Partout, dans le pays, les salariés de Dassault restent mobilisés pour de meilleurs salaires. Chaque jour, ils mènent de nouvelles actions pour se faire entendre de la direction. À Martignas-sur-Jalle en Gironde, ils ont recouvert de papier toilette un Falcon exposé devant l’usine.
L’image a de quoi interpeller. Un Falcon enveloppé de papier toilette. L’histoire se passe sur le parking de l’usine de Martignas-sur-Jalle où sont fabriquées les voilures des avions Rafales.
Tout un symbole pour les manifestants. " Pour nous, cela signifie que l’accord passé, pour parler vulgairement, c’est de la merde ! " résume Stéphane Darriet, le délégué CGT du site de Martignas.
Les "compagnons", comme on nomme chez Dassault les salariés des chaînes d’assemblage, n’ont toujours pas digéré l’accord signé pour 2022 par deux organisations syndicales, la CFE-CGC et l’UNSA, non-représentatives des ouvriers.
Un accord controversé
Depuis plusieurs semaines, comme ailleurs dans le groupe, les salariés se battent pour obtenir de meilleures conditions salariales.
"De 32 euros nets par mois au début, la direction propose maintenant 57 euros, mais nous voulons toujours 200 euros nets d’augmentation".
Le mouvement initié il y a bientôt un an ne s’est pas essoufflé.
C’est la valeur de l’être humain qui est en jeu
Stéphane Darriet, CGT Martignas
"Ça fait plusieurs années qu’on se fait avoir, ça suffit !" confirme son collègue Olivier Delon à Anglet, qui précise "0 % d’augmentation en 2020 et 0,5 % en 2021, ce n'est pas normal !".
Sur le site du Pays basque, les ouvriers sont appelés à débrayer quatre fois dix minutes tous les jours. Ailleurs, comme à Martignas ou Mérignac en Gironde, les personnels empêchent régulièrement les voitures de se garer dans l’enceinte de l’entreprise. C'était encore le cas ce mardi matin.
"Rien qu’à Martignas, on a fait 8 000 heures supplémentaires en 2021" ajoute Stéphane Darriet. "On vient travailler le pendant les congés, le samedi. On le voit bien, les cadences ont augmenté".
La part du gâteau
Partout la même revendication : avec 51 réservations de Falcon et 49 de Rafale en 2021, les manifestants estiment être en droit d’avoir une part du gâteau. Le carnet de commandes est bon. À ce bilan, il faut aussi ajouter les 80 Rafale avec les Emirats arabes unis. En ce début 2022, les voyants seraient aussi au vert pour un contrat avec l’Indonésie.
À en croire, les salariés le bras de fer engagé avec le groupe est loin d’être terminé. De son côté, Dassault affirme dans un communiqué de presse publié en décembre 2021, qu’un salaire annuel brut minimal de 27 120 euros sera garanti en 2022 – soit 1,4 fois le Smic – auquel il faudra ajouter la participation et l’intéressement sur les résultats de 2021.
"L’accord salarial signé en décembre propose 3,5 % d’augmentation aux non-cadres (et pas seulement 1,8) ainsi que deux primes compensant l’inflation (prime pouvoir d’achat de 500 euros nets, indemnité inflation de 100 euros nets), sans compter la prime Rafale export de 500 euros bruts. " fait savoir la direction centrale par mail ce mercredi 9 février.
Une promesse visiblement loin d’être à la hauteur des attentes.