Le véhicule d'un enseignant a été incendié en début de soirée, jeudi 3 février, sur le parking du collège Georges Lapierre à Lormont en Gironde. Tous les professeurs ont exercé leur droit de retrait le lendemain ce vendredi 4 février, entraînant ainsi la fermeture de l'établissement.
Plus question d'exercer leur métier, si leur sécurité n'est pas pleinement assurée. Ce vendredi 4 février 2022, l'ensemble des enseignants du collège Georges Lapierre à Lormont a choisi d'exercer leur droit de retrait, après l'incendie de la voiture d'un collègue sur le parking de l'établissement. Les élèves ont été invités à rester chez eux.
Le véhicule d'un professeur d'EPS a pris feu aux alentours de 19h le jeudi 3 février sur le parking privé de l'établissement, alors que ce dernier assistait à un conseil de classe. La police a ouvert une enquête. À bout, 49 enseignants ont pris une mesure exceptionnelle, comme cet enseignant en poste depuis sept ans.
Nous avons décidé de ne pas prendre en classe les élèves"
Jean-Charles Courdé - professeur de français Collège Lapierre LormontFrance 3 Aquitaine
Un sentiment d'insécurité grandissant
Ce matin, l'intégralité de l'équipe pédagogique s'est rassemblée devant l'établissement pour faire valoir son droit de retrait. Un arrêt de travail que ces fonctionnaires peuvent invoquer face à un danger grave et imminent. "C'est une mise à l'abri" explique Arnaud Lacombe, co-secrétaire départemental du SNES-FSU. "Il y a un sentiment d'insécurité présents chez eux depuis plusieurs mois".
La semaine dernière, il y a eu deux autres départs de feu dans l'établissement. Une information que les professeurs auraient appris après l'incendie de la voiture de leur collègue. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. C'est un collège difficile", soupire Jean-Charles Courdé. Situé dans le réseau d'éducation prioritaire, le collège est classé en REP+. Des établissement où de nombreux parents ont de faibles revenus, et où les élèves sont davantage touchés par l'échec scolaire que les autres. La crise sanitaire a rajouté une tension supplémentaire.
Des discussions tendues avec le rectorat
Le directeur académique adjoint de la Direction des services départementaux de l'Education nationale de la Gironde, Frédéric Fabre, s'est rendu sur place pour convaincre les enseignants de faire classe. "C'est un acte inacceptable, et je comprends l'exaspération" déclare Frédéric Fabre. "Néanmoins je regrette le fait que les élèves n'aient pas pu rentrer".
Les échanges avec les enseignants ont été vifs, notamment sur la question de la sécurité des élèves.
Je pose la question: sont-ils plus en sécurité dans le collège, ou bien dans les rues ?
Frédéric Fabre - directeur académique adjointFrance 3 Aquitaine
"Nous sommes une mission de service public, le collège doit poursuivre l’accueil des élèves" expose le directeur académique adjoint, qui voit dans la fermeture de l'établissement une mise en danger des jeunes. Une réflexion qui passe mal chez les professeurs du collège Lapierre.
Vers une poursuite de la fermeture du collège?
"C'est inadmissible de s'entendre dire ça" s'indigne Jean-Charles Courdé. "On se bat justement pour que le collège soit en sécurité. On a très mal vécu que quelqu’un du rectorat arrive pour nous dire ça, alors qu’on a le soutien des familles et des associations de parents d'élèves" affirme-t-il.
Une équipe mobile de sécurité constituée de deux agents sera présente la semaine prochaine pour renforcer la surveillance, et assurer les missions de vie scolaire. Mais le personnel de l'établissement continue à réclamer des moyens humains durables: sans réponse du rectorat, le mouvement se poursuivra.