Les bureaux et le domicile de la députée de la Gironde Edwige Diaz ont été perquisitionnés ce lundi. La vice-présidente du RN est soupçonnée d'avoir occupé un emploi fictif lorsqu'elle était assistante parlementaire du député européen Jacques Colombier en 2018-2019. Elle dément formellement.
Ce sont presque tous les endroits où elle travaille qui ont été perquisitionnés ce lundi 5 décembre. "Je vous confirme qu'il y a des perquisitions en cours dans deux de mes domiciles girondins ainsi qu'à la permanence départementale du RN, à la permanence parlementaire, et à mon bureau à l'Assemblée", a déclaré la députée, contactée par l'AFP après des révélations de Mediapart et Libération.
La vice-présidente du Rassemblement National est soupçonnée d'emploi fictif, lorsqu'elle était assistante parlementaire à mi-temps du député européen Jacques Colombier en 2018-2019. L'ancien élu européen a été placé en garde à vue, confirme également la parlementaire.
Un signalement d'Anticor au parquet de Bordeaux
Une enquête préliminaire dirigée par le parquet européen est en cours pour "détournement de fonds publics, complicité et recel", portant sur des "soupçons d'emploi fictif d'assistant parlementaire européen", a indiqué l'instance judiciaire de l'Union européenne dans un communiqué.
Elle y précise avoir été saisie "en juillet 2021 par le parquet de Bordeaux, sur le fondement d'un signalement de l'association Anticor". À l'origine de cette alerte, David Poulain, référent de l'association de lutte contre la corruption en Gironde, a transmis certains éléments à la procureure de Bordeaux, qui a ouvert une enquête en juin 2021.
Des témoignages d'élus locaux du Rassemblement National
David Poulain affirme avoir été alerté par plusieurs adhérents ou ex-adhérents du RN de Nouvelle-Aquitaine, qui soupçonnaient Edwige Diaz d'emploi fictif. À l'époque, la jeune femme, qui n'était pas encore députée, a multiplié les casquettes : responsable départementale du Front National en Gironde, conseillère régionale, et pendant un moment donc, assistante au Parlement européen.
"Elle a été candidate à différentes élections, elle devait aussi s'occuper de l'entreprise Happy park, dont elle était gérante et qui était en grande difficulté : comment peut-on gérer tout ça à la fois ?", s'interroge David Poulain.
J'ai recueilli le témoignage écrit de trois de ses co-élus au conseil régional, concernant des doutes sur un emploi fictif.
David Poulain, référent Anticor en Girondeà France 3 Aquitaine rédaction web
"Une des personnes que j'ai interrogée était très surprise quand elle a appris qu'Edwige Diaz était assistante parlementaire pour un euro-député", illustre David Poulain. Il a alors estimé qu'il avait des éléments de doute assez solides pour prévenir le parquet. Il tient en revanche à préciser qu'il "souhaite simplement que tout soit éclairci par la justice". "Maintenant, il faut laisser la justice faire son travail, évidemment si elle est blanchie, nous serons les premiers à le reconnaitre."
"Une vengeance politique"
De son côté, Edwige Diaz, par l'intermédiaire de son avocat, Alexandre Varaut, conteste "totalement, absolument, de toutes les manières" ces accusations d'emploi fictif. Me Varaut précise que sa cliente était "assistante parlementaire locale en région, ce qui est tout à fait licite".
Nous avons toutes les preuves de la réalité de son travail, elle a fait bien plus que le mi-temps pour lequel elle était payée.
Me Alexandre Varaut, avocat d'Edwige DiazFrance 3 Aquitaine rédaction web
L'avocat de la députée RN évoque une "vengeance politique" et accuse David Poulain. Le responsable de l'association Anticor en Gironde a mené une liste aux élections municipales de 2020 à Ambarès-et-Lagrave. Selon Me Varaut, il aurait alors "tenté d'obtenir d'Edwige qu'elle retire la liste du RN contre lui, ce qu'elle n'a pas voulu faire". Me Alexandre Varaut a par ailleurs ajouté que sa cliente avait porté plainte à l'encontre de David Poulain pour "dénonciations calomnieuses" il y a 18 mois.