Selon un arrêté publié vendredi au Journal officiel, les éleveurs français vont devoir confiner leurs volailles. Le risque relatif à la grippe aviaire est passé au niveau "élevé" en France métropolitaine, en raison de cas dans les pays voisins. C'est un peu rapide pour les éleveurs aquitains.
Ce relèvement du niveau de risque implique que tous les élevages de volailles enferment leurs animaux pour éviter les contacts avec les oiseaux migrateurs, potentiellement porteurs du virus d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), communément appelée grippe aviaire. C'est aussi le cas aux Pays-Bas depuis la semaine dernière.
Un confinement trop hâtif ?
Pour Vincent Laborde, éleveur à Saint Aubin dans les Landes, c'est un peu tôt à son goût, même s'il dispose du matériel et de bâtiments nécessaires à ce confinement.: "On nous avait parlé du 15 novembre. On a déjà claustré des canards il y a un mois. Ceux qui avaient plus de six semaines pouvaient rester dehors, les autres à l'intérieur... (...) Je trouve qu'on va très très vite. Le risque élevé ? On n'a pas de cas sur le territoire : on va très très fort!"
En plus, d'après lui, cette situation d'enfermement perturbe ses volailles : "Y'a pas photo, les canards (rentrés)depuis six semaines et demi... Ça fait une semaine qu'on se rend compte que les canards sont très très nerveux, quand je fais le paillage il fauit ya aller très doucement, leur parler...(...) je me renseigne autour de mois : c'est un phénomène qu'on trouve sur les canards claustrés..."
Il a bien compris que dans le contexte, la solution adoptée c'est la claustration, mais il regrette car c'est aussi le mode d'élevage de plein-air qui est condamné, au moins ponctuellement : "Si on fait du plein-air, c'est pour quelque chose! (...) Le meilleur du claustré ne sera pas bon comme le mauvais du plein-air. Faut pas rêver!
Eviter une énième crise
Le gouvernement espère éviter la répétition de l'hiver dernier: la France avait recensé près de 500 foyers d'influenza aviaire dans des élevages de volailles, principalement dans le Sud-Ouest réputé pour sa production de foie gras.
La crise n'avait pu être enrayée qu'au prix de l'abattage de plus de 3,5 millions de volailles, essentiellement des canards.
"L'emballement de la dynamique d'infection dans les couloirs de migration justifie l'élévation du niveau de risque", à "élevé" sur "l'ensemble du territoire métropolitain", indique l'arrêté qui entre en vigueur immédiatement.
L'épidémie à quelques battements d'ailes
"Depuis le début du mois d'août, 130 cas ou foyers d'influenza aviaire ont été détectés dans la faune sauvage ou dans des élevages en Europe notamment au bord de la mer du Nord et de la mer Baltique, dont trois foyers dans des élevages allemands", recense le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.
"Dans le même temps, la claustration de tous les élevages professionnels a été décidée aux Pays-Bas à la suite de la détection d'un foyer dans un élevage de poules pondeuses. En Italie, six foyers ont été détectés dans des élevages de dindes de chair dans la région de Vérone depuis le 19 octobre", poursuit le ministère.
En France aussi
Des cas ont aussi été détectés en France, mais uniquement dans des élevages non-professionnels jusque-là, ce qui permet de conserver le statut "indemne" d'influenza qui conditionne des débouchés à l'export.
Les cas français concernent "trois basses-cours contaminées" dans les Ardennes et dans l'Aisne, rappelle le ministère.
Le niveau de risque était déjà passé à "modéré" le 10 septembre. Les éleveurs situés dans près de 6.000 communes devaient dès lors confiner leurs volailles, en particulier le long de la façade Atlantique et du couloir rhodanien - des zones humides prisées par les oiseaux migrateurs. C'est donc déjà le cas sur les élevages de Nouvelle-Aquitaine.