Depuis la découverte d'une faille de 4 mètres de profondeur dans son jardin de Cursan, en Gironde, la famille Arlot vit un vrai calvaire. En dessous se situe une ancienne carrière non répertoriée. Obligée de quitter les lieux, la famille se retrouve démunie en l'absence de prise en charge par son assurance. Dans l'attente d'en savoir plus, c'est tout un village qui s'inquiète.
Quand, le 11 mars dernier, Stéphane Arlot se réveille, il ne s'attend pas à ce qu'il va découvrir. En prenant son petit-déjeuner dans sa maison de Cursan, en Gironde, il aperçoit quelque chose dans son jardin. Surprise : une faille de 4 mètres de profondeur s'est creusée dans son jardin. "Je suis sorti et là, en voyant ce trou, ça m'a glacé le sang, raconte-t-il. Je me suis dit qu'il aurait pu y avoir un drame."
C'est à ce moment-là que la galère commence pour lui et sa famille. Hébergés ailleurs, depuis, ils ne savent pas encore s'ils pourront revenir chez eux et combien pourraient leur coûter les travaux, l'assurance ne prenant pas en charge le sinistre. Mais face aux malheurs de la famille, un élan de solidarité leur permet d'espérer.
Livrés à eux-mêmes
Le jour où Stéphane Arlot a découvert la faille dans son jardin, le pire a été évité. "C'était un jour pluvieux. Heureusement, car si la météo l'avait permis, les enfants seraient sortis dans le jardin pour jouer en autonomie, comme d'habitude", se souvient le père de deux enfants de 4 et 6 ans. De suite, il prévient les pompiers qui demandent à la famille de quitter les lieux. Une semaine plus tard, des spéléologues du Spéléo-Secours Français de Gironde (SSF 33) viennent inspecter le trou. Ils découvrent en fait une ancienne carrière de calcaire de plus de 11 m de long.
"L'assurance a pris en charge le relogement pendant 5 nuits, en attendant d'en savoir plus. Mais ensuite, plus rien. Comme ça ne touche pas la maison directement, l'assurance ne fonctionne pas", explique Stéphane Arlot, dépité. L'état de catastrophe naturelle n'a pas non plus été déclaré. Un vrai problème pour le couple qui doit tout prendre à sa charge. Depuis peu, ils ont accès à un logement mis à disposition par la commune de Cursan. Mais pendant de longues semaines, ils ont dû se débrouiller seuls. Par chance, les Arlot possèdent de la famille non loin de là, qui a pu les accueillir.
Si depuis le relogement, la situation s'améliore un petit peu, "ce n'est pas facile moralement", avoue Émilie Arlot. "Les enfants se questionnent et ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas rentrer chez eux. C'est dur de les rassurer, car même nous, on ne sait pas où on va, ni ce qu'il va se passer."
Pourtant, malgré ces deux mois d'attente, ils n'envisagent pas de déménager. Leur priorité est de retourner dans leur maison.
Une famille et un village dans l'attente
Afin de déterminer les travaux à réaliser, et à quel prix, ils doivent réaliser une étude de sol. "Les premiers devis que l'on a reçus pour cette étude sont aux alentours de 6 000 euros. Est-ce qu'il suffit juste de reboucher le trou ? Est-ce qu'il faut renforcer la maison ? C'est l'étude qui va le décider." Une somme conséquente pour le couple Arlot qui doit d'abord trouver les fonds suffisants.
Nous avons fini les travaux à l'intérieur de la maison en décembre 2022. On s'était dit qu'on allait s'occuper de l'extérieur après, mais pas dans ces conditions-là…
Stéphane Arlot
Face à ces déconvenues multiples, un élan de solidarité s'est lancé dans le village. Voisins et amis se sont mobilisés pour aider la famille Arlot, démunie. Ce qui a profondément touché Stéphane et Émilie Arlot : "Dès le premier soir, ils ont été présents pour nous, nous ont invités quand on était logé à l'hôtel et que l'on n'avait pas de cuisine. Ils nous ont aidé quand on a aménagé dans une autre maison qui n'était pas meublée afin de trouver tout le mobilier. Cela nous a fait énormément de bien et a contribué au fait qu'on tienne le coup, parce que c'est quand même quelque chose qui nous a assommé."
Une cagnotte en ligne a même été créée par les amis et voisins de la famille Arlot, afin que ces derniers puissent financer l'étude de sol.
Impatients d'en savoir plus, l'attente se fait longue pour la famille Arlot. Il en va de même pour leurs voisins, qui craignent à présent des mésaventures du même ordre. "On ne s'attendait pas à cela, on est un peu inquiet. Mais pour l'instant, il faut attendre les études pour savoir si on est concerné", réagissent Franck Hyves et Véronique Durandet qui habitent à côté.
La surprise des habitants de Cursan est d'autant plus forte qu'aucune carrière n'était répertoriée sur la commune. "Il s'agit de la première qui est découverte ici. Toutes les communes autour de Cursan ont des carrières répertoriées pourtant", soulève Stéphane Arlot. Plus que la famille Arlot, c'est toute une commune qui attend d'en savoir plus sur ce qu'il y a sous ses pieds.