Circulation interdite, déviation, limitation de tonnage : plusieurs ponts risquent l'effondrement

Certains ponts sont en fin de vie en Gironde, comme le pont suspendu de La Réole ou celui de Saint-Denis de Pile qui est fermé depuis le 16 février. Le pont du bois d'Izon est, lui aussi, fragilisé. Des déviations ont été mises en place et perturbent le quotidien des riverains et des automobilistes. Le Département a en charge l'entretien de 1800 ponts.

Fermeture provisoire en février puis définitive depuis fin mars. Le pont de Saint-Denis de Pile à Bonzac qui enjambe l'Isle, est définitivement fermé à la circulation des véhicules et même aux piétons.

Trop affaibli, ce pont suspendu doit être détruit et reconstruit. "Des études sont en cours pour savoir si on reconstruit à l'identique ou différemment" précise Martin Caplanne chef de bureau ouvrages d’art de Gironde. Depuis le 27 mars, un nouveau plan de circulation a été mis en place.

Le calendrier ? Démolition en 2025 et reconstruction d'ici à 2027/2028. "Nous menons les études et en même temps que la démolition, pour ne pas trop pénaliser les commerçants et les usagers." rajoute Jean Galand élu en charge de la mobilité au Département. 

Lors de sa construction de ce pont suspendu, il n'y avait pas le même flot de véhicules ni le même tonnage. L'édifice est usé.

Jean Galand,

élu en charge de la mobilité Département de la Gironde.

Il est même interdit par arrêté de stationner, de circuler et de pratiquer toute activité nautique sous le pont.

Surveillance des ouvrages

Le risque, c'est l'effondrement. "Notre mission est de gérer ce patrimoine et de nous préserver de ces situations d'urgence". 

Il y a deux types de surveillance. "Le contrôle annuel effectué par des agents, c'est une inspection visuelle pour déceler une fissure naissante par exemple. Et puis, il y a un contrôle plus complet, tous les six ans, effectué par des agents spécialisés. On fait aussi appel à des bureaux d'études privés pour un état des lieux plus poussé comme à la Réole ou à Saint-Denis-de-Pile", explique Martin Caplanne.

Le pont suspendu de la Réole, lui aussi, montre des faiblesses, victime du temps dans tous les sens du terme. Le temps qui passe et aussi les variations de températures qui impactent les aciers utilisés pour sa construction. "Quand il pleut, cela accentue la corrosion des câbles et quand il fait trop froid, en dessous de 5 degrés, cela attaque le carbone contenu dans l'acier de la structure", précise Jean Galand. Nous avons mis en place une navette gratuite pour les riverains". L'édifice situé dans le Sud Gironde, appelé pont du Rouergue, est en effet fermé à la circulation automobile. Et par grand froid, il est aussi interdit d'accès aux piétons et aux cyclistes.

Déviations à Izon

À Izon, au nord-est de Bordeaux, le pont du Bois est interdit aux plus de 3,5 tonnes depuis mercredi 24 avril, en raison de la dégradation de la structure de l’ouvrage. Situé sur l’avenue Charles-de-Gaulle, route départementale 242, il est emprunté quotidiennement par plus de 6 200 véhicules, dont environ 200 poids lourds. Des déviations sont mises en place pour les poids lourds. Les arrêts de bus ont également été déplacés, car l'interdiction touche aussi les transports en commun.

Une galère pour ce transporteur basé dans la zone industrielle d'Izon dont les poids lourds vont jusqu'à 44 tonnes. L'impact joue sur les temps des trajets. " Par exemple, pour livrer une charpente ou du sable à Saint-Loubès qui est à dix minutes, le chauffeur met 30 minutes, car il est obligé de contourner par l'A89. Donc, c'est plus d'essence et plus de pollution aussi parce que nos camions roulent plus longtemps. Nous les transporteurs, on est les bêtes noires", commente Céline Nau de la société de transports TTD.

Le pont du Bois, construit au XIXe siècle, est un ouvrage en voûte maçonnée de sept mètres de long franchissant le ruisseau des Prades. Lors de la dernière inspection annuelle, les agents spécialistes des ouvrages d'art ont identifié une altération dans la structure.

1800 ponts en Gironde

"Ce n'est pas spécifique à la Gironde, mais notre patrimoine d'ouvrage d'art est vieillissant. Les ponts ont été construits pour un certain usage. Les ponts centenaires connaissent une forte circulation aujourd'hui et ils n'ont pas été construits pour cela" constatent Jean Galand et Martin Caplanne.

Le plus emblématique est le Pont de pierre de Bordeaux, construit entre 1810 et 1822, est définitivement fermé à la circulation automobile. Il est réservé aux piétons, cyclistes et aux tramways. Des travaux d'envergure sont prévus en 2024.

La Gironde compte 1800 ponts, 400 murs de soutènement (pour protéger les routes ou bien les soutenir), et un tunnel cyclable à la Sauve, dans l'Entre-deux-Mers. Le budget consacré est de 42 millions d'euros pour l'entretien de ce patrimoine. Cinq ou six ponts sont en souffrance. Pour celui de la Réole, le coût des travaux de réhabilitation est estimé de cinq à sept millions d'euros.

Respect de la limitation de tonnage

Le respect de la limitation de tonnage est une préoccupation des services du Département. "La limitation n'est pas toujours respectée malgré la signalisation, c'est compliqué. D'ailleurs, on en tient compte dans nos études. On tient  compte de ce risque de dépassement dans nos calculs. Il n'y a pas de dispositif 100 % efficace, regrette Martrin Caplanne en charge des ouvrages d'art, rappelant l'effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn, en Occitanie, en novembre 2019, lors du passage d'un camion. L'accident avait fait deux morts.

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