La voiture a foncé dans la foule venue assister à des « runs ». Six personnes ont été blessées dont deux gravement. Quatre personnes sont actuellement en garde à vue.
Les faits se sont produits vers 23h ce vendredi 14 avril rue du professeur Darget dans le quartier du Lac à Bordeaux. Un "run sauvage" (course de voiture) non encadré avait été organisé derrière l'enseigne Eurasie où plusieurs centaines de spectateurs s'étaient réunis.
CARTE - Rue du Professeur Darget (Bordeaux)
Selon les premiers éléments, "dans un virage à gauche, le conducteur d'un véhicule Citroën C3 a fauché plusieurs badauds postés sur le bord de la chaussée", relate le parquet de Bordeaux. L'automobiliste aurait perdu le contrôle de son véhicule, percutant six personnes. Deux d’entre elles, âgées de 18 ans, ont été évacuées dans un état grave à l’hôpital Saint-André et à l’hôpital Pellegrin. Leur pronostic vital n’est pas engagé. L'une de nos équipe a pu rencontrer des victimes de l'accident conscientes d'avoir frôlé la mort.
Délit de fuite
Toujours selon le parquet, "le conducteur du véhicule a pris la fuite, mais a été poursuivi par des témoins qui finissent par le bloquer sur la commune de Bassens". Le conducteur et ses trois passagers (dont une mineure) ont été interpellés. Tous sont actuellement entendus par la police dans le cadre d’une garde à vue. "Le principal suspect présumé conducteur du véhicule automobile est né en 1990 à Bordeaux et est domicilié à Carbon-Blanc", précise le parquet.
Enquête ouverte pour blessures involontaires aggravées
Une enquête a été ouverte pour blessures involontaires aggravées (de fait, des ITT occasionnées et du délit de fuite). Elle a été confiée à la Sûreté urbaine de la Direction Départementale de la Sécurité Publique de la Gironde.
Le phénomène rodéos, ou runs, n’est pas nouveau sur Bordeaux. Des structures encadrées existent pourtant comme la piste de Labarde. Elle permet à des motards d’effectuer des accélérations sur une piste homologuée de 800 m de long. Elle est située non loin de là où l’accident a eu lieu.
"Je suis triste d’apprendre cela", regrette Bruno Saint-George le président de l'association de motards qui gère le site. "Ce qui est incompréhensible c’est que les associations de voitures ne soient pas mobilisées pour obtenir un site qui leur permette comme nous de pouvoir assouvir leur passion. Nous on a le public qui est séparé de la piste, il est sur une butte sur le côté, de façon à ce qu’il n’y ait aucun souci même si un pilote perd le contrôle".
"Il est de la responsabilité de chacun de se détourner de ces activités" (P. Hurmic)
Le maire de Bordeaux a tenu ce samedi 15 avril à souhaiter un bon rétablissement aux victimes avant de condamner ces pratiques "mettant en danger des vies humaines".
"Nos rues, nos routes, nos places et nos parkings ne sont pas des circuit automobiles ou moto", a-t-il déclaré dans un communiqué. Pierre Hurmic a rappelé que les pouvoirs publics étaient "déjà mobilisés pour mettre un terme à ces pratiques". "Il est de la responsabilité de chacun, acteur ou spectateur, de se détourner de ces activités mortifères avant que des drames encore plus graves ne surviennent", a conclu le maire de Bordeaux.
Des contrôles de police régulièrement organisés...
"II y a beaucoup de runs voiture, de rodéos, et la police est très présente", explique Cyril Gauthier secrétaire administratif du syndicat Alliance en Gironde. "C’est une mission essentielle pour les services de police, notamment en fin de semaine. Des contrôles sont organisés. C’est problématique".
S’agit-il d’évènements difficiles à suivre pour les forces de police ? "Compliqué ? Non. Parce que forcement, on a des retours, il y a des gens qui nous informent et des patrouilles sont organisées toutes les semaines. Donc, on sait à peu près où ils se déroulent. Aujourd’hui (hier, ndlr) c’était là, il y a quelque temps, c'était de l’autre côté, toujours sur la plateforme du centre commercial. C’est une route où il y a très peu de gens le soir".
... mais ce soir-là "il y avait des manifestations sur Bordeaux avec beaucoup de monde"
Comment se fait-il qu’hier soir des runs sauvages aient pu avoir lieu ? "Hier soir, cela peut s’expliquer le fait qu’il y avait des manifestations sur Bordeaux", avec beaucoup de monde et beaucoup de heurts qui se sont terminés très tard", poursuit le représentant syndical." Et peut-être qu’effectivement, il y a eu moins de passage (des forces de police, ndlr) qu’il y en a d’habitude. Mais je peux vous assurer toutes les semaines (…), c'est très suivi par les forces de police (…). Et dans ces cas-là, quand ils voient des forces de police, les runs ne sont pas organisés tout simplement. C’est dissuasif".