Les températures sont encore hautes ce week-end à Bordeaux. Lors de la vague de canicule cet été, des habitants ont relevé jusqu'à 48 degrés à l'ombre dans le centre-ville de Bordeaux. Dans le nouveau quartier Euratlantique en construction, les riverains étouffent. Comment adapter la ville au changement climatique ?
C'est un enjeu sociétal fort. Le climat évolue et il fait de plus en plus chaud en ville. Certains quartiers à Bordeaux et dans l'agglomération sont de véritables îlots de chaleur où le thermomètre est monté très haut cet été.
Trop de béton à Euratlantique
C'est LA préoccupation des villes en France ces dernières années. On constate de manière récurrente qu’il fait plus chaud en ville qu’en périphérie ou dans les espaces naturels. Ce climat local lié à l’urbanisation entraîne des problèmes en termes de santé et de bien-être, surtout l’été en période de fortes chaleurs.
Au sud de Bordeaux, dans le nouveau quartier Euratlantique qui en cours de construction près de la gare Saint-Jean, est un véritable îlot de chaleur. Les riverains de la rue Amédée Saint-Germain ont créé un collectif pour mettre en avant l'urgence de la lutte contre le réchauffement climatique, notamment en repensant complétement l'urbanisme de nos villes.
"Il faut désormais stopper toutes les constructions à fortes émissions de carbone, rénover plutôt que démolir pour reconstruire et intégrer au plus vite de la végétalisation et des espaces verts.", selon le collectif Amédée Sacré Cœur Euratlantique. En effet, les nouvelles constructions dans ce quartier leur font peur et ne sont pas du tout en cohérence avec le changement climatique.
"Ce quartier était déjà un îlot de chaleur avant le programme d'aménagement et de constructions Euratlantique, et effectivement, les immeubles (R+6) n'ont fait qu'accentuer le problème. alors nous avons fait des relevés de températures. Devant cet immeuble aux façades blanches et minérales sans arbre, il faisait 41 degrés; et à la même heure et le même jour, devant ce petit immeuble qui a des arbres plantés devant il faisait 32 degrés !, raconte cet habitante membre du collectif.
Il y a jusqu'à 15 degrés de différence devant la façade d'un immeuble blanc et minéral sans arbre, et celle d'un petit immeuble avec des arbres !
Le Collectif Amédée Sacré Cœur Euratlantique
Manuel Coursin habite rue Amédée Saint Germain et il déplore le manque d'arbres. "Les arbres plantés récemment dans la rue ont été plantés sur un réseau de canalisations sans beaucoup de terre à leurs pieds. On se demande si ces arbres vont pousser un jour, les racines sont très contraintes Ce ne sont pas ces arbres qui vont ramener un peu de fraîcheur !
Les grands immeubles blancs dont la hauteur est violente pour nous, renvoient en plus la chaleur sur les petites habitations en face, c'est invivable pour nous !
Une habitante de la rue Amédée Saint-Germain, à Bordeaux
►Définition : les îlots de chaleur urbains sont des élévations localisées des températures, particulièrement des températures maximales diurnes et nocturnes, enregistrées en milieu urbain par rapport aux zones rurales ou forestières voisines ou par rapport aux températures moyennes régionales
Irrespirable dans les HLM de Bacalan
Dans le quartier de Bacalan également, c'est devenu l'enfer. Les constructions plus anciennes ne sont pas adaptées au changement climatique. Les résidents de la cité du Port de la Lune ont vécu de plein fouet les vagues de chaleur de l'été 2022. La conception des bâtiments et le manque d'espaces verts sont pointés du doigt par les habitants.
La température ne baisse que vers trois heures du matin
Un habitant d'une cité HLM du quartier Bacalan à bordeauxFrance Info
Planter des arbres partout
Le phénomène des îlots de chaleur n'est pas récent et il a été identifié dès les années 1980. En 2014, Bordeaux métropole a réalisé une étude pour identifier les îlots de chaleurs urbains, et les îlots de fraîcheur et préconiser des aménagements.
On a calculé qu'entre une rue sans arbre et une rue avec arbre, il y a 4 à 5 degrés de différence, c'est énorme !
Pierre Hurmic, maire de BordeauxFrance Info
Interrogé par France Info le 19 août dernier, le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic a affirmé que sa priorité est de revégétaliser la ville.
"Bordeaux est une ville très minérale et on a beaucoup de retard. Mon soucis est de revégétaliser cette ville. Par exemple, place Pey Berland qui est très minérale, on a replanté 20 arbres ! Et Il faut être ambitieux, on a un projet d'un million d'arbres plantés dans la métropole. il faut en planter partout mais c'est une aventure à moyen et long terme".
La ville de Bordeaux a également installé cinq dispositifs de brumisation pour rafraîchir les habitants les jours de fortes chaleurs.
Même projet à Mérignac, la deuxième plus grande ville de Gironde. "Dans le quartier de Mérignac soleil, la température au sol peut atteindre 50 degrés lors des canicules, et dans 15 ans nous aurons ici le climat de Séville en été", a déclaré, Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole lors d'une conférence de presse sur me réaménagement urbain de la zone commerciale de Mérignac Soleil où de nouveaux immeubles d'habitations seront construits et 14 000 arbres plantés.
►Les principales sources des îlots de chaleurs sont :
- les toitures de couleur foncée,
- les parkings et places minérales,
- les routes et rues non arborées,
- la gare avec les voies ferrées, les quais,
- les zones industrielles ou d'activité commerciale,
- les friches et champs secs