La France, est-elle prête à surmonter une crise ? C’est la question sur laquelle se sont penchés le rapporteur Thomas Gassilloud et le député du Lot-et-Garonne Alexandre Freschi. Agriculture, numérique, armée : si la France maintient ses atouts, certaines faiblesses sont pointées.
Parer la France à toutes les éventualités. C’est l’ambition du rapport de la mission d’information sur la résilience nationale. Au total, 51 propositions pour mieux faire face aux crises ont été faites, après huit mois de consultations.
Culture du risque
Au cœur du rapport : l’éducation des citoyens. “Il faut que les gens se mobilisent plus naturellement, de manière plus fluide. On éduque pas assez la population à comment gérer une crise”, résume Alexandre Freschi, député LREM du Lot-et-Garonne.
Pour “fluidifier” la mobilisation, la mission propose des formations sur la culture du risque à tous les citoyens, à l’instar du service national universel. “Aujourd’hui, on a des exercices de gestion de crise proposés uniquement à une catégorie de la population comme le Plan blanc, le NOVI. Ce qu’il faut, c’est généraliser ces exercices à toute la population”, évoque le Lot-et-Garonnais.
► Regardez notre reportage sur un exercice NOVI, réalisé à la gare d'Agen en novembre 2021
La mission parlementaire propose deux outils : un livret distribué sur les manières de faire face aux crises, et une journée de la résilience. "Il faut que cette culture soit en nous dès le plus jeune âge, comme c'est le cas en Finlande", détaille le député du Lot-et-Garonne.
Se nourrir coûte que coûte
Si le rapport repose sur une analyse de la crise sanitaire, impossible de ne pas relier sa publication à la guerre en Ukraine qui dure depuis près d'une semaine. “On voit aujourd’hui que certains pays d’Europe sont exposés malgré eux à des risques, comme l’Allemagne avec son approvisionnement énergétique”, illustre le député du Lot-et-Garonne.
En France, le problème viendrait surtout des matières premières agricoles. “De nombreux intrants sont fabriqués en Europe de l’Est, et notamment en Ukraine. Depuis 20 ans, on parle d’un plan protéine parce qu’on ne produit pas assez de céréales pour nos animaux. On est dans une dépendance qui nous fragilise”, reconnaît Alexandre Freschi, contacté ce mardi.
La proposition phare de ce volet : une agence nationale d’approvisionnement d’urgence, calquée sur le modèle finlandais. “Son rôle serait de planifier, développer et maintenir la sécurité des approvisionnements, et de soutenir les opérateurs publics et privés pour l’identification de vulnérabilités”, précise le rapport. Une agence qui serait finalement plus européenne que française, afin de mutualiser les ressources de chaque pays.
Made in France
Si le rapport propose des solutions alimentaires européennes, l’industrie, elle resterait bien française. “Nous avons des brevets dans le domaine industriel, comme celui de la sécurité intérieur qui nous pousse à protéger nos intérêts nationaux”, analyse Alexandre Freschi.
Réindustrialiser la France, la situation semble peu crédible dans un monde économique global. Pourtant, selon le député de la majorité, le mouvement serait déjà lancé. “C’est le programme France Relance, qui nous permet de réindustrialiser, mais uniquement dans des secteurs-clés”, explique Alexandre Freschi.
Plus d’indépendance tout en préservant les liens économiques avec les autres pays du monde : l’enjeu est aussi colossal que périlleux. Mais selon le député du Lot-et-Garonne, une chose est sûre, “au vu du contexte actuel, il y a urgence”.