La mairie de Bordeaux a mis en place son plan d'urbanisme pour 2030. Elle prévoit d'attirer 100 000 habitants supplémentaires, notamment en réhabilitant des quartiers délaissés par les riverains ces dernières années.
N°1 des 10 villes mondiales à voir de toute urgence pour le guide Lonely Planet, réputé des globe-trotters. Destination française à visiter en priorité pour le Los Angeles Times, « European best destination » de l’année 2015... Bordeaux est devenue ces dernières années l'une des villes les plus attractives de France, et accueille toujours plus de nouveaux habitants.
Pour faire face à cette demande croissante de logements, la mairie a mis en place le projet urbain "Habiter Bordeaux", qui prévoit de créer 60 000 logements neufs d'ici 2030. La ville a déjà commencé à réhabiliter des quartiers boudés par les riverains ces dernières années, avec plus ou moins de succès.
Bassins à flot et Ginko : des malfaçons
Commencée en 2010, la construction de l'éco-quartier Ginko a duré trois ans. Une urbanisation expresse, qui n'est pas venue sans son lot de malfaçons : notamment à l'été 2015, quand un des balcons s'était effondré:
#Bordeaux Eco-quartier #Ginko: un balcon construit par @Bouygues_Immo s"effondre > http://t.co/bcmzoDPNlJ pic.twitter.com/vTLDR7gqVj #teamarchi
— Nicole Guichard (@leblogdelaville) 9 août 2015
Problèmes de chauffage, d'insonorisation, d'humidité... L'association de défense des résidents des quartiers de Bordeaux Métropole s’occupe d’une dizaine de contentieux juridiques sur les quartiers de Bassins à flot et de Ginko, sans compter les affaires où elle est simplement médiatrice.
Pourtant, cette augmentation des malfaçons serait "un problème général, non relatif à Bordeaux", d'après Michel Duchène, vice-président de la métropole en charge des grands projets d’aménagement urbain.
Darwin et Niel: les associations se rebellent
La polémique a éclatée le 12 janvier 2017. Dans un communiqué, la mairie a stipulé que les 40 associations installées depuis 2008 devaient libérer l'espace "dans les plus brefs délais".Une surprise pour celles-ci,comme l'explique à Rue89 Aurélien Gaucherand, président de la structure qui fédère les associations de Darwin : "La Mairie nous a annoncé tout de go la fin de notre autorisation d’occupation temporaire [...] nous pensions pouvoir jouer les prolongations."
Les associations de l'Écosystème #Darwin à #Bordeaux sont proches de l'expulsion suite à la cession des terrains ! https://t.co/DmRZsgXxfY pic.twitter.com/dbWh01qjgS
— WE LOVE GREEN (@WeLoveGreen) January 26, 2017
En effet, les Darwinens pouvaient occuper les lieux tant que le projet de réaménagement du quartier n'était pas encore en route. En 2017, ils doivent maintenant laisser la place à la société BMA, qui construira à la place un parking et des logements sociaux.
Pour Alain Juppé, il n'est en aucun cas question de «chasser les associations ». Le maire de Bordeaux estime que celles-ci ont bénéficié de « la plus grande bienveillance » de sa part, et termine en assenant :
Darwin n’a pas reçu comme mission de définir les modalités d’aménagement de la ville de Bordeaux.
Le skate-park a tout de même reçu l'autorisation de rester jusqu'en 2020. Les associations ainsi qu'Emmaüs seront quand à elles relocalisées, même si pour certaines, ce n'est pas une solution : "Nous nous entrainons 12 heures par semaine. Or on sait qu’il n’existe pas de tels créneaux disponibles dans les salles bordelaises", déclarait Jenifer Bayart, responsable du Roller Derby Club de Bordeaux, à Rue 89.
Belcier: LGV en vue
Ce sera bientôt un quartier d'affaire. Le projet Euratlantique vise à remodeler complètement le quartier de la gare: 70 000 mètres carrés de bureaux et de 15 000 mètres carrés de commerces seront construits. Près de 4 000 logements vont sortir de terre.
Ce qui provoque la grogne des habitants du quartier, c'est aussi la future éclosions de quatre tours dans le quartier: Hypérion (18 étages, au pied de la station de tramway Carle-Vernet), Silva (sur un îlot du marché d'intérêt national) Innova (16 étages, au 8-10, rue Carle-Vernet) et la tour Saint-Jean, rue de Saget (19 étages).
Un projet pharaonique évalué à 500 millions d'euros.
À l'horizon 2030, la face de Bordeaux aura bien changé. Pour l'instant, la ville est encore en pleine mutation, et les conflits entre passé et présent, ancien et moderne, risque de durer encore un peu.