Lundi soir, l’incendie qui s’était déclaré plus tôt dans l’après-midi avait détruit 250 hectares de pins. Une cinquantaine d’habitants ont été évacués. Témoignage d’une soirée sous tension.
Il est 15h lorsque la préfecture annonce un incendie, sur la commune du Tuzan, en Gironde. À cette heure, 10 hectares de jeunes pins ont brûlé. Ce mardi 28 juillet, le bilan monte à 295 hectares, selon les pompiers. “C’est le premier incendie de l’été. On a eu un incendie très rapide, avec un vent moyen changeant qui a créé trois fronts”, explique Eric Suzanne, le sous-préfet de Langon.
? #feudeforêt #LeTuzan
— Préfète de la Nouvelle-Aquitaine et de la Gironde (@PrefAquitaine33) July 28, 2020
Point de situation à 9h :
Feu maîtrisé. Plus de progression. Conditions météorologiques favorables.
➡️ 250 ha brûlés
➡️ 24 moyens de lutte engagés
➡️ 1 DASH sur zone à partir de 9h30.
Opérations de noyage, traitement des lisières et surveillance.
“On a été pris de court”
Le feu, très virulent s’est rapidement propagé sur les communes de Saint-Symphorien et de Louchats, en plus de celle du Tuzan. “C’est une situation de crise, avec des conséquences importantes. On a eu le doute que le feu progresse vers les maisons”, s’inquiète le maire de Saint-Symphorien, Bruno Gardère.Au Tuzan, Laurence Manoux, adjointe au maire, se souvient d’une progression fulgurante.
Propriétaire de chevaux, elle a dû évacuer ses animaux. Elle s’est retrouvée face aux flammes. “Quand je suis arrivée, je voyais de la fumée au loin, on voyait l'incendie s'éloigner. Et en dix minutes, le vent a tourné et les flammes étaient à 20m”, se remémore l’adjointe au maire du Tuzan.On a été pris de court. L’incendie allait dans tous les sens. J’ai vraiment craint de voir le village encerclé par le feu. C’était très impressionnant. Cela n’avait rien à voir avec les incendies précédents.
Solidarité d’urgence
Le courage des pompiers a été salué par plusieurs élus et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Laurence Manoux souligne “la disponibilité” des hommes du feu. “Ils ont eu une coordination exceptionnelle, avec une vraie capacité d’écoute et de réaction. Si on est là aujourd’hui, c’est grâce à eux”, remercie l’adjointe au maire.Dans les communes voisines, la solidarité envers les pompiers, mais aussi les habitants s’est organisée. L’Intermarché de Saint-Symphorien et une boulangerie de la commune a ainsi rouvert ses portes, “pour fournir” du pain, selon le maire de la commune. Une entraide entre maires également, pour maîtriser la situation. “Nous avons eu un véritable soutien moral et technique de la part des maires autour, qui nous ont proposé leur aide. Ca nous a rassurés, on ne se sentait pas seuls”, confie Laurence Manoux.
"Ils ne voulaient pas quitter leur chez-soi"
En début de soirée, une cinquantaine de personnes ont dû être évacuées."Ca s'est fait dans un calme relatif, les personnes étaient accompagnées. Il y avait de la crainte bien sûr, mais pas d’affolement général”, détaille Laurence Manoux. "Quand on a vu les flammes à 20 mètres, on a pas réfléchi. On a prévenu les voisins et on est parti", raconte un résident.Si au Tuzan, l’évacuation s’est fait sans souci, le maire de Saint-Symphorien évoque les craintes de certains résidents, non sans comprendre la peur de ses concitoyens.
Ce matin, un nouveau point a été établi : la quinzaine de résidents évacués ne pourra regagner leur logement qu’en fin d’après-midi, si le feu n’a pas repris.Ils ne voulaient pas quitter leur chez-soi alors que le feu était à 40 mètres.
Crainte d'une reprise
Pour l’heure, le feu serait parti de la route entre Le Tuzan et Hostens. “Une enquête a été confiée à la gendarmerie pour établir les circonstances de ce feu”, rappelle le sous-préfet. Si l’origine du feu est encore inconnue, Eric Suzanne évoque un contexte propice. “Nous avons des températures très élevées, et une végétation que l’on connaît. Le risque est important oui.”Désormais, les pompiers et les élus craignent un redémarrage du feu, à cause du vent. “On a fait le tour de la zone ce matin, il y a encore beaucoup de foyers, un peu partout”, observe Laurence Manoux. Si les températures ont baissé, le sol reste encore sec."Le feu est fixé mais il est toujours actif, sous terre. Avec le vent et la chaleur, il suffit d'un combustible pour que le feu reparte", explique le lieutenant-colonel Pitault, en charge de la communication des pompiers. Les pompiers s’activent désormais pour éteindre les foyers au plus vite, avant un regain des températures et de l’ensoleillement, prévu dans les prochains jours.