La saison des frelons est de retour, et avec elle, ses risques de piqûres et d'incidences directes sur les abeilles. En Aquitaine, les apiculteurs sont les premiers affectés par le retour de ces insectes, classés nuisibles par l'État. Ils exhortent les habitants à positionner des pièges dès le mois de février.
Dès le mois de février, ils prolifèrent et investissent les jardins des habitations après des mois d'hibernation. C'est le moment idéal pour installer des pièges contre les frelons asiatiques et éradiquer les reines, qui sont à l'origine de l'apparition des nids.
"Une reine équivaut à un nid et donc 5 000 frelons, il faut les attraper dès maintenant pour éviter qu'elles continuent à pondre jusqu'à l'été", précise Erick Le Bervet, apiculteur et président de l'Adsa 33, en charge de la préservation des abeilles.
Mettre ses pièges à des endroits stratégiques
Durant l'hiver, les reines ont été fécondées. Lorsque les températures plus douces s'installent, elles butinent de fleurs en fleurs à la recherche de matières sucrées pour faire de nouvelles colonies. À la tête de l'association de la préservation et la sauvegarde des abeilles, Erick Le Bervet intervient régulièrement dans le département pour sensibiliser la population aux frelons asiatiques, et surtout, pour détruire les nids, cachés dans les arbres ou les toitures. Le piégeage doit se faire dès février, jusqu'au début du mois de mai. "Au-delà, on risque d'attraper d'autres insectes à l'intérieur et la reine restera dans son nid, on ne va attraper que des ouvrières et on ne cassera pas son cycle", explique l'apiculteur.
Un nid qui n'est pas détruit l'hiver, c'est entre 3 et 5 nids reconduits au printemps.
Erick Le Bervetapiculteur et président de l'Adsa 33
De ceux vendus directement en magasins aux pièges faits maisons, construits dans une bouteille plastique, "il n'y a pas de piège parfait". "Le plus important, c'est le positionnement ou l'appât", indique-t-il. Erick Le Bervet conseille de positionner quatre pièges "dans des couloirs de passage", de chaque côté de son habitation.
Pour attirer les reines, les boissons alcoolisées et sucrées comme de la bière, du vin ou de la grenadine, en favorisant les liquides colorés, semblables à l'éclat des fleurs, sont recommandées. "Les reines ont un problème d'odorat à la sortie de l'hiver et vont donc être d'abord attirées par les couleurs vives comme le jaune du pissenlit ou le rouge."
Ne jamais détruire un nid soi-même
Les pièges doivent ensuite être positionnés à l'extérieur et à "hauteur d'épaule". Rien ne sert de les placer trop haut.
La découverte d'un nid proche de son habitation peut parfois amener la population à tenter seule de s'en débarrasser. "L'année dernière, un administré m'a appelé pour me dire qu'il avait tenté de boucher le trou du nid avec un coton, se souvient Erick Le Bervet qui intervient dans tout le département pour la destruction de nids. Résultat, il s'est fait piquer en insérant le coton et s'est retrouvé aux urgences. Certains tentent avec un jet d'eau ou en brûlant le nid, mais le mieux est de faire appel à des professionnels." L'année dernière, entre 4 000 et 5 000 nids ont été détruits en Gironde.
20 % de perte pour les apiculteurs
Dans le Pays-Basque, les apiculteurs commencent aussi à positionner les pièges. Ils sont les premiers à pâtir de l'invasion des frelons asiatiques, devenus en quelques années un véritable destructeur de ruches.
Une étude, publiée en décembre 2023 par le syndicat apicole de la Gironde et le groupement de défense sanitaire des abeilles, révèle une prédation exceptionnelle de la part du frelon asiatique sur les colonies d’abeilles. Ces mêmes apiculteurs dénombrent, rien que sur l’année 2023, pas moins de 1014 colonies mortes à cause du frelon asiatique.
À Itxassou, le miel et les produits dérivés représentent la moitié du chiffre d'affaires de l'exploitation d'Eric Lammenthaler. La prolifération de ces insectes représente donc un danger conséquent pour l'apiculteur. "Ça nous coûte beaucoup plus d'argent, plus de travail, et tout ça avec une production qui est amoindrie et des animaux en moins bonne santé, et donc sur la longue durée un affaiblissement de la stabilité économique de la production", déplore-t-il.
Erick Le Bervet, apiculteur à La Brède, estime à 20 % ses pertes liées à la présence du frelon asiatique.