Pour Sylvain Négrier, viticulteur à Saint-Seurin-de-Cadourne, les dégâts sont majeurs. Du jamais-vu pour cette famille installée sur 40 hectares de vigne près du prestigieux village de Saint-Estèphe. Une grande partie de ses parcelles s'est retrouvé dans le couloir de l'orage.
De mémoire de viticulteurs, on n'a jamais vu ça à Saint-Seurin-de-Cadourne. La partie du vignoble sur le plateau a souffert. C'est là où sont plantées les vignes du château Moulin de Blanchon. " Ça fait un couloir où les parcelles ont été gravement touchées." Sylvain Négrier continue depuis hier soir l'inventaire des dégâts sur les 40 hectares de la propriété sise sur ce vignoble entre Pauillac et Saint-Estèphe.
" Haché menu... On a des parcelles où il y a plus de 90 % de touché" soupire-t-il. Lui comme son père n'ont jamais connu ça. Le gel oui, mais pas la grêle "On est toujours passé à travers".
On est installé depuis une trentaine d'années, c'est la première fois qu'on est autant touché.
Sylvain Négrier - viticulteur Château Moulin de BlanchonFrance 3 Aquitaine
Lundi soir, quand le ciel s'est déchaîné, les grêlons se sont abattus avec force vers 21 h 30. A cet instant là, chez lui, Sylvain Négrier n'a pas imaginé la suite. " Je ne pensais pas que l'impact était aussi fort. Haché comme ça, on ne pensait pas à ce point."
Arrivé dans ses vignes, il ne peut que constater les feuilles par terre, les graines tombées. Depuis ce matin, il a repris le chemin pour faire le tour des parcelles avec ses saisonniers pour constater la suite.
"On essaie de relever un peu le maximum. Les graines commencent à devenir marron. On ne sait même pas comment ça va évoluer. 50 % des baies sont marron sur les pieds, elles sont à moitié éclatées "
C'est une période d'incertitude qui s'ouvre pour Sylvain Négrier comme pour ses homologues de la région. "Il va falloir passer pour cicatriser et limiter les dégâts Sur les parcelles, on est à plus de 50 %"
Les feuilles sont par terre. Vous avez un tapis de feuilles vertes par terre. C'est du jamais-vu, certaines parcelles, il ne reste que les tiges, les grappes il en reste très peu sur les pieds.
Sylvain Négrier - viticulteur -France 3 Aquitaine
Pas d'équipement particulier type canon pour éloigner la grêle. Pas d'assurance non plus, la famille Négrier, à la tête du domaine, a renoncé. " Ça a un coût assez énorme. Les assurances sont très très chères, il y a toujours des clauses entre les lignes..."
Le maire de la commune sur place dès hier soir, Gérard Roi, a dressé le constat. " Certains secteurs sont très touchés, d'autres très peu. " La grêle et le vent d'une rare violence n'ont pas frappé partout de la même façon. " J'ai pas vu ça depuis la tempête de 99" affirme l'élu de Saint-Seurin-de-Cadourne.
D'habitude, le plateau, sur les hauteurs, est protégé de la grêle. " On n'avait jamais été touché, on était protéger par les courants d'air". Pas cette fois. C'est la partie proche de l'estuaire qui a moins souffert.
Même le canon d'un château proche de la commune n'a pas pu fonctionner. " La force du vent et la densité de la pluie ont empêché son action" explique Gérard Roi.