Depuis septembre 2019, slogans, histoires, chiffres et témoignages s’affichent sur nos murs partout en France, comme à Bordeaux. Des messages forts pour dénoncer les féminicides, les violences sexuelles, sexistes et conjugales.
Ce mouvement, à l’initiative de Marguerite Stern, une féministe parisienne, porte le nom de « Collages Féminicides ».
Dans le contexte du premier Grenelle contre les violences conjugales, certaines ont décidé de faire entendre leur colère. Des plaintes qui n’aboutissent pas, un système judiciaire qui ne protège pas, elles réclament au gouvernement des engagements concrets, une prise de conscience collective et l’évolution des mentalités. Ce moyen d’expression met en lumière de véritables problèmes de société, souvent ignorés.On ne peut pas avancer si on ne forme pas le personnel de police et le personnel juridique à ces questions-là des violences conjugales.
Lila, militante
« Se réapproprier la rue »
Par petits groupes, munies de pinceaux, de colle et de slogans peints sur du papier, des femmes arpentent les rues à la recherche du mur parfait, celui qui pourra accueillir leur message le plus longtemps et de la façon la plus visible possible. Une majorité d’entre elles n’a jamais milité auparavant.Ça s’organise sur la base du volontariat, on est toutes sur une conversation WhatsApp, quand l’une de nous a une soirée de libre […] elle propose sur la conversation en fonction du quartier où elle est.
Lila, militante
Au détour d’une rue, certains passants s’arrêtent pour les questionner, les féliciter, parfois pour les aider. Leurs actions interpellent, interrogent. Pourtant, le problème est bien là. Au 31 janvier 2020, 11 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint depuis le début de l’année, elles étaient 149 sur toute l’année 2019.
Chaque année, en moyenne, 219 000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles. Parmi elles, seulement 19% déclarent avoir porté plainte.
On colle aussi pas mal de chiffres, qui sont extraits de rapports officiels, pour amener une partie de statistiques qui valident nos paroles.
Lila, militante
Retrouvez l'interview de Lila, une étudiante militante des Collages Féminicides :
Des messages qui dérangent
Leurs actions ne sont pas toujours bien accueillies et leurs messages sont pour la plupart effacés dans les jours qui suivent leur collage.Malgré quelques réactions hostiles, les colleuses sont bien décidées à mener leur combat jusqu’au bout pour honorer la mémoire de toutes les femmes victimes de ces violences.On a eu déjà des mauvaises interactions, par exemple des sauts d’eau jetés des balcons sur des colleuses […] et des vidéos postées sur internet d’hommes qui nous menaçaient de mort.
Lila, militante