Les adeptes du vélo sont de plus en plus nombreux à Bordeaux. Alors que la place accordée à la petite reine augmente, la congestion du trafic automobile se fait ressentir. La municipalité et la métrople rappellent le caractère expérimental des aménagements.
L'ère du tout-vélo est-elle arrivée ? Depuis plusieurs mois, de nombreuses villes tentent de favoriser par tous les moyens, les déplacements à vélo. La crise sanitaire a donné un véritable coup d'accélérateur à la pratique, le vélo apparaît comme une alternative aux transports en commun et aux risques de contamination.
À Bordeaux comme ailleurs, des "corona pistes", des pistes cyclables temporaires ont ainsi été mises en place à titre d'expérimentation sur l'ensemble de la métropole.
Pour autant, le président de Bordeaux métropole se refuse à assister à l'avènement "de la religion du tout vélo". "La voiture ne pouvait pas régler le problème de la mobilité, et parfois même, elle le complique. Le vélo ne règlera pas non plus le problème de la mobilité, a assuré Alain Anziani lors d'une conférence de presse ce mardi 15 septembre, appelant au pragmatisme. (…) Il faut avoir plusieurs possibilités et plusieurs cordes à son arc."
Je ne suis pas du tout contre le vélo, j'en fais moi-même, mais je connais plein de personnes qui ne peuvent pas monter sur un vélo. Et si vous avez une distance de 30 kilomètres à parcourir, même si on met en place des autoroutes à vélo, c'est plus compliqué que de prendre les transports en commun ou la voiture.
Une expérimentation d'un an
Dans le centre-ville de Bordeaux, on estime que le trafic de vélos a augmenté de 10 à 15 %. Sur les boulevards, la voie accordée aux vélos et aux bus a été élargie sur plusieurs tronçons, aux dépens des automobilistes. "En effet, on passe par une phase de congestion, reconnaît Didier Jeanjean, adjoint au maire en charge de la Nature en ville et des quartiers apaisés, qui rappelle qu'il s'agit d'une expérimentation.
On regarde les études qui existent et on met en place sur une période qui va durer entre 12 et 18 mois. Sur toute cette période d'utilisation, les Bordelais nous font part de leurs remarques : ils nous disent s'ils ont des difficultés à passer à vélo à tel carrefour ou tel endroit. Et là on change la peinture au sol, on élargit, on rétrécit…"
L'adjoint au maire en est persuadé, de nombreux automobilistes choisiraient le vélo, si les conditions leur paraissaient favorables.
"Parmi les gens qui utilisent le vélo aujourd'hui, 19 % utilisaient leur voiture auparavant. Quand le report modal est possible, quand on peut prendre le vélo de manière sécurisée, rapide et pratique, à ce moment-là, le report se fait, et les gens laissent leur voiture".
Partager la chaussée
Si l'initiative séduit les utilisateurs du vélo, elle laisse perplexe les partisans de l'automobile, à l'image de Claude Expert, le président de l'automobile club du Sud-ouest. Ce dernier est favorable à l'idée d'un partage de la chaussée, mais ne croit pas au tout vélo."Il y a certes d'autres moyens de transport, mais même si la part des automobilistes passe de 60% à 50%, on aura toujours besoin d'une voiture pour se déplacer. (…) Ce n'est pas fini la voiture. Elle existe depuis plus de 120 ans. C'est un moyen de liberté qu'on ne pourra pas abolir. On devra juste composer avec les autres moyens de transport."
La position est entendue par l'équipe municipale. "Ce que nous voulons, ce sont des automobilistes qui ont raison d'être là. Ceux qui ont des incapacités à prendre les transports, il faut leur laisser un espace, mais un espace où on peut se déplacer facilement et rapidement, assure Didier Jeanjean. En revanche, tous ceux qui, comme moi, peuvent amener leurs enfants à vélo à l'école, qui peuvent faire leurs courses à pied, ces gens-là, il n'y pas de raison de nous laisser prendre de l'espace avec la voiture".