Le 21 juin 2021, deux immeubles de la rue de la Rousselle, en plein centre-ville de Bordeaux (Gironde), s’effondraient. Pour éviter qu'une telle situation ne se reproduise, la ville annonce le lancement d’une étude sur l’état du centre ancien. Objectif : identifier les éléments qui participent à la dégradation de l’habitat ancien bordelais.
C’était il y a sept mois. Deux immeubles situés rue de la Rousselle à Bordeaux s’effondraient le 21 juin dernier, faisant trois blessés dont un grave. Les causes de l’effondrement ne sont pas encore connues et l'expertise judiciaire est toujours en cours. Mais la vétusté est pointée du doigt.
Pour éviter un nouveau drame et mieux comprendre ce qui participe de la dégradation de l’habitat ancien, Bordeaux Métropole et la ville annoncent ce vendredi 4 février 2022 le lancement d’une étude sur l’état du centre historique.
Près de 50 bâtiments expertisés
L’étude se concentre sur 47 bâtiments, dont 27 immeubles de la rue de la Rousselle. Elle s’inspire des travaux effectués après l’effondrement des immeubles rue d’Aubagne à Marseille, en novembre 2018.
Romain Mège, docteur en dynamique des structures du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), a piloté l’étude marseillaise. Il sera également chargé de l’étude bordelaise.
En plus du diagnostic des bâtiments, l’étude “porte sur le sol pour comprendre sa composition et sa résistance, et le diagnostic de l’état des réseaux d’eau enterrés”, détaille Romain Mège.
Nous allons également étudier la façon dont la ville s’est constituée et voir si les bâtiments effondrés rue de la Rousselle reposaient sur des fondations construites il y a plusieurs siècles ou des gravats de bâtiments préexistants.
Romain Mège, docteur en dynamique des structures
Selon Romain Mège, l’étude devrait permettre de retrouver des fondations “sur pieds en bois” sur les zones marécageuses. “C’est quelque chose de tout à fait classique sur des centres anciens”, précise-t-il.
“Revisiter nos façons d’aménager la ville”
Pour la ville de Bordeaux, les résultats de l’étude permettront une meilleure compréhension de l’habitat ancien. “Il y a des spécificités locales qui constituent pour certaines d’entre elles des fragilités, pour lesquelles on a besoin d’avoir des éléments techniques”, explique Pierre Hurmic, maire de Bordeaux. “Cela nous permettra de revisiter nos façons d’aménager la ville et de construire nos bâtiments”.
Les spécificités bordelaises sont bien connues : les édifices historiques, bâtis pour certains depuis trois siècles, sont majoritairement construits avec la pierre de Bordeaux. Une pierre calcaire et très poreuse, issue des carrières des bords de la Dordogne et de la Garonne.
Le maire rappelle que le sous-sol bordelais est “très argileux” et pourrait réagir au dérèglement climatique. “Il faut qu’on étudie la façon dont cette spécificité est compatible avec les évolutions hydriques qui nous attendent.”
Pour cette étude, l’État contribue à hauteur de 134.000 euros. Bordeaux Métropole finance le reste, soit 240.900 euros.
Si la constitution d’un collège d’experts est encore en cours pour analyser les données, les premiers diagnostics auront lieu dès la semaine prochaine. Les conclusions de l’étude seront rendues publiques courant 2023.