Ferme usine de saumons : Pure Salmon reçoit un premier feu vert pour son projet colossal

Le dossier Pure Salmon connaît sa première avancée depuis des mois. Après un refus en novembre 2022, la commission locale de l’eau a rendu un avis favorable au projet de ferme-usine de saumons. La décision inquiète les associations, qui questionnent un manque de transparence.

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Depuis son annonce en avril 2022, le projet Pure Salmon, une ferme-usine de saumon qui ambitionne de produire 10 000 tonnes par an, fait des remous. Pour élever ses saumons en aquaculture en recirculation, Pure Salmon envisage de pomper environ 7 000 m³ d’eau dans les nappes souterraines. Ces eaux seront ensuite progressivement salées, au fur et à mesure de la croissance des poissons.

"Pas d'incidence notable"

Première européenne, le fonctionnement de cette usine est au cœur d'une procédure minutieuse. Prévu au terminal portuaire du Verdon, situé autour de sites Natura 2000 et d’un parc naturel marin, le site doit en effet obtenir l'aval de l'ICPE (installation classée pour l'environnement) pour être lancé.

Le premier accroc surgit en avril 2022. La commission locale de l’eau ainsi que le Schéma d’aménagement et de gestion des eaux “nappes profondes de Gironde” s’oppose au projet, qui envisage de pomper dans l’éocène, une nappe profonde, réserve d’eau potable. Pure Salmon change alors ses plans et propose un forage moins profond, dans les eaux saumâtres des nappes souterraines.

En novembre 2022, les deux institutions demandent, sur la base du nouveau projet, des études approfondies, pour mieux évaluer les conséquences du pompage sur l'environnement et en particulier l'éocène. Ces études complémentaires, à l’initiative de Pure Salmon, sont alors menées par des hydrologues. "Nous ne sommes en pompage que dans les nappes superficielles, il était impossible qu’il y ait un impact sur l'éocène", indique Paul Miliotis, président du conseil d'administration de Pure Salmon.

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Étude du BRGM

La Commission de l’eau semble rassurée : elle a rendu, ce mardi 13 mai, un avis plus positif au projet. “Il semble que le projet d’exploitation de la nappe captive au sein des formations du Plio-Quaternaire sur le site de Gare à Terre n’aura pas d’incidence notable sur les nappes du périmètre du SAGE des Nappes profondes de Gironde”, indique-t-elle. 

Pour autant, les deux institutions maintiennent une certaine réserve. Elles demandent une expertise du BRGM (Bureaux des risques géologiques et miniers). “Compte tenu des remarques et des questions formulées précédemment, la nappe du Plio-Quaternaire étant située hors du périmètre du SAGE des Nappes profondes de Gironde, il apparaitrait utile de soumettre cet aspect du projet à l'expertise du BRGM dans le cadre de ses missions d'appui à la Police de l'eau”, précise la CLE dans son rapport. Nous nous tenons à disposition des services de l'Etat, répond Pure Salmon, sans préciser s'il se plieront à cette étude.

Question de transparence

Les associations, de leur côté, ne sont pourtant pas satisfaites. “Il y a des écarts très importants entre les 24 000 m³ d’eau pompés, présentés par …., un autre projet de ferme aquacole et les 7 000 m³ de Pure Salmon”, interroge Esther Dufaure, responsable d’Eaux Secours Agissons.

On demande une étude indépendantes, menées par des scientifiques, sur ce que représentent les impacts de ces fermes usines sur l’environnement.

Esther Dufaure

Eaux Secours Agissons

Les opposants au projet ne s’arrêtent d’ailleurs pas à l’usage des nappes souterraines. “Il y a des impacts globaux, avec une industrie basée sur les importants pour la nourriture des saumons. Il y a aussi la question de la pertinence de ce modèle”, détaille Esther Dufaure.

Si les inquiétudes résonnent aux oreilles de Pure Salmon, la direction réfute en bloc les arguments des associations. "Ce qu’elles avancent, ce ne sont pas des vrais éléments. Nous rejetons une eau de qualité égale si ce n'est meilleure, et nous sommes, depuis le début, à 100 % pour qu'il n'y ait aucun impact sur l'environnement", rappelle Paul Miliotis. 

Moratoire

Le modèle, interdit dans le bio, serait, selon les associations, “incompatible” avec la “stratégie d’aquaculture durable portée par l’Union européenne”. “On demande à ce que ce type d’élevage soit interdit dans toute l’Europe”, indique Esther Dufaure.

En parallèle, en France, l’association, aux côtés de Wellfarm, a demandé un moratoire contre ces nouvelles fermes usines. “On demande à ce que les élus s’engagent." Loin de se résigner à la décision de la CLE, les défenseurs de l’environnement annoncent une mobilisation le 6 juillet prochain pour “sensibiliser la population et les élus”.

Taxée de projet "appartenant au passé", la ferme-usine se décrit comme '"grand projet de demain". "On va retirer de la pression des océans en produisant une protéine de qualité, qui contribue à la sécurité alimentaire du pays. Ce sera un poisson sans antibiotique, sans hormone, ni microplastique et pas issu de la surpêche", souligne le président du conseil d'administration de Pure Salmon.

80 % de la production du saumon est issue de fermes marines. Ces poissons peuvent avoir des maladies, s’échapper et contaminer les espaces naturels et ainsi avoir un impact important sur la biodiversité.

Paul Miliotis

Président du conseil d'administration de Pure Salmon

Fort de ce nouvel avis, Pure Salmon envisage de déposer le permis de construire d'ici à quelques jours. "Le permis est en train d'être déposé. On a un peu de retard sur le planning initial, mais on est toujours en ligne avec notre objectif de début de construction début 2026", précise Paul Miliotis. Les enquêtes publiques pourraient alors débuter à la rentrée de septembre.

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