Coronavirus : le témoignage désespéré d'une Girondine coincée en Thaïlande avec son mari malade

"On est au fond du gouffre". Annie, 62 ans, était en vacances en Thaïlande avec son mari, malade de l'amiante. Ils étaient partis pour profiter de la vie. Ils sont aujourd'hui bloqués en Thaïlande sans solution pour rentrer chez eux en Gironde. Sans médicaments. Désespérés.  

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La voix est faible, le souffle court. La liaison n'est pas très bonne. Les silences pesants. 


La situation est insupportable. C'est trop stressant. J’arrête pas de pleurer mais je ne veux pas inquiéter mes enfants. 
Mon mari me dit "il faut être fort, il faut être fort" mais c'est dur d'être fort. 


Depuis plusieurs jours, les médias relaient les messages de Français qui ne parviennent pas à trouver d'avion pour rentrer. 
Mais l'appel à l'aide d'Annie est d'une urgence vitale. 

Philippe, 62 ans est un ancien docker. Il est malade de l'amiante et se bat contre un cancer du poumon. L'an dernier, on lui en en enlevé une partie. Ce voyage en Thaïlande, ils l'ont rêvé bien avant le coronavirus.
Annie et Philippe sont en Thaïlande depuis deux mois. Installés dans leur hôtel à Khao Lak, au nord de Phuket, ils auraient dû rentrer le 29 mars. 
 

Urgence vitale


"Depuis que je suis à la retraite, on essaye d'en profiter au maximum" explique cette ancienne aide soignante à la maternité de l'hôpital Pellegrin à Bordeaux. Mais aujourd'hui, ils n'ont plus goût à apprécier leurs vacances. 

Nous ne dormons plus. Nous avons très mal au ventre. Nous n'avons plus faim et nous avons très peur de devoir rester ici. 

Or Philippe peut faire une rechute à tout moment. Il a un traitement quotidien à prendre. Mais bientôt plus de médicaments. 

Mon mari est une personne vulnérable qui a une insuffisance respiratoire après un cancer du poumon. Moi, je suis en dépression. Je ne souhaite à personne de vivre une telle situation et j'espère que nous pourrons rentrer chez nous sans encombre. 


Rentrer. Rentrer au plus vite. Un impératif pour Annie et son mari. Mais comme de nombreux Français, ils font fassent à des annulations de vols à répétition. 

Un premier le 29, un deuxième puis un troisième. Tous achetés. Tous annulés.

À mille kilomètres d'eux, c'est Marina, leur fille, qui depuis Bordeaux, se bat pour trouver une solution. 

Mes parents sont en dépression et moi aussi. Les vols sont annulés les uns après les autres. Vous pensez que vous allez vous en sortir. Et c'est annulé. Il faut tout recommencer. J’essaie d’être forte, pour eux mais c’est compliqué. 

Marina est en pleurs. Elle s'excuse de craquer, nous remercie de notre appel.  

Ses parents aussi enchaînent les interlocuteurs plus ou moins compréhensifs. Annie décrit "des attentes interminables".

Chaque fois, nous n'avons eu que des conseils et, notamment, de vite partir d'ici par tout moyen mais sans préciser lequel... 
Avec l'ambassade. On doit être à plus de 10 appels. Il faut être patient car des fois, ça coupe et il faut tout recommencer.  

Le couple est démuni, impuissant. Ils ne savent plus vers qui se tourner.


Vraiment, c'est le désespoir nous sommes atterrés d'autant qu'ici la situation s'est dégradée. Les commerces sont  fermés. Les militaires dans la rue. On est vraiment au fond du gouffre.

La crise sanitaire s'est brusquement aggravée en Thaïlande. Contrairement à ses voisins d'Asie du Sud-Est, le pays déplore une flambée des cas : 827 officiellement ce jour mais le nombre est en augmentation spectaculaire. 

Le 22 mars dernier, la monarchie constitutionnelle avait fermé tous les commerces non essentiels. Demain, le 26, des mesures plus dures sont annoncées  : l'état d'urgence sera décrété. Un couvre feu instauré. 

Une nouvelle difficulté qui s'ajoute aux autres pour Annie. Sa fille, Marina, a interpellé, ce matin, le député LREM Benoît Simian qui dit être en train s'occuper de la situation.  

 

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