“C’est un rêve. On commence une nouvelle vie ici" : des familles roms accueillies dans des mobil-homes à Bordeaux

Les familles roms sont accueillies, temporairement, dans une dizaine de mobil-homes, sur la zone de La Jallère. À Bordeaux, tous viennent de l’ancien squat quai de Brazza, évacué en juillet 2023. C’est le troisième Espace temporaire d’insertion créé dans la métropole bordelaise.

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Près du stade Matmut, à Bordeaux, une dizaine de mobile-homes inspirent un air de vacances, malgré les premières fraîcheurs hivernales. Ici, une trentaine de Roms est installée depuis trois mois. L’objectif : permettre à ces familles de s’intégrer dans la société. “Quand ils ont un toit sur la tête, c’est toujours plus facile d’entamer les démarches”, explique Marina Molinero, cheffe de service des Espaces temporaire d’insertion (ETI) au Diaconat de Bordeaux, en charge de la gestion des sites.

"C'est un rêve"

Dans un des bungalows, une femme, qui souhaite rester anonyme, ne peut s’empêcher de sourire. “C’est un rêve. On commence une nouvelle vie ici, encore mieux”. Mariée et mère de deux enfants, elle vit sur cet ETI depuis trois mois. “On peut rester ici pendant 18 mois. Mon mari et moi cherchons du travail, nous sommes inscrits à Pôle Emploi et à la mission locale”, explique la jeune femme.

Ma petite fille veut devenir vétérinaire. Si elle veut réussir, il faut qu’elle travaille bien à l’école.

Une jeune femme rom

hébergée dans l'ETI de Bordeaux

Ses enfants, eux, continuent d’aller à l’école du secteur. “On y allait déjà lorsque nous étions dans le squat, même si c’était dur avec le froid. Pour nous, l’éducation est trop importante”, explique-t-elle.

1 300 personnes en squats

Ces espaces temporaires d’insertion font partie du plan “résorption des bidonvilles” portés par l’État au niveau national. Dans l’agglomération bordelaise, près de 1 300 personnes vivraient dans des squats ou dans des bidonvilles.

C’est un public très stigmatisé, qui ne connaît pas forcément ses droits. La plus grande difficulté, c’est de créer ce premier lien de confiance.

Marina Molinero

cheffe service ETI Diaconat de Bordeaux

Tous ne peuvent pas accéder à ces logements temporaires. “Les familles sont d’abord recensées par le Cos Quancard [un centre pour demandeurs d'asile, NDLR]. Nous prenons la suite, avec des entretiens pour voir si les familles sont éligibles”, explique Marina Molinero.

Elles doivent en effet adhérer au dispositif, avoir une démarche active d’insertion via notamment l’emploi et la scolarisation des enfants. Les familles paient également un faible loyer, équivalant à 15 % de leurs revenus. Le site offre ensuite toutes les commodités, de l’électricité aux machines à laver, en passant par le wifi.

Première étape

À Bordeaux, trois ETI ont déjà vu le jour, à Floirac, Bordeaux et Bègles, pour un budget de trois millions d’euros, répartis entre l’État (400 000€), les fonds européens (200 000€) et Bordeaux Métropole (2,4 millions d’euros). “À Bègles, cela fait un an. Les premiers bilans sont positifs : nous n’avons eu qu’une famille qui est retournée en squat et deux, dans leur pays d’origine”, indique Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé du logement, de l'emploi et de l'économie sociale et solidaire.

Les autres familles obtiennent généralement un emploi et accèdent à un logement social. “La première étape de l’intégration, c'est le respect. Dans les squats, les conditions de vie sont indignes et les populations sont victimes de moqueries et de racisme. Avec un toit, c’est plus facile de s’insérer”, explique Stéphane Pfeiffer.

Avec une dizaine de familles accueillies tous les ans et demi, le dispositif n’a pas vocation à endiguer la problématique des bidonvilles. “C’est clairement une goutte d’eau étant donné que les squats sont voués à se vider et à se remplir selon les besoins professionnels. Mais on commence à avoir une réponse qui se massifie”, avance Stéphane Pfeiffer. En France, 11 300 personnes vivaient dans des bidonvilles en janvier 2023.

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