A deux pas de la métropole, les jalles offrent un réservoir de biodiversité à préserver. Ici, un maraîcher accueille les abeilles de son voisin apiculteur, là des éleveurs et paysans se rassemblent pour promouvoir les producteurs locaux. Et si cette épidémie changeait notre consommation ?
En ces temps atypiques, se nourrir, maintenir le lien social, préserver la santé de ses proches, se recentrer sur l'essentiel semblent les maîtres-mots de cette période épidémique.
Ce fut aussi l'occasion de remettre l'humain et son rôle à sa juste place. Une philosophie applicable au quotidien chez soi, au jardin comme au potager! Une idée qui ne date pas d'hier pour Pierre Gratadour, maraîcher au Haillan qui cultive ses légumes sans pesticide ni désherbant, mais des engrais, purins bio et techniques naturelles, depuis plus de 25 ans.
Chez lui, au lieu-dit Jalles-Pont, on est maraîcher depuis quatre générations: "Mes parents n'avaient pas de pratiques trop chimiques mais cette démarche (sans produits) a commencé avec ma génération, quand j'ai travaillé avec eux, à partir de 1993".
Aujourd'hui, il produit 70 légumes différents et près de 250 variétés :
Toujours des légumes de saison! Des classiques: courgettes, tomates, etc... que veulent les clients . Mais aussi des légumes ou des variétés oubliés.
Favoriser la biodiversité
Dans les faits, même si sa production "n'est pas labellisée", son mode de culture, assimilé bio, favorise la biodiversité. Sans pesticides, les insectes prolifèrent aussi grâce aux haies composées qu'il plante, aux "rouilles" (rainures) qu'il creuse pour réguler l'eau dans les parcelles, mais aussi au fauchage tardif des bandes laissées en herbe entre les cultures...Une démarche qui nécessite plus de manipulations mais qui collabore parfois avec la nature. Ainsi, il a choisi, il y a 18 mois d'accueillir les ruches de Juan Gonzalez, un apiculteur de 38 ans en reconversion.
Pour Juan, c'est une vocation tardive. S'il a pratiqué l'apiculture depuis une dizaine d'année en amateur éclairé en plus de son activité, ce n'est qu'en 2018 qu'il s'installe en tant que professionnel.
Aujourd'hui, il se plait à jouer avec la saisonnalité, à faire transhumer ses ruches pour la floraison d'acacias ou, comme la nuit prochaine, de bourdaine. Il a aujourd'hui près de 200 ruches mais pour lui, c'est loin d'être une grande entreprise:"on est des paysans"...
Grâce à l'association "Le goût de nos fermes" dans laquelle il est accepté, il a appris à connaître le président, Pierre Gratadour dont il apprécie la philosophie, la façon de travailler "en biodynamie".
D'ailleurs, c'est pour l'acacia que Pierre Gratadou accueille les ruches de Juan sur son terrain. Mais pour d'autres transhumances, comme chez ce producteur de myrtilles par exemple, il s'agit de prestations pour lesquelles il est rémunéré car ses abeilles sont sollicitées pour favoriser une meilleure pollinisation, donc une plus belle production.
Pour en savoir plus sur Juan Gonzalez et sur sa passion d''apiculteur (une vidéo sur sa page)
Favoriser le lien, les producteurs locaux
Ce plaisir de faire, d'accompagner la nature, de récolter, ils peuvent aussi le partager notamment une fois par mois lors du marché fermier de leur association Le Goût de notre ferme, chez P.Gratadour aux "légumes des jalles , arrêt de tram D Cantinolles).
C'est un groupement de producteurs initié en 2007, puis en association en 2015, afin de commercialiser directement leurs produits fermiers "en circuit court en Gironde sur les fermes de nos adhérents en périphérie de Bordeaux" .
Les conditions d’adhésion à notre collectif sont le respect de l’environnement et la qualité constante des produits, associées aux valeurs humaines qui nous lient, le respect, l’entraide et la solidarité.
d'après le site "le goût de notre ferme"
Le confinement : comme une redécouverte des produits sains et locaux
Juan comme Pierre le disent chacun à leur façon. Ce temps du confinement a aussi permis de recréer du lien. Car les marchés ont pu continuer de se tenir avec des aménagements. Et s'ils retrouvaient leurs habitués, certains "nouveaux" sont venus et semblaient apprécier leur produits."C'est sûr, on verra si ça continue sur la durée", dit Juan. "mais j'en ai déjà qui sont revenus depuis le déconfinement".
Car certains avaient peut-être plus de temps durant le confinement, "profitaient aussi de cette sortie alimentaire, ou encore avaient peur d'aller dans les supermarchés".
Pourtant, ils le disent, chacun, là aussi malgré, et peut-être surtout, le contexte, il s'est créé du lien. Chacun a pu parler de son travail, de ses produits. Il faut dire aussi que le miel bénéficie d'une connotation santé, boosteur d'énergie, voire de défenses immunitaires pour certains. Un atout en ces temps sanitairement incertains, ne serait-ce que pour le plaisir des papilles!On voyait bien, au début, qu'ils n'osaient pas nous poser des questions, et puis nous on ne pouvait pas faire goûter comme on fait d'habitude
Juan - l'apiculteur.
Les Jalles, le "poumon verte de la métropole"
Il faut dire que ce domaine des Jalles est, d'après lui, "le poumon vert de la métropole" et assurément un site naturel à préserver. Depuis plusieurs mois, cette zone qui représente 6000 hectares sur une dizaine de communes fait l'objet d'un projet de préservation, en concertation avec le grand public et les acteurs économiques, institutionnels.Bordeaux Métropole souhaite créer un parc naturel et agricole métropolitain, au Nord de l'agglomération, qui portera le nom de "Parc des Jalles".
Une "co-construction" de façon à favoriser les activités notamment agricoles tout en préservant ses spécificités naturelles. Un projet qui devrait aboutir à l'automne 2020...
Des explications dans cette vidéo de juin 2019, produite par Bordeaux Métropole >
Prochains rendez-vous du marché
Le 13 juin: Marché fermierBLANQUEFORT chez Julien SARRES, à La Vacherie
à rue François Ransinangue 33290 Blanquefort
Le 20 juin: Marché fermier mensuel (tram D arrêt Cantinolles)
LE HAILLAN chez Pierre GRATADOUR, "Les Légumes de Jallepont" (118 Jalles Pont 33185 Le Haillan)