Âgé d'à peine treize ans, Noa Duval alimente sa page Instagram d'interviews politiques. Le Bordelais espère un jour devenir journaliste. D'ici là, il vulgarise la politique pour expliquer des sujets complexes aux jeunes de son âge.
"Pour ou contre la suppression du Sénat ?", "Faudrait-il remettre en place la police de proximité ?" Face à l'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, les questions s'enchaînent avec assurance, sonnent parfois un brin provocatrices. Et pourtant, derrière l'écran de l'ordinateur, l'intervieweur reste encore un amateur.
À seulement treize ans, Noa Duval se passionne déjà pour la politique, au point de créer sa propre page Instagram sur laquelle il publie de nombreux entretiens avec des personnalités publiques.
Depuis l'élection présidentielle
Synthèses de programmes politiques, micro tendu lors des meetings, la page Instagram de Noa "interview_politique_", ouverte le 18 avril, compte déjà quarante publications, pour certaines consultées plus de 46 000 fois. C'est le cas, par exemple, de son interview de François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains pour les élections européennes.
Dans la chambre du jeune collégien bordelais, le Code civil et les manuels politiques détonnent avec les affiches de tennisman et les mangas exposés sur les étagères. "J'ai aussi le règlement de l'Assemblée nationale, le vrai livre que les députés utilisent", s'enorgueillit Noa. L'élection présidentielle de 2017 a été le véritable "déclic" pour l'apprenti journaliste, déjà féru d'histoire et de mythologie. "Ça passait à la télé, on voyait partout, devant mon école il y avait les affiches des candidats", se souvient-il.
Vulgariser la politique
Dans son entourage, la passion de Noa interpelle. "Je n'aime pas trop la politique, mais vu que Noa c'est mon pote et qu'il aime ça, je vais l'aider", lâche son ami, Pierre. "C'est grâce à cette passion qu'il est comme il est, qu'il aime aider les gens", ajoute un autre, Renato. Pour ses parents en revanche, l'investissement du jeune collégien n'a rien de surprenant. "Il s'intéresse à tout depuis petit, raconte son père, Franck Duval. Il a toujours des questions sur tous les sujets d'actualité, de politique, de société, sur le sport. Il est multicartes."
C'est aussi fatiguant, car nous on a nos activités et lui est très demandeur. On va d'un meeting à l'autre, c'est assez sportif, mais c'est passionnant.
Franck Duvalpère de Noa
"Même moi, il m'en apprend tous les jours avec la politique, il me parle de trucs des fois que je ne comprends pas", s'amuse sa sœur aînée. C'est justement ce que souhaite amorcer le jeune garçon : une vulgarisation de la politique pour des jeunes de son âge, parfois éloignés de ce milieu complexe. "Mon but, c'est de sensibiliser les jeunes de mon âge à la politique, mais aussi, c'est pour moi, ma culture, sur toutes les différentes fonctions et connaître les différentes institutions", détaille-t-il.
"Culotté"
Noa prépare chacune de ses interviews dans son carnet de notes. "J'étais surpris au début de la préparation que ça demande, mais maintenant, je tiens un bon rythme." Sur sa page, les publications abondent. "Je suis admiratif, moi qui ai baigné dans la politique depuis assez jeune, à son âge je n'avais ni même les compétences ni l'appétence de ce qu'il vient de faire comme interview", relève Christophe Castaner à la suite de son entretien avec le jeune collégien.
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"Il est très culotté, sourit son père. Il s'est fait tout seul. Il n'a aucun réseau. Je pense que par rapport à son âge, les personnalités politiques sont intéressées, ça sort de l'ordinaire." Son âge justement, Noa s'en sert pour aborder des sujets complexes sous un nouveau regard. "Ils ont un langage qui est adapté par rapport à mon âge et du coup les jeunes de mon âge comprennent mieux", note-t-il.
Après les élections européennes, Noa va s'intéresser aux municipales, un défi de plus pour ce jeune Bordelais qui espère, un jour, devenir journaliste.