Covid 19 : les patrons de discothèques ne décolèrent pas, les boîtes de nuit ne rouvriront pas avant septembre au moins 

Les cinémas et les casinos rouvrent ce lundi 22 juin, mais pas les discothèques qui espéraient une reprise en juillet. À Bordeaux, les patrons de ces établissements disent être à bout de souffle et dénoncent un système parallèle.   

Avec les restaurants et les bars, elles ont été les premières à fermer le 14 mars mais elles seront les dernières à revenir.
Cet été, les discothèques resteront fermées à cause de la pandémie de Covid-19 et ne pourront pas rouvrir avant septembre minimum en fonction de l’évolution de la situation.
La décision du gouvernement ne passe pas chez les professionnels de la nuit.

Sébastien Labeyrie a repris les rênes du Monseigneur, à Bordeaux il y a cinq ans. L’ancien pompier qui emploie 14 personnes placées au chômage partiel depuis le début de la crise voit fondre sa trésorerie chaque jour qui passe.

Le jeune patron a sollicité le prêt garanti par l’État et il ne mâche pas ses mots :

Tout le monde rouvre sauf nous ! Nous sommes les oubliés de l’État. Six mois sans revenus ! vous imaginez avec des charges qui tombent tous les mois, c’est très compliqué. Il va falloir rembourser tout ça. Comment on va faire ? 

Sébastien Labeyrie - Discothèque Monseigneur à Bordeaux -

Depuis le 14 mars, plus rien ne rentre dans les caisses et le manque à gagner a déjà fait perdre des centaines de milliers d'euros. Comme beaucoup, Sébastien Labeyrie, n’est pas éligible au fonds de solidarité. Celui-çi s’adresse aux sociétés jusqu’à 20 salariés et 2 millions d’euros de chiffre d’affaires et dont le plafond a été rehaussé à 10 000 euros. La majorité des établissements de Bordeaux est au-dessus de ces critères.

Concurrence déloyale

Patrick Lalanne va plus loin. Le patron de « la Plage » qui n’accueille pas moins de 11 000 clients par semaine en temps normal, se demande s’il n’y a pas une volonté politique de faire disparaître les discothèques afin d’assainir la nuit. Il dénonce le deux poids deux mesures. " On compte pour de la M…. ! ce qui se passe est grave ! quand on voit les manifestations pourtant interdites, et  finalement acceptées, sans masques, sans rien ! Quand vous voyez les rassemblements, hier dimanche, pour la fête de la musique, et nous, on nous dit : vous restez fermer " alors que les discothèques ont des "professionnels pour gérer les débordements sur la voie publique".

Laurent Danthez, s’insurge lui aussi contre cette décision qu'il ne comprend pas et prétend que le gouvernement fait une grave erreur. 
Comme d’autres collègues, le co-dirigeant du Theatro dénonce l’instauration d’un système parallèle : " On avait la possibilité de gérer et contrôler la fête alors qu’aujourd’hui on le voit, la fête se fait dans les bars tard le soir, les soirées privées, les soirées sauvages, où l'alcool coule à flot". 

Selon lui, ces soirées se "multiplient" via la location de propriétés privées sans aucun encadrement. 

Patrick Malvaës préside le syndicat national des discothèques et des lieux de loisirs. Le Girondin demande le coup d’arrêt de ces débordements " puisque c’est au nom des mesures sanitaires qu’on nous ferme et bien faîtes les respecter à tout le monde, sinon il y a discrimination."

Il menace de déposer un recours devant le conseil d’Etat. 

Depuis la Thaïlande, où il est toujours bloqué pour raison sanitaire, il a décidé de passer à la vitesse supérieure et n’exclut pas d’invoquer également la loi Fauchon. Loi établie sous Lionnel Jospin et qui stipule que la responsabilité pénale des élus, des ministres peut être engagée en cas de mise en danger de la vie d’autrui.

Des centaines de boîtes de nuit vont mettre la clef sous la porte

Sur le plan économique, l’ancien patron de la  Guérinière, (hôtel-restaurant étoilé à Gujan-Mestras) redoute la disparition d'un tiers des discothèques, c’est-à-dire 500 établissements et 8000 salariés.

8000 salariés, c’est plus que chez Air France, et Air France a eu 5 milliards d’euros , nous on ne nous a pas versé 5 milliards d’euros ! 

Patrick Malvaës, Président du syndicat national des discothèques et lieux de loisir (SNDLL)

Il réclame entre autre le maintien du régime de l’activité partielle, l’éxonération des charges sociales, une nouvelle étape de prêts garantis par l’État, la suspension de la clause résolutoire de loyers, qui menace d’expulsion, et un plan de relance massif d'au moins 500 millions d'euros. 

De son côté, après avoir estimé que "Le gouvernement signe l'arrêt de mort des discothèques" l''Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), une des organisations patronales des 1500 discothèques françaises, brandit le carton rouge et la volonté, elle aussi, d'attaquer la décision au Conseil d'Etat.

"On devait nous annoncer une date de réouverture pour l'été avec des protocoles de sécurité et nous n'avons rien eu, c'est incompréhensible, ce n'est pas plus dangereux d'aller danser que d'aller au cinéma, de prendre l'avion ou le train", a déclaré à l'AFP Laurent Lutse, président à l'UMIH de la branche cafés, brasseries et établissements de nuit. 

En France, les discothèques emploient 43 000 salariés et environ 100 000 personnes si l'on inclut les employés de sociétés extérieures. Elles réalisent un chiffre d'affaires estimé à un milliard d'euros.

 

  

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