Depuis trois jours, un chef d'entreprise dans le bâtiment défile dans le centre-ville de Bordeaux avec un panneau, afin de recruter des salariés. Un démarche insolite qui illustre les difficultés de recrutement que traversent toutes les filières du secteur.
Depuis trois jours, il déambule dans le centre-ville de Bordeaux, sa pancarte à la main. "Entreprise cherche un maçon, un charpentier". Dessous, Alejandro Pino, chef d'entreprise dans le bâtiment, a rajouté à la main un numéro de téléphone Sur son passage, les gens sont interpellés ou amusés. Ils le prennent en photo, pour partager à des proches dans le métier du bâtiment, ou sur les réseaux sociaux.
C'est, affirme cet entrepreneur basé à Izon en Gironde, l'ultime tentative pour réussir à recruter du personnel. "Désespéré", il explique avoir cherché à passer par des méthodes plus traditionnelles, notamment Pôle emploi ou les petites annonces, en vain. "J'ai fait des devis, mais je ne peux pas les honorer", déplore-t-il. A 80 ans, il entend bien "travailler jusqu'à la mort", mais se résoudra à arrêter son activité s'il ne trouve pas de personnel.
Vous l’avez peut-être croisé rue Ste Catherine à #bordeaux. Alejandro Pino cherche désespérément un charpentier et un maçon @F3Aquitaine pic.twitter.com/OSSOyuafF1
— Elsa Arnould (@ArnouldElsa) May 20, 2021
Une pénurie nationale
Les cas d'Alejandro Pino n'est pas isolé. La pénurie de main-d'œuvre est réelle, et ce, depuis plusieurs années. "Maçons, plombiers, électriciens, carreleurs serruriers…. Toutes les filières sont concernées, appuie Thierry Leblanc, président de la fédération du bâtiment de la Gironde. Les petites, moyennes comme les grandes entreprises recherchent du monde".
Dans le département, le secteur du bâtiment représente quelque 33 000 emplois directs. Et selon les estimations des professionnels, entre 3 000 et 5 000 postes sont à pourvoir. Mais, refroidis par la mauvaise image du milieu, les candidats sont peu nombreux.
Les gens ont peur d'un travail trop difficile physiquement, et surtout ne trouvent pas que ces métiers soient valorisants. Les parents préféreront toujours que leur enfant se destine à devenir ingénieur ou commercial, plutôt que charpentier ou plombier
Voir le reportage de France 3 Aquitaine
Des appréhensions injustifiées, estime le président de la fédération en Gironde : " le secteur est mal connu, pourtant, il rassemble des personnes qui sont passionnées, qui font de belles choses, et qui peuvent aussi bien gagner leur vie".
Changer cette image
Est-il possible de rendre les métiers du bâtiment plus attrayants ? Oui, estime Thierry Leblanc. "Les médias ne parlent pas vraiment en bien de nous. À nous désormais de changer cette image qui nous fait souffrir. Les boulangers ou les cuisiniers y sont très bien parvenus. Nous avons tous énormément d'efforts à faire".
Un CFA bien rempli
Lueur d'espoir quand même pour les années à venir : le centre de formation des apprentis du bâtiment et des travaux publics de Blanquefort ne désemplit pas.
Mille deux-cents élèves y apprennent en ce moment un métier. De quoi apporter un peu d'optimisme aux recruteurs, même s'ils savent qu'ils devront engranger plusieurs années d'expérience avant d'acquérir une autonomie suffisante.