Le Premier ministre a promis samedi "des enveloppes exceptionnelles" pour aider les agriculteurs à faire face à l'épisode de gel qui a touché cette semaine 10 des 13 régions françaises, dont la Nouvelle-Aquitaine, annonçant le déplafonnement du régime d'indemnisation des calamités agricoles.
Le gouvernement compte également "utiliser tous les moyens dont nous disposons en pareille circonstance, notamment par rapport aux charges", et va "réunir les banquiers, les assureurs et l'ensemble des acteurs qui vont pouvoir être mobilisés" pour répondre à cette crise, a-t-il ajouté après la visite d'une exploitation en Ardèche.
Gel dans les vignes
L'épisode de gel qui a concerné une large partie de la France cette semaine s'annonce comme l'un des pires des dernières décennies. De nombreuses cultures, vignes et vergers en particulier, ont été frappés du nord au sud du pays.
Dans le Bordelais, dans la nuit du 7 au 8 avril comme la nuit précédente, on a pu enregistrer des températures dans les vignes entre -2 à -6 degrés et peu de secteurs ont été épargnés en Gironde comme dans le Saint-Emilionnais, de -4 à -5° où certains avaient déjà perdu en 2017, 60% de la récolte. Les vignerons dont plusieurs qui ont tenté plusieurs dispositifs sur quelques parcelles sont démoralisés.
Le premier diagnostic fait ressortir des dégâts plus ou moins importants sur l'ensemble du département, qui pourraient ressembler aux pertes rencontrées en 2017. Selon Joël Ortiz de la Chambre d'Agriculture de la Gironde, après le constat, il faut continuer. "La vigne a cette capacité à repartir, cela prendra à peu près deux semaines avant qu'on ne voit les contre-bourgeons démarrer... Toutefois, il faut savoir que ces contre-bourgeons, ne sont productifs à peu près qu'à 50%, par rapport à la récolte de départ. On aura une perte sur le millésime 2021".
Un déplafonnement d'urgence
Le régime des calamités agricoles, déclenché vendredi par le gouvernement, indemnise les pertes de récolte et les pertes de fonds causées par des variations anormales d'intensité d'un agent naturel climatique (sécheresse, inondation, gel...).
Le Fonds des calamités agricoles est alimenté par une taxe de 5,5% sur les assurances obligatoires. Cette cotisation est plafonnée à 60 millions d'euros par an et l'Etat complète avec des subventions à hauteur des besoins en cas de sinistres climatiques importants.
"Il nous faudra aller au-delà en dégageant des enveloppes exceptionnelles motivées par cette situation exceptionnelle", a expliqué samedi M. Castex, assurant que "le gouvernement, l'Etat assumera les responsabilités qui sont les siennes".
Face à des phénomènes climatiques qui "ont tendance à se répéter, on voit bien que tout ceci est lié au changement climatique qui est à l'oeuvre", a ajouté le Premier ministre. Il faudra selon lui "poursuivre et amplifier des actions structurelles" pour adapter à ce changement l'agriculture et l'ensemble de l'économie, à travers notamment la prochaine Politique agricole commune (PAC) européenne et le projet de loi sur le climat actuellement en discussion à l'Assemblée nationale.
"La France a besoin, et c'est aussi une question de souveraineté, d'une agriculture forte", a insisté Jean Castex à la fin de son intervention à Colombier-le-Cardinal.