Fin septembre, un document filtrait concernant le "droit à polluer" demandé par le Syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon, qui souhaite reverser les eaux usées dans le Bassin en cas de fortes pluies. Vent debout contre cette demande, les ostréiculteurs se sont réunis ce jeudi 10 octobre devant les locaux du SIBA pour protester, et confier leur crainte de l'avenir.
Les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon ne décolèrent pas. Réunis ce jeudi 10 octobre devant les locaux du SIBA, le syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon, ils étaient une centaine à venir protester contre la mauvaise gestion du réseau d'assainissement de la part du syndicat.
L'hiver dernier, après de fortes pluies, les eaux usées avaient débordé dans le Bassin, entraînant une contamination des huîtres au norovirus, responsable de nombreuses intoxications alimentaires chez les consommateurs. À quelques jours du Nouvel An, elles avaient été interdites à la vente, provoquant d'énormes pertes économiques pour les ostréiculteurs.
Vent debout contre un "droit à polluer" du SIBA
Pour éviter que la situation ne se reproduise cette année, les professionnels attendent du SIBA des aménagements et équipements permettant de mieux gérer les eaux usées en cas de pluie, afin qu'elles ne se retrouvent pas dans le Bassin. Or, dans un document révélé fin septembre, ils apprenaient que le syndicat a sollicité un "droit à polluer", en demandant à pouvoir rejeter les eaux usées dans le Bassin en cas d'épisode pluvieux exceptionnel (sept jours consécutifs de pluie et un cumul de 70 millimètres de précipitations).
Une demande inadmissible pour les ostréiculteurs, qui refusent de voir leur Bassin et leurs huîtres contaminées sans rien faire. "On se mobilise parce que 70 mm de pluie sur sept jours, cela ne relève pas de l'exceptionnel, pose Olivier Laban, le président du Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA). Depuis 300 jours qu'on a été fermés, j'osais espérer qu'on puisse avoir des discussions en confiance pour regarder ensemble les solutions et partager priorités d'investissement, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui", regrette l'ostréiculteur.
Sans être technicien, il est facile de constater qu'aujourd'hui, on a un territoire qui sature quand il pleut beaucoup. On voit bien qu'on est vulnérables pendant cinq, six mois de l'année.
Olivier LabanOstréiculteur et président du Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine
"Les bassins de sécurité débordent quand il pleut trop, détaille le président du CRCAA. Deux solutions : soit on pompe ces bassins et on va les déverser beaucoup plus loin dans des zones prévues, soit on construit très vite un nouveau bassin pour pouvoir absorber le surplus", et ainsi éviter qu'il ne se mélange au réseau d'assainissement.
Une surveillance sanitaire plus importante
Les ostréiculteurs sont "inquiets" pour les fêtes qui arrivent, avec la crainte de connaître les mêmes dysfonctionnements que l'hiver dernier. "Mais la profession n'est pas inactive là-dessus, souligne Olivier Laban. Dès le mois prochain, on va mettre en place un réseau de surveillance accrue sur le bassin d'Arcachon. On pourra savoir en temps réel, chaque semaine, quel est l'état sanitaire de notre production, de manière à pouvoir plus ou moins la purifier pour la mettre sur le marché sans souci."
Si on attend que les solutions viennent de l'extérieur, elles arriveront, mais trop tard.
Olivier LabanOstréiculteur et président du Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine
Ce jeudi, les ostréiculteurs étaient soutenus dans leur démarche par des associations environnementales, qui militent pour la préservation du bassin d'Arcachon et voient également d'un très mauvais œil la demande de "droit à polluer" du SIBA. "On a envie de voir un Bassin avec des ostréiculteurs qui vont bien, puisque c'est le signe que la qualité de l'eau est bonne", appuie Bruno Hubert, représentant de l'association Les Écocitoyens du bassin d'Arcachon.
Aujourd'hui, on demande à ce que ça cesse, à ce qu'on mette des moyens d'urgence sur la table et qu'on programme tout moyen technique propre à empêcher la pollution du Bassin.
Jacques StorelliPrésident de l'association Coordination environnementale du bassin d'Arcachon
Ces associations pointent du doigt l'urbanisation croissante du Bassin, qui entraîne des problèmes au niveau du réseau d'assainissement. "On a développé l'attractivité, on dit aux gens de venir mais il y a des conséquences. Plus il y a de gens, plus il y a de problèmes", dénonce Bruno Hubert.
"On a demandé au préfet de la Gironde qu'il bloque les permis de construire dans les zones impactées par le ruissellement, les inondations et la pollution, mais on n'a pas réussi", regrette Jacques Storelli, président de l'association Coordination environnementale du bassin d'Arcachon.
Ostréiculteurs et défenseurs de l'environnement entendent continuer de se battre pour la préservation de leur Bassin, alors que, pour l'heure, la demande du "droit à polluer" du SIBA est toujours en cours d'instruction à la préfecture de la Gironde.