Depuis des mois, Céline Avcu, son mari et ses trois enfants vivent dans un studio de 8 mètres carrés, dans le quartier Saint-Michel . Moisissures, humidité, fenêtres qui ne ferment pas... la famille a alerté les associations et la mairie de Bordeaux, qui assure de son côté tout mettre en oeuvre pour lutter contre les marchands de sommeil.
C'est un logement au cœur du quartier Saint-Michel. Difficile de parler d'appartement, tant la surface est petite : 8 mètres carrés, dans lesquels sont logées cinq personnes. Céline Avcu, son mari et leurs trois enfants de 17, 8 et 4 ans. Le loyer est de 450 euros pour un logement, non seulement trop petit pour être loué (la loi impose un minimum de 9 mètres carrés), mais également insalubre.
"Il y a des moisissures, La fenêtre ne ferme pas, on est resté tout l'hiver comme ça. Le volet ne ferme pas non plus, il n'y a pas de ventilation, ni de hotte pour cuisiner", énumère la mère de famille.
Les enfants dorment dans la cave
C'est le mari de Céline qui a trouvé ce logement en octobre 2021. A l'époque, il vient de signer un CDI et son employeur lui a proposé ce studio, via une personne de son entourage. "A l'époque, il était convenu qu'une fois que je le rejoindrais avec les enfants, on nous proposerait un autre logement, plus adapté à une famille, se souvient Céline.
Mais au moment ou sa famille arrive, son époux se fait licencier et la promesse d'un appartement plus grand s'envole. Les cinq membres de la famille se retrouvent contraints de cohabiter dans le mini studio. Les trois enfants dorment dans la cave, inondée en cas de fortes pluies.
Difficile d'envisager un déménagement, tant l'accès au logement sur Bordeaux devient compliqué. "On nous demande trois fiches de paie, un salaire énorme, un garant...", déplore Céline.
C'est pas une vie. Il y a de la moisissure sur les murs, ça sent mauvais, c'est infâme. Quand mes enfants sont à l'école, je pleure.
Céline Avcu, locataire d'un logement indigneFrance 3 Aquitaine
La mère de famille a lancé une procédure d'insalubrité auprès de la mairie, qui a caractérisé l’infraction. "Le logement présente un caractère par nature impropre à l'habitation du fait d'une accumulation de désordres ne répondant pas aux règles générales d'habitabilité", souligne le rapport du Service communal d'hygiène et de santé, qui souligne également des risques pour la santé des occupants.
Les logements vacants en question
L’association Droit au Logement soutient la famille dans ses démarches. Et regrette qu'il ne s'agisse pas d'un cas isolé. "A chaque fois, les services sociaux ne bougent pas, déplore Daniel Roy du Droit au logement (DAL ) en Gironde. Ils ne font que constater et conseiller de déposer un dossier Dalo (Droit au logement opposable). On sait pourtant qu'il y a des logements vacants et disponibles sur Bordeaux et la région. Si les autorités décidaient de les réquisitionner en indemnisant les propriétaires, on pourrait reloger les personnes dans cette situation. Mais cette volonté politique n'existe pas aujourd'hui", déplore-t-il.
La mairie de Bordeaux se dit consciente du problème mais se défend d'avoir été inactive. "Le DAL nous a sollicité il y a une dizaine de jours. On a tout de suite transmis l'info aux services, nous sommes actuellement dans une période de discussion avec la propriétaire pour respecter le cadre réglementaire. En tout cas, on a pris à bras le corps la situation", répond Stéphane Pfiffer, adjoint au maire de Bordeaux, en charge du logement.
Quant à la question des logements vacants - ils seraient, selon la mairie, 3 000 à Bordeaux - l'équation n'est pas si simple à résoudre. "Il y a des travaux, des questions d'héritage etc... Ces 3 000 logements restent une goutte d'eau sur le nombre de logements nécessaires, mais évidemment que s'ils étaient sur le marché cela soulagerait plusieurs milliers de personnes", poursuit Stéphane Pfiffer, qui reconnaît disposer d'un champ d'action limité.
Nous n'avons aucun moyen d'obliger les propriétaires à mettre ces logements sur le marché de la location. Ils sont libres de faire ce qu'ils veulent de leur bien.
Stéphane Pfiffer, adjoint au maire de BordeauxSource : France 3 Aquitaine
Seule possibilité pour la métropole : contacter directement les propriétaires de ces logements afin de leur proposer de mettre leurs biens à la location à destination de personnes en difficultés, ou encore d’effectuer des travaux de rénovation afin de rendre le logement habitable.
Quant à la question du logement indigne, la mairie rappelle avoir mis en place depuis le 1 er janvier 2022 le "Permis de louer", obligeant chaque propriétaire souhaitant mettre un bien en location à en informer la collectivité. Cette dernière peut alors effectuer des contrôles, et en cas de logement indigne, en interdire la location.
Signalement d'un logement
Autre mesure mise en avant par la municipalité : la possibilité pour les Bordelais de signaler aux services de la mairie un logement insalubre, dangereux ou sur-occupé. Les locataires de ces logements, n'osent souvent pas dénoncer leur propriétaire, par crainte de se retrouver à la rue, sans moyen d'accéder à un autre logement. "Nous, on leur dit : faites-le. Lorsque ces situations sont signalées et traitées, le propriétaire malveillant a l'obligation de reloger dans de bonnes conditions les occupants de son logement. Et ce signalement nous permet également de proposer à ces personnes un accompagnement social", rappelle l'élu.
La propriétaire du logement de Céline Avcu doit apporter une réponse à l'injonction de la mairie avant le 6 mai, sous peine de voir le dossier arriver dans les mains de la préfecture. La famille devrait également rentrer prochainement dans le contingent prioritaire du logement social de la mairie.