Maltraités dans des centres commerciaux et des boîtes de nuit, nourris avec des croquettes de chat et vivants dans des appartements... Quatre lions ukrainiens sont arrivés au zoo de Bordeaux-Pessac, le 6 juillet, où ils découvrent leur nouvel enclos fraîchement rénové, sous les yeux du public.
"Pour un petit zoo comme le nôtre, voir arriver ces quatre lions est un moment exceptionnel", confie Claire Dibon, salariée du zoo de Bordeaux-Pessac. Pour cause, depuis deux ans, l'entreprise d'une vingtaine de personnes n'hébergeait plus aucun fauve. Ses deux fidèles, Athéna et Apollon, ont pris la direction de Chartres, dans l'Eure-et-Loir, dès lors que les travaux de réaménagement de l'espace des félins ont débuté en février 2022 à Pessac.
Deux ans après, son nombre d'habitants a doublé : ce sont désormais quatre lions qui s'installent dans ce tout nouvel espace de 2 000 mètres carrés. "C'était une évidence de les accueillir, avoue Claire Dibon à propos de ces lions nés en Ukraine. Ils ont eu un démarrage de vie chaotique."
Exploité dans un centre commercial
Il s'appelle Gyz et a quatre ans. C'est le seul mâle du groupe et a été exploité dans un centre commercial ukrainien. Elle s'appelle Nila et a 6 ans. C'est la doyenne du quatuor et a été exploitée dans une boite de nuit. Les deux autres lionnes se nomment Flori et Kiara. Elles ont trois ans et ont été maltraitées dans des appartements privés, nourries avec des croquettes de chat et de la viande périmée. Face à ce constat alarmant et au regard de l'insécurité liée à la guerre en Ukraine, l'association néerlandaise Animal Advocacy and Protection (APP) est allée les chercher. Puis ils ont pris, toujours à l'aide de ce sanctuaire pour animaux en détresse, le pas de l'Espagne où l'association détient un refuge. Les lions ont été remis sur pattes et ont reçu tous les soins nécessaires, avant de prendre la route vers le sud-ouest.
L'animal en liberté
"Il y a un an, quand il a fallu trouver des lions pour repeupler le nouvel enclos, on s'est immédiatement tourné vers l'association AAP, se souvient Claire Dibon. On est très attaché au bien-être des animaux et à leur histoire." Ce climat bienveillant, il semblerait que les lions l'aient bien senti. "Ils se sont tout de suite bien adaptés. Je dois dire qu'on les a même trouvés étrangement calmes, plaisante-t-elle. Aucun n'était marqué par du stress."
Les fauves montrent toutefois leur caractère : "Kiara est de nature très protectrice, notamment avec Fiori qui se révèle être plus timide, remarque Claire Dibon. Concernant Gyz, c'est bien évidemment le meneur du groupe."
Ce bien-être animal, le zoo de Bordeaux-Pessac l'a pensé aussi dans les installations. "Un grand projet, commencé en 2019, qui a nécessité plus d'un an et demi de travaux", relate la salariée. Premier gros changement, la surface au sol : elle est passée de 500 à 2 000 mètres carrés. L'enclos comporte un volcan en son centre, où chaque lion peut s'y installer au sommet. "Ce sont des animaux qui aiment être en hauteur", rappelle Claire Dibon. Loin de l'organisation habituelle, l'accès aux soins se fait dorénavant dans des lodges intérieurs. "Ce ne sont plus les vétérinaires qui choisissent le moment et le lieu des soins, ce sont les lions qui entrent dans ces espaces quand ils souhaitent. Ils sont autonomes."
On est encore dans de l'observation
Claire DibonSalariée du zoo de Bordeaux-Pessac
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Sensibiliser le public
Le zoo de Bordeaux-Pessac se lance maintenant dans une phase de pédagogie. "On veut expliquer au public l'histoire incroyable et terrible de ces quatre lions, mais aussi les menaces qui pèsent sur les fauves comme la chasse au trophée par exemple", explique Claire Dibon. À coups de panneaux instructifs ou d'installations sensorielles, comme des crânes de grands félins ou de la nourriture à toucher, le zoo compte étendre la connaissance de ces espèces, aussi bien d'un point de vue animal qu'environnemental.
À cette occasion, le 10 août prochain, journée internationale du lion, le zoo proposera des "surprises" au public, avec la tenue de plusieurs ateliers sur "ces fauves qui nous fascineront toujours".