Le retour à l'école et au collège redevient obligatoire le lundi 22 juin pour tous les élèves et enseignants. Annonce surprise du président Emmanuel Macron dimanche 14 juin à 20 heures. Le protocole sanitaire sera allégé. Quelles sont les réactions en Gironde ?
C’était dans l’air du temps : l’épidémie de coronavirus étant en net recul, Emmanuel Macron a donc sonné la rentrée des classes dans les écoles et les collèges. Terminé la base du volontariat, le retour en classe sera obligatoire « selon les règles de présence normale » a indiqué le président de la République.
Dès demain, en Hexagone comme en Outre-mer, les crèches, les écoles, les collèges se prépareront à accueillir à partir du 22 juin tous les élèves, de manière obligatoire et selon les règles de présence normale.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 14, 2020
Une décision qui réjouit Aurélien. " C’est trop bien, je vais pouvoir revoir tous mes copains tous les jours." nous dit cet élève de Cm1 rencontré ce lundi matin 15 juin, sur la rive droite de Bordeaux.
Même sourire sur le visage de Sophie qui a trois enfants : l’aîné en classe de 5 ème au collège, les deux derniers en primaire. Cette jeune maman a accueilli la nouvelle avec " délivrance " !
" Enfin " ajoute-t-elle avant de se précipiter vers une nouvelle journée de télétravail.
Ces dernières semaines, de nombreux parents d'élèves ont fait part de leur impatience et de leur fatigue. Conjuguer école à la maison et activité professionnelle devenant très compliqué.
Les enfants ont besoin de recréer du lien
" C’est plutôt une bonne nouvelle "ajoute Stephanie Anfray mais la présidente de la FCPE en Gironde, fédération de parents d'élèves, estime qu’il reste encore beaucoup de questions notamment liées au protocole sanitaire.
Même interrogation pour Samantha Fitte, co-secrétaire du SNUIPP de la Gironde, principal syndicat représentant les enseignants du primaire.
Le problème n’est pas de ramener des tables et des chaises, ça c’est facile ! On attend des précisions. Et les conditions d'un protocole allégé. Un exemple : est-ce qu'on aura toujours une obligation de lavage répété des mains ? Ce sera difficile .
Catherine Dudes enseigne l’Histoire-Géographie au collège Montaigne à Lormont près de Bordeaux. Elle aussi se pose beaucoup de questions. " Au collège, les élèves ont pris l’habitude des mesures d’hygiène mais avec de petits effectifs. Cela sera t-il possible avec une classe entière ? "
Le protocole sanitaire ne sera pas abrogé, mais allégé
Au lendemain de l’annonce du chef de l’Etat, le ministre de l'Education nationale a apporté quelques réponses.
Depuis le début du déconfinement, le protocole sanitaire très strict imposé aux établissements ne permettait d'accueillir que 15 élèves maximum par classe en primaire.
Invité d'Europe 1 ce lundi matin, Jean-Michel Blanquer a annoncé l'allègement du dispositif et la fin de la règle des "4 m2" entre chaque élève.
Le principal changement sera "celui de la distanciation physique, qui contraignait à faire des petits groupes de 15 élèves. Désormais, il y a toujours une distanciation physique mais beaucoup moins contraignante, avec 1 mètre latéral entre les élèves. "
Ce système plus souple doit permettre d’accueillir tous les élèves.
Les mesures d'hygiène (gestes barrière, lavage des mains et gel hydroalcoolique), elles, sont maintenues. Le nouveau protocole sera officiellement présenté demain mardi 16 juin .
Une rentrée symbolique
Dans l’ensemble le retour à l’école, même pour seulement deux semaines, fait l’unanimité.
C’est vrai que ce n’est pas les deux dernières semaines où l’on est le plus productif au niveau des apprentissages mais cela va permettre de reprendre le fil, de retrouver une école obligatoire, de voir où en sont les élèves et de préparer la rentrée.
Samantha Fitte - SNUIPP -
Selon Stéphanie Anfray, il fallait un retour des élèves " pas tant sur l’aspect pédagogique mais pour des questions de lien social. L’un des meilleurs moyens d’apprentissage, c’est le groupe c'est une évidence. "
La situation semble être appréhendée différemment entre l’élémentaire et le second degré. Dans l’établissement où travaille Catherine Dudès, peu d’enfants sont revenus. Autour de 30% en sixième, selon elle. La co-secrétaire départementale de Gironde du Snes-FSU, syndicat des enseignants pour le second degré est " très sceptique et s’interroge sur le retour des effectifs. Les conseils de classe se tiennent en ce moment, le diplôme national du brevet est accordé par le biais du contrôle continu, pareil pour le baccalauréat."
Pour les élèves, l’école est terminée.
Catherine Dudès - Snes-FSU -
Le grand défi de septembre
Quelque-soit les opinions, toute la communauté éducative a les yeux rivés sur la rentrée scolaire de septembre. Les enseignants auront fort à faire pour réduire les écarts de niveau de leurs élèves. " Cette annonce ne doit pas masquer le fait qu’il est nécessaire de préparer la rentrée avec des moyens supplémentaires. " souligne Stéphanie Anfray, la présidente de la FCPE en Gironde.
Le SNUIPP de Gironde réclame davantage de moyens pour lutter contre les inégalités qui se sont creusées lors de confinement. Cela passe par le retour des enseignants du Rased (pour réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté) pour aider les enfants en difficulté scolaire mais aussi par le retour des enseignants qui permettaient de prendre en charge des petits groupes d’élèves.
« Si à la rentrée, on a des classes à 30, personne pour nous aider sur la difficulté scolaire, on voit mal comment on va relever ce défi de six mois sans école pour certains enfants.
Et Catherine Dudes de conclure : " Normalement, on ne devrait pas fonctionner comme avant , mais pour l’instant on demande, on demande mais on a aucune information."