« Le risque n’a jamais été aussi haut », avertit le maire de Bègles, près de Bordeaux, « il est temps que l’Etat français anticipe ce risque en élargissant au plus vite le périmètre d’activation du Plan Particulier d’Intervention à l’ensemble du territoire national.
Pour l’instant, en Gironde comme partout en France, seuls les habitants vivant à moins de 20km d'une centrale nucléaire peuvent se procurer des pastilles d’iode en pharmacie. A l’heure actuelle, ce sont donc les riverains aux abords de la centrale du Blayais à Braud-et-Saint-Louis qui y ont accès, dans le nord de la Gironde.
Le reste des Français sera-t-il autorisé à se procurer de l’iode stable dans un avenir proche ?
Face à la "banalisation par Vladimir Poutine" de la menace nucléaire, le maire EELV de Bègles lance pour la deuxième fois depuis le 6 mars dernier un appel à Emmanuel Macron. Il attend du président de la République, fraîchement réélu, qu’il permette à la population d’être mieux protégée en cas d’irradiation.
Pour l’instant, je n’ai pas eu de réponse, si ce n’est un accusé de réception, et je trouve cela grave.
Clément Rossignol-Puech, maire de BèglesSource : France 3 Aquitaine
« Je ne souhaite pas faire peur à la population, mais… »
« Je ne souhaite pas faire peur à la population mais il faut le dire », a-t-il déclaré ce lundi 9 mai à France 3 Aquitaine.
« Le risque est de plus en plus élevé. Il n’a jamais été aussi haut de l’utilisation de l’arme tactique nucléaire en Ukraine par Vladimir Poutine. En ce moment-même, les médias russes pro-Poutine montrent des simulations d’attaque de l’Europe avec des missiles nucléaires. Donc, ce que je souhaite, c’est qu’on prenne ce risque au sérieux et qu’il y ait une distribution préventive de comprimés d’iodes qui permet d’atténuer les effets de la radioactivité sur la santé humaine ».
Un comprimé distribué avant pour une meilleure réactivité
Si Clément Rossignol-Puech intervient sur ce sujet, c’est bien parce qu’il a le sentiment qu’en tant que maire, il ne sera pas à même de réagir dans les temps si une attaque nucléaire survenait.
Il indique qu’ « aujourd’hui, le protocole en vigueur lors d’un accident nucléaire grave, qui prévoit un acheminement des comprimés aux habitants par l’intermédiaire des structures administratives intercommunales, puis des communes semble difficilement réalisable dans des délais très courts de quelques heures".
L'élu écologiste s’interroge donc « sur la capacité réelle des maires à mettre en œuvre cette distribution dans de bonnes conditions auprès de leurs administrés, alors même qu’ils n’ont actuellement aucune connaissance des lieux de stockage des comprimés auprès desquels s’approvisionner, et que cette distribution se déroulerait probablement dans une situation de crise et de panique entrainant une saturation des voies de circulation ".
Est-il possible de s’en procurer aujourd’hui ?
La délivrance de comprimés d’iode est très encadrée. Tout le monde ne peut pas s’en procurer.
Seules les personnes vivant près d’une centrale nucléaire peuvent y prétendre. En Gironde, les pharmacies délivrant de l’iode stable se situent donc dans ces zones, en l’occurrence près de la centrale du Blayais située à Braud-et-Saint-Louis dans le nord du département.
A Berson, Henri Hibon nous explique les régles fixées par l’Etat et que les pharmacies appliquent donc au quotidien. « Nous avons des pastilles d’iode car on est dans les 20km autour de la centrale de Blaye », rappelle le pharmacien.
Nous délivrons des pastilles aux patients en fonction de leur domicile. Les gens viennent avec un bon à la pharmacie ou avec un justificatif de domicile.
Henri Hibon - pharmacien à Berson ( 33)Source : France 3 Aquitaine
"On leur donne alors une boîte ou deux en fonction de leur ménage, s’ils sont plusieurs adultes dans le foyer ».
Des stocks de comprimés insuffisants ?
Dans un communiqué Clément Rossignol-Puech annonce qu’il « faudrait 130 millions de comprimés pour assurer la protection des populations, soit un écart de 34,3 millions de comprimés » avec les « 95,7 millions disponibles » annoncés par Olivier Véran en novembre dernier. Face à de tels constats, le maire de Bègles dénonce « un déni de l’Etat français face aux risques nucléaire et sanitaire graves encourus par sa population et aux moyens de l’en protéger ».
Une mise en garde, et derrière, le souvenir des couacs gouvernementaux sur la méthode à adopter face au Covid 19. Et la capacité de l’Etat à fournir des masques aux Français en temps et en heure mais aussi en nombre suffisant.