On savait qu'un changement climatique important autour de l'Atlantique était possible. Des chercheurs du CNRS, de l'Université de Bordeaux et de l'Universté de Southampton (GB) ont démontré que le risque qu'il se produise dans les dix prochaines années est plus élevé qu'on ne l'avait supposé.
Dans son rapport d'évaluation présenté en 2013 et 2014, le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, avait établi le risque d'un changement climatique sur l'Atlantique en se basant sur les projections de 40 modèles, avec différents scénarii d'émission à effet de serre .Il avait estimé que "ce ralentissement s’installerait progressivement et sur une échelle de temps longue. Un refroidissement rapide de l’Atlantique Nord au cours du XXIe siècle semblait donc peu probable".
Pourtant les résultats d'une étude publiée hier 15 février dans la revue Nature sont plus pessimistes.
Une équipe d’océanographes a travaillé dans le cadre du projet européen EMBRACE. Elle a réexaminé les 40 modéles. Mais elle s'est focalisée sur la Mer du Labrador, située entre l'Est du Canada et le Groenland. Un phénomène appelé "phénomène de convection" s'y produit. Il contribue à la circulation océanique globale qui joue un rôle clé dans la régulation du climat.
Giovanni Sgubin, Chercheur à l'UMR EPOC, Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux nous l'explique :
En hiver, pendant une courte période, les eaux de surface très salées de la Mer du Labrador se refroidissent et deviennent plus denses encore. Elles plongent vers le fond. Les eaux profondes plus chaudes transférent leur chaleur vers la surface et empêchent la formation de banquise.
Or, 7 des 40 modèles concluent à l'arrêt de cette convection, engendrant des refroidissements brutaux de l'ordre de – 2 ou 3 degrés en moins de dix ans de la mer du Labrador et des impacts sur les températures et peut-être les précipitations en Europe et Amérique du Nord.
Les chercheurs avaient donc démontré qu'un refroidissement rapide était possible. Restait à en évaluer la probabilité. En clair ce scénario est-il vraisembable ? Parmi les 40 modèles, ils ont isolé les 11 plus fiables. Et sur ces 11, 5 "simulent une baisse rapide des températures de l’Atlantique Nord, soit 45 % !" selon le communiqué des chercheurs.
Ces résultats rehaussent donc le risque d'un réchauffement rapide de l'Atlantique et de possibles refroidissements rapides dans les années à venir.
Un risque qui devra être pris en compte dans les politiques d’adaptation au changement climatique des régions bordant l’Atlantique Nord.
Un autre projet, financé par la région, est en cours. Il porte sur les impacts sur la viticulture et notamment dans le Bordelais. Les premiers résultats seront communiqués en avril prochain.