Les "cailloux de compagnie", un phénomène asiatique qui pourrait toucher la Côte d'Azur et ses galets ?

Utiliser un simple galet comme compagnon de vie : et si cette idée devenait tendance en France ? Cette pratique aux allures loufoques a déjà été popularisée en Asie chez les jeunes. En Côte d’Azur, certains artistes ont déjà fait du galet leur objet artistique de prédilection. Sa banalité pourrait expliquer l'attrait qu'il suscite.

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"Un jour, un homme est resté sans voix en recevant un galet que j’avais dessiné. Il m’a confié que ce geste avait réveillé en lui une émotion qu’il croyait oubliée."

Depuis dix ans, NathalieT collecte et décore des galets, trouvant dans leur texture et leur forme une source d’inspiration inépuisable.

"Le galet, c'est comme une madeleine de Proust. Il évoque la mer, les souvenirs d’enfance, les moments simples passés sur la plage."

En Asie, ces pierres sont personnalisées avec des visages peints et parfois des accessoires miniatures et appelées "galets de compagnie". Elles sont devenues des substituts affectifs pour des jeunes en quête de simplicité. Une information du quotidien singapourien Lianhe Zaobao.

Avec les cailloux, on peut bavarder. Ils sont des compagnons parfaits pour satisfaire nos besoins affectifs.

Selon le quotidien singapourien Lianhe Zaobao

Si la mode asiatique du caillou de compagnie joue sur le kitsch et le fétichisme, l’approche de NathalieT, uniquement artistique, est quant à elle ancrée dans une tradition méditerranéenne.

Car sur la Côte d’Azur, il ne s'agit pas d’un objet comme les autres : le galet fait partie de notre imaginaire collectif. À Villeneuve-Loubet, où officie NathalieT, se tient d'ailleurs le championnat du monde de châteaux de galets. Ces pierres sont ainsi bien plus qu’un simple matériau naturel : elles symbolisent une connexion profonde avec la nature et la région.

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"On a besoin d'affectif, explique Nathalie T. Le fait de faire de ces galets un compagnon, ça veut dire énormément de choses. Un compagnon, ça peut ressembler à un doudou. Le fait de mettre deux yeux et une bouche à un galet, c'est complètement enfantin, c'est un peu Monsieur Patate."

Si pour elle, le galet est exclusivement un support artistique, elle a tout de même réussi à faire de cette pierre banale et ordinaire un véritable outil d’expression. 

"Le galet, c’est instinctif et rassurant. Quand je dessine dessus, je ressens une connexion vibratoire" explique-t-elle.

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Et si le galet décoré (ou "de compagnie) devenait tendance également en France ? Image d'illustration. © MOURAD ALLILI / MAXPPP

Se connecter à soi et à autrui

Au-delà de l’art, Nathalie voit dans le galet un objet quasi-thérapeutique, capable de réveiller notre imaginaire enfantin. C'est ce qui pourrait en partie expliquer l'attrait asiatique.

"Le fait de tenir un galet dans sa main, de lui donner une forme, un visage, c’est comme retrouver son âme d’enfant. "

Ce compagnon silencieux, dénué d’exigences, devient dans les pays asiatiques un objet dans lequel on se projette : il absorbe les émotions, reflète les états d’âme et invite à ralentir le rythme. "Il y a un besoin de réassurance dans cette époque hyperconnectée."

Pour NathalieT, la simplicité à laquelle invite le galet est essentielle  : "Créer, c’est comme jouer. Les enfants empilent des galets sur la plage sans se poser de questions. C’est une créativité accessible à tous, sans prétention."

Le galet de compagnie : mais d’où ça vient ?

En Asie, cette pratique est née d’un besoin de réconfort dans des sociétés marquées par l’isolement urbain. Les galets de compagnie ("pet rocks") connaissent un succès fulgurant en Chine et en Corée du Sud.

Si les jeunes sont particulièrement friands des "galets de compagnie, cette pratique n'est pourtant pas née avec les réseaux sociaux. Le concept des "Pet Rocks" a été imaginé dans les années 1970 aux États-Unis et avait d’ailleurs connu une popularité fulgurante avant de retomber dans l’oubli.

Aujourd’hui, ce retour ô combien original des objets fétiches pourrait répondre à un besoin de reconnexion dans un monde en mutation.

Rappelons tout de même que le ramassage des galets est une pratique interdite en France sur les plages. Il reste néanmoins possible d'acheter des galets décoratifs en magasin !

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