Après plusieurs mois passés chez leurs parents en télétravail, les étudiants sont à nouveau en quête d’appartement. Les agences immobilières sont prises d’assaut.
Après plusieurs mois sans locataire, Nathalie Gargaud respire. Trois des quatre appartements étudiants qu’elle possède sont à nouveau loués. Ils étaient vides depuis fin octobre 2020. L’activité reprend dans le secteur de l’immobilier dédié aux étudiants.
Même soulagement pour Elodie Florentin, conseillère en location. Sur la dizaine d’appartements remis sur le marché début juin, il n’en reste plus que deux. « L’année 2020 a été compliquée dans l’immobilier », dit-elle, « mais là cela nous rassure ».
Faire vite
Et pour éviter à tout le monde de perdre du temps, et surtout car les places sont chères, les visites d’appartement ne sont accordées qu’aux étudiants ayant déjà fait valider leur dossier par l’agence.
Julie a 17 ans et souhaite quitter le cocon familial. En septembre elle intégrera l’école Vatel.
Depuis quinze jours, elle enchaîne les visites. Ce matin-là, elle découvre un T2 de 45m2 à Mérignac loué 640 euros par mois. L’appartement est calme et lumineux, spacieux aussi. La mère et la fille l’ont compris, il va falloir faire vite. Donner une réponse le jour même. « Le dossier va partir ce soir », explique Caroline Pujols, la mère de Julie. Impossible de prendre le risque d’attendre la rentrée de septembre pour chercher un logement. La maman de Julie, Caroline Pujols payera le loyer de juillet et août. La tranquillité a un coût. « Je préfère que de ne rien avoir à la rentrée », conclut-elle.
La quête du logement étudiant souvent stressante. : exemple dans ce reportage réalisé à Bordeaux >
Toujours le même déséquilibre entre l’offre et la demande
En ce début juillet, « cela a tendance à repartir », analyse François Asseo, directeur d’une agence immobilière.
« On retrouve un marché locatif normal ». « Comme chaque année on a des demandes qui sont très très fortes et en déséquilibre par rapport à l’offre. On a environ 20 à 30 appels par jour, pour une offre qui n’est même pas de quatre ou cinq logements en correspondance (…).
Aujourd’hui, on n’est pas au niveau des prix parisiens mais on est dans un marché qui ressemble au marché parisien. Les agents immobiliers ont un stock très faible et sont à flux tendu.
Pour ce qui est des loyers, on serait là aussi sur la même tendance. « Il y a des loyers qui ont augmenté mais parce que le marché sur la métropole bordelaise a énormément augmenté depuis quelques années", rappelle françois Asseo.
"Donc les loyers ont suivi le pas. Il y a toujours un déséquilibre entre l’offre et la demande et c’est ce qui génère l’augmentation des loyers.
Si les constructions qui sont prévues arrivent sur le marché, on aura peut-être une baisse de prix et un rééquilibre vers le bas. (…)
Quid de la crise sanitaire et d’une possible quatrième vague ?
Ces derniers mois, «sur la partie logement étudiant le taux de vacance était de 80% », estime François Asseo.
« C’est-à-dire énormément d’appartements qui se sont d’un seul coup vidés. Les étudiants, au deuxième confinement, ont préféré rendre leur logement, retourner chez leurs parents, être en télétravail étudiant. En plus de cela, ils n’avaient pas pour certains d’emploi complémentaire pour payer leur loyer. (…).
Certains logements n’ont pas été reloués et sont partis à la vente.
Nathalie Gargaud, elle, n’a jamais songé à vendre les appartements qu’elle loue à des étudiants et qui sont restés vacants. « Ces logements ils sont pris à crédit, et donc dès qu’il y a un grain de sable qui se met en place et bien cela coince », explique la Bordelaise.
"Donc les partenaires financiers vous proposent de faire des reports d’échéance. Et c’est ce que j’ai fait ».
Depuis, le marché est reparti. Et, de nature optimiste, Nathalie Gargaud préfère ne pas penser à une possible quatrième vague de Covid.
« Il n’y en aura pas », sourit François Asseo. « Personnellement, je ne pense pas. S’il n’y a pas de nouvelle vague de confinement, il n’y a pas de raison que les étudiants ne reviennent pas de façon complète et stable dans la région ». Car une nouvelle crise fragiliserait de nouveau le marché.