Fermée depuis 2020, la piscine de Guéret a rouvert le 19 décembre dernier. Si cette décision a été prise par la communauté de communes, c'est la municipalité qui devra financer le fonctionnement. Ce dossier empoisonne les relations entre les deux collectivités, et le conseil municipal de ce lundi 30 décembre a ravivé les tensions.
Alors que la nuit tombe, ce lundi 30 décembre, l'ambiance est à la fête devant la mairie de Guéret (Creuse). Les lumières de la fête foraine égayent les rues. Au même moment, à l'intérieur de l'hôtel de ville, l'atmosphère est tout autre. En cette veille du réveillon, les élus réunis s'attellent à une délibération à la fois technique et politique : le coût de fonctionnement de la piscine municipale.
Le dossier de la piscine empoisonne les relations entre la communauté d'agglomération et la municipalité depuis plusieurs années. À la sortie du conseil, la colère de Marie-Françoise Fournier, maire sans étiquette, donne le ton : "Je trouve que là, on atteint le sommet de ce qui peut être fait en matière d'iniquité, de mise à mal de la ville de Guéret, s'indigne-t-elle. Franchement, sur le plan de l'équité, sur le plan de l'honnêteté, je trouve qu'il y a encore beaucoup à faire."
Un coût de fonctionnement de 680 000 euros pour 2025
L'édile dénonce la réouverture de la piscine. Fermée pendant plus de quatre ans en raison de sa vétusté, celle-ci accueille à nouveau du public depuis le 19 décembre dernier. C'est la communauté du Grand Guéret qui s'est emparée du dossier, aux dépens de la mairie, afin d'accélérer la rénovation des équipements et de permettre aux administrés d'enfin y accéder. Problème : en 2025, une fois l'établissement rouvert, son fonctionnement relèvera des compétences de la Ville, qui devra en assurer le financement.
Malgré la colère de la Ville, Éric Correia, président (divers gauche) du Grand Guéret et conseiller municipal d'opposition, assume sa décision : "Quand il y a un transfert de compétences et de service public d'une collectivité à une autre, cela s'accompagne toujours du transfert du budget qui la faisait fonctionner. Nous appliquons la loi."
Un probable recours à l'emprunt
Du point de vue de la commune, cette piscine représente un cadeau empoisonné. En 2024, l’addition pour Guéret s’élevait à 153 000 euros. L'an prochain, elle dépassera les 680 000 euros. Cependant, Éric Correia maintient : "En ce qui concerne la ville de Guéret, c'est une transmission neutre. Normalement, elle aurait dû provisionner tous les ans l'équivalent du déficit de fonctionnement de la piscine. Donc pour la ville de Guéret, c'est une opération blanche."
Dans ces conditions, la nouvelle année avec cet équipement risque de se révéler encore plus difficile pour la municipalité, qui devra peut-être suspendre ses investissements. D'après les élus, l'unique alternative consisterait à recourir à l’emprunt, ce qui avait été évité en 2024.
Quoi qu’il en soit, les Guérétois semblent ravis de pouvoir se baigner à nouveau dans leur piscine : une semaine après sa réouverture, l'établissement avait déjà accueilli plus de cinq cents personnes.