Polémique : la bataille fait rage entre les assurances et les riverains des immeubles effondrés rue de la Rousselle à Bordeaux

Huit mois après l'effondrement de deux immeubles, rue de la Rousselle à Bordeaux, certains habitants n'ont toujours pas reçu d'indemnités. Pis, certains voisins ont vu leur contrat d'assurance revu à la hausse voire résilié. C'est l'écœurement dans le voisinage.

Ils sont pour le moins excédés. Les voisins, parfois éloignés des deux immeubles effondrés, mais riverains de la rue de la Rousselle n'imaginaient pas une telle galère.  Ils sont devenus les victimes collatérales de cet imbroglio à l'assurance. 

Ces voisins ont déjà été fortement perturbés par l'effondrement de deux immeubles en juin dernier. Suivi de "l'exil" momentané occasionnant des frais puis la réintégration de leur logement.

Aujourd'hui, ils se trouvent confrontés à un autre problème, l'assurance.

C'est le cas de Gilles Touati, Syndic bénévole du 84 rue de la Rousselle, que nous avons rencontré. C'est une victime indirecte des conséquences de l’effondrement de la rue de la Rousselle. Il habite à prés de 200 mètres du lieu de l’éboulement. Et son immeuble n’a jamais souffert d’aucun sinistre. Il a été contacté par sa courtière, lui expliquant que l'assurance allait mettre fin à son contrat, que la rue était "sinistrée". Quand il demande des explications et une confirmation, après plusieurs aller-retours de courriers, on lui écrit que c'est "pour préserver les intérêts de la compagnie".
Il a du mal à y croire : "C'est complètement arbitraire et insensé !" "Les assurances ne sont pas là pour nous. Elles sont là pour faire des profits mais je n'imaginais pas qu'une assurance ait le droit de faire ça !"

"C'est à toi de payer !"

De même, les  habitants des onze immeubles placés en arrêté de péril dénoncent cette attitude frileuse des assurances
Thomas  Douffre,  président de l’association  des victimes et sinistrés de la Rousselle, exprime très bien cette injustice perçue et vécue par ces habitants, parlant des assurances : "Ils nous ont abandonnés ! Si ce n'est, une assurance, la MAIF (pour deux assurés de la rue) qui a dit " ne vous inquiétez pas, on prend en charge votre relogement", les autres, c'est démerdez-vous !"

Car, il a déjà fallu également mettre la main à la poche pour financer l'expertise de la justice et il faudra sans doute aussi le faire pour les frais consacrés à la sécurisation : "Y'en a pour 1,5 million d'euros actuellement préfinancés par la mairie. Qui va les payer au final ? Ce sont les victimes."
Il résume ainsi cette situation absurde : "Moi, je n'ai rien demandé. J'ai un trou dans le voisinage. J'ai un voisin dont la maison s'écroule et on me dit : "C'est à TOI de payer."  C'est incroyable !"

Et de pointer le jeu de laisser-pourrir des assureurs prétextant vouloir attendre les décisions de justice. "On n'a pas le temps d'attendre dix ans, quinze ans ! On est en train de sortir des sommes hallucinantes !"

Au final, il s'interroge sur la vocation même de l'assurance.

On paye chaque mois une assurance, c'est pour qu'elle nous accompagne. C'est justement pour qu'elle nous couvre, qu'elle nous aide !

Thomas Douffre, président de l’association des victimes et sinistrés de la Rousselle

France 3 Aquitaine

Silence radio côté assureurs

La fédération des assurances que l’on a contactée n’a pas voulu expliquer sa position. Il est vrai que du point de vue légal, un contrat d’assurance est un contrat de droit privé que chaque partie est libre de contracter ou pas. Il n'engage que les co-contractants.

Rue de la Rousselle à Bordeaux en février 2022. Deux immeubles se sont effondrés en juin 2021. Depuis, les assurances des riverains se désengagent.
@ Christine Le Hesran

Lors d'une réunion commune avec le CLAV (comité local d’aide aux victimes) le 24 janvier dernier, avec la préfecture, la ville, le procureur de la République, les assureurs étaient présents mais n'ont pas été plus positifs. 
Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire de Bordeaux en charge du logement, s’interroge : "On a dépensé beaucoup d'argent pour les travaux de sécurisation qui auraient pu, tout ou partie, être assumés par les assureurs. Ensuite, on estime qu'à partir du moment où il y a de plus en plus de contrats d'assurances logements qui sont résiliés à la date anniversaire, ça nous pose question pour l'intérêt général des Bordelaises et Bordelais. Comment va-t-on pouvoir s'assurer correctement ? Quand le risque est trop important, les assureurs résilient les contrats !"

Alors à qui le tour dans le centre ancien de Bordeaux ? Car cette situation inextricable concerne potentiellement un certain nombre de logis de Bordeaux, où les experts des assurances et des propriétaires sont à l’affût pour identifier de possibles fragilités du bâti.

A la rencontre des sinistrés en colère contre leur assureur : un reportage de Karim Jbali et Laure Bignalet.


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