mais sans les locaux, on ne peut rien faire", rappelle Hachouma Chkhim. La directrice de Halte 33 aimerait voir ces prêts d'appartements se généraliser.
C'est inédit et honnêtement, on aimerait que d'autres personnes fassent le même geste, car nous, on a un savoir-faire, on a des personnes qui peuvent intervenir, mais on n'a pas de locaux.
Hachouma Chkhim, directrice de Halte 33France 3 Aquitaine
"La question du bâti est un vrai problème sur la région bordelaise, aujourd'hui, trouver des lieux avec des loyers abordables, c'est mission impossible", continue Hachouma Chkhim.
Plus généralement, l'association déplore le manque de places. Et pas seulement d'hébergement d'urgence. La directrice explique que retrouver un logement pérenne ne se fait pas du jour au lendemain. "Il faudrait des lieux où on puisse offrir la possibilité d'être hébergé et d'être accompagné par des travailleurs sociaux diplômés pour pouvoir sortir les personnes de ce système de l'urgence."