Plus d'une centaine de générateurs anti-grêle sont déployés en Gironde. Mais l'efficacité de cette technologie semble atteindre ses limites lorsqu'elle est confrontée à des épisodes orageux particulièrement violents, comme celui qui a frappé le département ce 20 juin.
Au lendemain des orages qui ont très fortement endommagé cultures, habitations et véhicules, se pose la question des moyens de lutte contre la grêle. En Gironde, l'association Adelfa, Association départementale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques, travaille sur le sujet depuis plus de soixante ans.
De l'acétone et de l'iodure d'argent pour réduire la taille des grêlons
Elle a mis en place dans le département un dispositif technologique, permettant d’atténuer la taille des grêlons, et donc les conséquences de ces derniers. Cent-trente huit générateurs sont ainsi disposés dans l’ensemble du département. "Nous travaillons avec près de 300 bénévoles, explique Dominique Fedieu, maire de Cussac-Fort-Médoc et président de l'Adelfa. Ceux-ci sont prévenus par le siège national de l'association, lui même en lien avec des prévisionnistes, quand le réseau doit être mis en alerte".
Quatre heures avant l'arrivée de l'épisode orageux, les bénévoles vont ensuite allumer le générateur, qui va brûler un liquide, composée à 97 % d'acétone et à 3% de iodure d'argent. Une solution diffusée en faible concentration, et sans danger pour l'environnement, selon l'association. Une fois entrée en combustion, elle s'élève dans le ciel et permet aux grêlons de se diviser. "Les petits grêlons deviennent de la pluie, les moyens deviennent petits et les gros deviennent moyens", résume Dominique Fedieu.
Une technologie faillible
Si le président de l'Adelfa est formel sur l'efficacité de la technologie, maintes fois éprouvée, il en reconnaît les limites. Ce lundi, l'activation du dispositif n'a pas empêché la formation de grêlons de plusieurs centimètres de diamètres.
Les prévisionnistes avaient bien estimé le risque, et le réseau était en fonctionnement. Mais les grêlons de lundi se sont formés dans le golf de Gascogne, et nous n'avons pas de générateurs off shore. Donc c'est tombé directement sur les communes côtières.
Dominique Fedieu, président de l'Adelfa GirondeSource : France 3 Aquitaine
Parmi les facteurs à prendre à prendre en compte, dans la mesure de l'efficacité de la technologie : la violence des épisodes orageux. Celui qui a déferlé sur l'Aquitaine ce lundi était particulièrement intense, associé à des vents dépassant par endroit les 100 km/h.
"On a un dispositif qui peut amoindrir la taille des grêlons de 50 à 70%. Mais des grêlons de 5 cm qui se transforment en grêlons de 2,5 cm feront quand même d'énormes dégâts, souligne Dominique Fedieu. Lui même viticulteur, il se veut réaliste : dans certains cas, on n'a aucune solution satisfaisante à apporter."
Il faut rester humble : par rapport à certains comportements violents, notre système de prévention n'est pas adapté. Il a ses limites, tout comme les filets anti-grêle mis en place dans certaines exploitations arboricoles, et qui ont été arrachés par la puissance des vents.
Dominique Fedieu, président Adelfa GirondeSource : France 3 Aquitaine
Recherche de bénévoles
Le président de l'Adelfa reconnaît par ailleurs que le dispositif, financé par le département, les collectivités locales et la fédération des grands vins, gagnerait à être amélioré, notamment en étendant sa couverture. "On ne peut pas déployer de nouveaux postes du jour au lendemain, ils nous faut aussi trouver des bénévoles pour tenir les postes. Et c'est là où on est un peu limités", poursuit le viticulteur, qui aimerait que l'Etat, ou encore les compagnies d'assurance, s'impliquent financièrement dans le déploiement .
Aucun générateur sur les communes de la métropole de Bordeaux
Aucun générateur n'est mis en place dans les communes de la métropole bordelaise. Une défaillance dans le système, estime Dominique Fedieu, qui veut croire que les importants dégâts constatés ce 20 juin sur les exploitations, habitations et véhicules dans les communes de Saint-Médard en Jalles, Eysines ou Le Taillan-Médoc, vont modifier la donne. "Ça peut inciter à avoir une réponse collective, et à s'en préoccuper", espère-t-il. "Ca ne fait pas de bruit, ça prend peu de place , il serait tout à fait possible d'en installer sur la métropole".
Contacté, le président de Bordeaux métropole exclut toute installation de générateurs à court terme. "Nous n'avons pas de projet de cette nature, répond Alain Anziani. C'est une question qui n'a jamais été abordée dans les débats de la métropole. Si ça devenait fréquent et qu'il y avait de grands sinistres pour nos agriculteurs et nos maraîchers, peut-être qu'on reverrait notre position, mais aujourd'hui, la question ne se pose pas en ces termes", a-t-il maintenu.