"Elle n'était pas là pour faire pleurer dans les chaumières" : au procès des rugbymen accusés de viol, la victime s'exprime enfin

Le procès des cinq rugbymen grenoblois, accusés de viol en réunion en 2017, s'est ouvert le 2 décembre dernier à la Cour d'Assises de Bordeaux. Après une semaine d'audience, ce lundi 9 décembre, la victime s'est enfin exprimée à la barre pour expliquer les faits.

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Depuis une semaine, la jeune femme de 28 ans attendait de prendre la parole à la barre. Elle a pu le faire, à huis clos, ce lundi 9 décembre, devant la Cour d'assises de Bordeaux. La victime, étudiante bordelaise âgée de 21 ans lors des faits, accuse cinq rugbymen grenoblois de l'avoir violée et agressée sexuellement pendant une soirée très alcoolisée, le 11 mars 2017. 

"Elle avait hâte de prendre la parole"

Ce soir-là, elle se rend dans un bar à Bordeaux avec des amies. La jeune femme rencontre les rugbymen : les Irlandais Denis Coulson et Chris Farrell, le Français Loïck Jammes et les Néo-zélandais Rory Grice et Dylan Hayes. Elle décide alors de les suivre en boîte de nuit, lors d'une soirée très alcoolisée. La suite ? Elle ne s'en souvient pas à cause de son état d'ébriété. À 7 heures du matin, elle se réveille nue, entouré de deux hommes nus, eux aussi, et d'autres encore vêtus.

En quittant l'hôtel, elle appelle sa mère et une amie, dans un état de choc. Elle porte plainte, quelques heures plus tard, pour viol : "Elle a raconté, pendant quatre heures, de manière très pudique, ce qu'elle a dit depuis le début, depuis les premiers SMS qu'elle a envoyés à sa mère et à son amie à la sortie du taxi. C'est-à-dire qu'elle a été agressée, qu'elle a été violée et que sa première sensation, c'était d'avoir été pénétrée par un objet métallique long, potentiellement une béquille", déclare Gaessy Gros, un des avocats de la victime.

Elle avait hâte de prendre la parole parce que ça faisait une semaine qu'elle assistait à ce procès sans pouvoir s'exprimer".

Me Gaessy Gros

Avocat 

"C'était digne, c'était dans la mesure"

Elle s'est également expliquée sur le choix du huis clos : "C'était humainement difficile pour elle à vivre, c'était difficile d'imaginer qu'il pouvait y avoir d'autres personnes dans la pièce qui pouvaient voir ces vidéos très difficiles et puis voir sa vie complètement à nue pendant deux semaines", poursuit Me Gros.

D'après son avocat, "c'était digne, c'était dans la mesure, ce n'était pas un acharnement sur les accusés, il n'y avait pas de sensationnalisme. Elle n'était pas là pour faire pleurer dans les chaumières. Elle a juste partagé son histoire, en expliquant que ce qu'elle attendait du procès, c'est qu'on explique aux accusés qu'ils ne peuvent pas faire ça".

Aujourd'hui, sept ans après les faits, ce n'est plus vraiment son sort qui compte, mais potentiellement celui d'autres victimes.

Me Gaessy Gros

Avocat

Les faits qui se sont déroulés dans la chambre ont été mis en lumière par une vidéo, tournée par Denis Coulson. Des fellations auraient été pratiquées ainsi que l’introduction d’une banane, d’une bouteille ainsi que des béquilles dans le vagin de la victime. Les cinq sportifs affirment, eux, avoir eu des relations sexuelles consenties. Le verdict est attendu ce vendredi 13 décembre.   

 

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