À partir de ce lundi, près de 7 cabinets dentaires sur 10 resteront portes closes en Gironde, et ce pour toute la semaine. Les praticiens se mettent en grève dans le cadre d'un mouvement national. Le but : protester contre le plafonnement des prothèses dentaires et la réévaluation des soins.
Le mouvement est d'échelle nationale, mais il sera tout particulièrement suivi en Gironde. Du 12 au 16 juin prochain, les cabinets dentaires garderont les portes closes en signe de protestation. Ils seront 7 sur 10 à suivre ce mouvement de grève totalement inédit dans le département.
Leur grief : la réforme de l'ex-ministre de la santé Marisol Touraine, validée par l'ancien gouvernement en mars dernier. Celle-ci "va plafonner les tarifs des prothèses dentaires et augmenter la base de remboursement des couronnes, tout en revalorisant certains actes pratiqués par les chirurgiens-dentistes", indiquait alors le ministère de la Santé.
Après la loi ANI imposant la mutuelle dans toutes les entreprises, la loi Le Roux et la loi Bachelot, c'est la mesure de trop pour les dentistes. "On va droit vers la politique de santé publique qu'on critiquait chez nos voisins il n'y a pas si longtemps", annonce Dr Sylvain Mercandalli, praticien au Porge en Gironde.
Lui-même respectera le mouvement de grève et fermera son cabinet la semaine prochaine. Son principal regret : le risque d'un effet "low-cost" : "C'est la notion de qualité qui est en jeu", estime-t-il. Selon lui :
On finira par arriver à une dentisterie à deux vitesses, avec certes des soins à très bas prix mais de qualité médiocre, au risque d'endommager la santé du patient.
Impossible de conjuguer soins à faibles coûts et soins de qualité selon lui. "Demain, on achètera des prothèses dentaires fabriquées dans des laboratoires étrangers pour réduire les coûts". Une situation qui le désole : "à l'arrivée, on ne fera même pas d'économies puisqu'il faudra sans cesse refaire les soins".
Un "nivellement par le bas"
Par ailleurs, le risque est à terme de creuser encore plus les déserts médicaux. Lui-même médecin de campagne, Sylvain Mercandalli annonce qu'il "ne pourra plus prendre autant de temps pour soigner un enfant, une personne âgée ou handicapée. C'est le risque d'un nivellement par le bas", alerte-t-il.
"J'ai prêté serment, je ne peux pas renier ça pour rentrer dans les cases. Je ne vois que deux possibilités : soit fermer mon cabinet, soir mettre un mouchoir sur mes valeurs", conclut-t-il.
Si la porte n'est pas fermée par la nouvelle ministre de la Santé Agnès Buzyn, le dialogue n'est pas pour autant créé pour l'instant.
Mardi, une journée d'action est prévue à Bordeaux place de la Victoire et rue Sainte-Catherine. Les praticiens donneront des consultations gratuites, afin de sensibiliser à l'importance de la prévention.