Plusieurs associations ont manifesté ce jeudi place Pey Berland. Elles demandent qu'aucune expulsion ou remise à la rue ne soit réalisée dans les prochaines semaines. Car dès le 10 juillet sonnera la fin de l'état d'urgence et de la trêve hivernale. Une délégation a été reçue à la mairie.
Devant la mairie de Bordeaux plusieurs dizaines de personnes ont manifesté contre la fin de la trève hivernale. Elles demandent aux pouvoirs publics, notamment à la préfecture, un engagement rapide et ferme. Car dès le 10 juillet cessera l'état d'urgence et la trêve hivernale.
Bordeaux : manif contre la fin de la trève hivernale, une délégation reçue à la mairie – Sud Ouest : https://t.co/9szbDVAgdm #Bordeaux
— Actualité Bordeaux (@actu_bordeaux) July 9, 2020
Le 2 juillet dernier Julien Denormandie, ministre en charge du logement, avait annoncé « il n’y aura pas de remise à la rue » pour les sans-abri. Mais cela n'a pas suffi à réssurer les associations. "Les dernières annonces du ministre (...) n'abordent pas le sort des squats et des bidonvilles", déclarent-elles dans un communiqué signé par 39 associations, collectifs et syndicats girondine. "Plusieurs centaines de personnes et familles sont expulsées de ces lieux de vie et remises à la rue chaque année sans solution, comme les dernières annéesont pu cruellement en témoigner en Gironde".
Le 11 juillet 2019, une centaine de personnes, dont des familles avec enfants, avait en effet été expulsée de la Zone du Dehors à Saint-Médard en Jalles. Deux jours plus tôt une soixantaine de sans abri avaient été évacués d’un squat dans le quartier saint-Michel. Plus tôt en juin une soixantaine de femmes et enfants avaient été délogés d'un squat nommé l'Eclaircie à Gradignan. A Talence enfin, près de 150 personnes avaient été expulsées d'un squat nommé "l'ascenseur" (photo ci-dessous). Une vague donc d'expulsions qui avaient entrainé un déplacement de ces populations précaires. Ainsi à Bordeaux Lac, un certain nombre d'entre eux s'étaient retrouvés à camper sous des tentes de fortune parfois avec leurs anfants.
C'est la répétition d'un tel scénario qui inquiète les 39 assocations ayant signé ce communiqué alertant les pouvoirs publics. Dernièrement un huissier a averti les occupants d'un squat à Pessac qu'ils ont jusqu'au 12 juillet (décision du Tribunal) de quitter les lieux sous peine d'expulsion (document ci-dessous).
Les associations demandent donc que soient "pérénisées les capacités daccueil déployées pendant la crise sanitaire vers des solutions durables de logement", "réquisitionnés les batiments vides, renforcé et accéléré le plan de résorption des bidonvilles selon la circulaire de janvier 2018)," et donc qu'ils n'y ait "pas d'expulsion sans proposition de logement". Enfin, elles souhaitent que soit réaffirmé "le principe d'accueil inconditonnel dans l'hébergement d'urgence : le besoin en hebergement ne dépend pas du statut administratif", arppellent-t-elles.
Assiciations reçues à la mairie
En début d’après midi, une délégation a donc été reçue par Emmanuelle Ajon et Harmonie Lecerf, toutes deux sur la liste de Pierre Hurmic et dont on saura demain quel poste elles occuperont au sein de la nouvelle municipalité. Des représentants de Tri Potes et Mascagne, RESF, Collectid Bienvenue et Médecins du monde ont pu échanger avec les deux élues.«Elles nous ont dit qu’elles n’avaient pas encre les portefeuilles et que pour instant elles ne pouvaient évoquer que les engagements pris pendant la campagne à travers le programme annoncé », relate Aude Saldana-Cazenave coordinatrice régionale de Médecins du monde. "Elles n’étaient pas encore en position de prendre des décisions ou de faire des annonces ».
Les deux élues ont entendu le souhait des associations que tous puissent avoir accès à l’eau et à des sanitaires sur tous les territoires. Elles auraient également "affirmé une volonté politique de lutter pour la mise à disposition de bâtiments vides en commençants par faire un inventaire des locaux appartenant à la mairie pour établir des conventions d’occupation comme il en existe déjà deux mises en place par la précédente municipalité", affirme la représentante de médecins du Monde.
Concernant l’aide alimentaire un consensus semble avoir été trouvé pour faire en sorte que celle ci perdure en période estivale. « Pendant la crise du covid, les associations ont porté à bout de bras cette distribution avec subventions tardives », rappelle Aude Saldana-Cazenave. « Oui, ils ouverts à en discuter notamment pour préparer une prochaine crise sanitaire, et établir par anticipation un plan de crise ».
« On a aussi insisté sur participation des personnes concernées dans les instances de la mairie notamment, pour participer au processus de décision », dit la représentante de médecins du mode. « Ils ont été ouverts et nous ont dit que si 2e tour des municipales avait eu lieu en mars le calendrier il y aurait eu en juin des assises du pouvoir partagé ».
Quid des expulsions
« On pense qu’il va y avoir un meilleur échange et un travail commun avec la nouvelle majorité », se réjouit Aude Saldana-Cazenave. « D’être reçus en audience, c’est toujours intéressant. La dernière fois c’était en 2017 suite à une manifestation. Là ils ont montré leur réactivité et leur écoute ». Concernant les expulsions, compétence de la préfecture ?«Je suis en train d’écrire un courrier à la préfecture », explique Aude Saldana-Cazenave. « On reste disponible, on a envie de les rencontrer. La dernière fois qu’on a été reçu par un préfet, c’était avant Didier Lallement. On a vu la directrice de cabinet de Fabienne Buccio en juillet 2010 après les premières expulsions mais on n’était pas d’accord, ni sur les chiffres ni sur le diagnostic social », conclue la coordinatrice régionale de Médecins du Monde.« On leur a demandé d’intervenir auprès de la préfecture en cas d’expulsion : ils vont essayer de jouer un nouveau poids face à la préfecture, et essayer de jouer leur rôle, mais ils nous ont expliqué qu’ils ne pouvaient pas palier les manquements de l’Etat ».