Comme de nombreux hôpitaux de France, le CHU de Bordeaux peine à recruter du personnel paramédical. De nombreux lits sont fermés, et l'inquiétude sur les conséquences d'une éventuelle 5e vague de Covid-19 est palpable.
Un personnel en nombre insuffisant, des soignants épuisés, et des lits fermés. A en croire le Conseil scientifique, le scénario se reproduit dans l'ensemble des hôpitaux publics de France. C'est le professeur Jean-Fraçois Delfraissy qui a tiré la sonnette d'alarme. Le président du Conseil scientifique, a alerté le gouvernement dans un avis en date du 5 octobre sur une "situation difficile dans les établissements de santé avec un épuisement des soignants".
L'avis, qui évoque "un système de santé en souffrance", note également "dans les grands CHR, quelle que soit la région, un pourcentage significatif de lits fermés en raison du manque de personnel et ce, dans tous les secteurs de soins dont la pédiatrie". Le chiffre moyen de 20% de lits fermés est avancé, "touchant tous les secteurs de soins".
Dans une interview accordée à France info, le professeur Mathieu Molimard, Président du Comité Consultatif Médical de l'Hôpital Pellegrin, alertait sur une situation "dramatique" au CHU de Bordeaux, évoquant, lui aussi "des secteurs où l'on manque de 20% du personnel."
Des conséquences sur le service de réanimation
Le service du professeur Olivier Joannes-Boyau, chef du pôle anesthésie réanimation CHU de Bordeaux n'est pas le plus touché par cette crise. Pourtant, la fermeture de 4 à 8 lits sur la centaine que compte le pôle, a déjà des conséquences sur un service ou la majorité des admissions ne sont pas programmées.
"On prend les patients qui viennent des urgences, qui sont en tension, d'autres qui ont été opérés pour de la chirurgie lourde et qui viennent chez nous en post opératoire; ou encore des patients qui viennent sont en détresse, et arrivent directement de chez eux en en réanimation. Avec moins de personnel c'est plus difficile et cela demande beaucoup de gymnastique autour des entrées et des sorties pour réussir à couvrir les besoins", explique le médecin.
Sur le sujet des fermetures de lits, le Conseil scientifique fait le lien avec le manque de personnel dans les hôpitaux. Une vision conforme à celle du médecin bordelais. "Les infirmières et aide-soignantes sont en nombre insuffisant. Et ce, pour des raisons qui tiennent à des dégradations des conditions de travail au niveau nationa"l.
Cette dégradation dure depuis plus de vingt ans, ça a été un peu atténué pendant la crise sanitaire, car tout le monde s'est serré les coudes. Mais ça ressurgit de façon très importante avec la fatigue du Covid-19.
L'inquiétude de la 5e vague
Chaque vague épidémique a entrainé une saturation des lits des hôpitaux, notamment en réanimation. L'inquiétude, quant à une éventuelle 5e vague est donc palpable. " Il y a des risques qu'elle déstabilise le système, reconnaît le professeur Joannes-Boyau.
Il faut que les gens se vaccinent, face attention aux gestes barrières, pour éviter d'aggraver la situation".
Le ministre de la Santé Olivier Véran a de son côté contesté les chiffres du Conseil scientifique, et rapporte que pourcentage de lits fermés relevé dans 16 Centres hospitaliers universitaires n'excède pas les 5%. Ce mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé l'ouverture d'une enquête auprès de établissements de santé.