Le patron d'une auto-école à Sainte-Foy-la-Grande, en Gironde, a entamé une grève de la faim il y a une semaine. Patrice Reynaud conteste la fermeture des centres de formation. Il veut que sa profession soit reconnue comme essentielle.
Un carton sur la vitrine annonce la couleur. Le message est clair: en grève de la faim.
Bientôt une semaine que Patrice Reynaud ne s'alimente plus. Le patron de l’auto-école a installé une petite table et une chaise devant le magasin. Assis-là, il raconte son combat et dit ne pas comprendre pourquoi les élèves sont autorisés à passer l'examen mais pas à prendre de leçon de conduite depuis le 30 octobre.
A l’instar de ses collègues, il demande la ré-ouverture des auto-écoles.
Tant que nous ne serons pas reconnus comme essentiels, je ne mangerai plus !
Les auto-écoles font partie des professionnels qui sont directement touchés par le confinement. Les cours de conduite n’ont plus lieu, mais les examens du permis continuent.
Protocole sanitaire
Depuis huit mois, la profession est soumise à un protocole sanitaire avec le port du masque obligatoire et la désinfection de l'habitacle pour chaque nouveau candidat." Comme les restaurateurs, on nous a imposé des règles sanitaires strictes. On les a tenues. Ça nous a coûté de l’argent, on a protégé nos élèves, nos formateurs et il n’y a pas eu un cas de Covid dans les voitures ! »
Début novembre, la Délégation interministérielle à la Sécurité routière précisait d’ailleurs à la profession qu’aucun cas d’infection n’avait été constaté dans le cadre de l’examen du permis de conduire.
Rappel à l’ordre
Une situation qui n’a pas de sens pour Patrice Reynaud, qui a 80 dossiers de formation en attente. " On peut présenter nos élèves mais on ne peut pas les former ".L’homme a des convictions et il n’a pas hésité à braver l’interdit. Il a été arrêté par les gendarmes alors qu’il donnait une leçon à un élève sur les boulevards de Sainte-Foy-la-Grande. Il n’a pas été verbalisé mais les forces de l’ordre lui ont demandé de respecter la loi et les restrictions imposées.
Au bord du gouffre financier
A 60 ans, le patron qui souffre de diabète estime avoir fait sa vie et se bat pour ses employés. L’entreprise emploie cinq personnes et affiche 300 000 euros de chiffre d’affaires annuel mais la situation se tend. Cette fois encore, le chef d’entreprise va puiser dans ses réserves personnelles pour assurer un salaire complet à son personnel au chômage partiel. " Ça fait mal aux ventre ! Pour certains je travaille avec eux depuis 29 ans ! "Le patron a fait ses comptes, depuis le printemps, il en est déjà à 60 000 euros de découvert à la banque. Jusqu’à maintenant, il n’a pas souhaité demander un prêt garanti par l'État, mais envisage peut-être de le faire sinon " on va finir par me saisir ma maison ".
Patrice Reynaud espère être entendu et veut juste reprendre le travail au même titre que les centres de formation professionnelle (permis poids lourds, bus) qui ont le droit de poursuivre leurs activités et qui continuent à présenter des candidats.
Soutien des élus locaux
Samedi 14 novembre, il a reçu la visite de plusieurs élus locaux dont le maire de Sainte-Foy-la-Grande. Le député girondin Florent Boudié (LREM) qui le connaît bien est aussi allé à sa rencontre."De mes échanges avec Patrice Reynaud, que je connais personnellement de longue date, je retiens l’alerte lancée sur l’extrême fragilisation de notre tissu économique de proximité, associée à la très grande incertitude des conditions de sortie de la crise sanitaire", relate Florent Boudié dans un communiqué
Le député a saisi le Premier ministre et le ministre de l’Économie pour alerter sur la situation des écoles de conduite.
