Histoire. Sur les traces de l'un des dirigeants du parti communiste laotien dans un documentaire inédit "L'homme de l'ombre".

durée de la vidéo : 00h01mn29s
L'homme de l'ombre
L'homme de l'ombre ©Les Poissons Volants

Depuis 15 ans, Sandra Devonssay, réalisatrice landaise, cherche à connaître l'histoire de son père, celui qui fut l’un des dirigeants du parti communiste laotien. Une enquête qu'elle a menée en France et au Laos dans ce documentaire inédit.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le vrai nom de Sandra n’est pas celui qu’elle porte. Son père a dissimulé son identité lors de sa naturalisation. Qui était alors ce réfugié politique particulier, cet homme de l’ombre ? 

Sandra Devonssay, réalisatrice vivant dans le petit village landais de Linxe, a rencontré son père à l’âge de cinq ans, après avoir immigré en France d'un camp de réfugiés en Thaïlande avec sa mère et ses frères et sœur. Son père avait fui le Laos alors qu'elle n'avait que trois mois, laissant une femme et quatre enfants à l'abandon.

A la mort de son père, Sandra a découvert qu’il avait été, pendant la guerre du Viêtnam, le numéro deux du parti communiste laotien jusqu’au moment où il avait fui le pays.

Retour aux origines

A sa naissance en 1978 au Laos, Sandra Devonssay s'appelait Vatthana Dejvongsa. Un nom porté pendant douze ans, jusqu’à ce que l’administration française lui attribue, ainsi qu'à sa famille, une nouvelle identité. Son père, réfugié politique laotien en France, s’était évertué à effacer leur nom, comme en  témoigne la pile de documents administratifs qu’il conservait dans sa vieille serviette en cuir, objet de tous les fantasmes de la réalisatrice, qui avait bien compris depuis toujours qu'elle contenait certainement des réponses à tant de questions.

Cette serviette en cuir est le seul « héritage » que son père a laissé à sa mort, en 2001. Ces documents mystérieux, écrits en laotien, ont alors permis à Sandra de comprendre que son père était le bras-droit du président du Pathet Lao, Parti Communiste Laotien. Ils lui ont aussi permis de comprendre pourquoi il avait quitté le Laos brusquement en 1979, abandonnant alors sa femme et ses quatre enfants, peu de temps après sa naissance.

Une prise de conscience alors pour la réalisatrice que ces documents contiennent beaucoup plus qu'une histoire de famille mais aussi et surtout, un pan occulté de l’histoire du Laos.

Alors, pour comprendre pourquoi ce père était entouré de tant de mystère et retracer l'origine de tous ces documents secrets, la réalisatrice a décidé de s'envoler vers son pays d'origine, le Laos. Un voyage dans lequel elle entraîne le téléspectateur au cours du documentaire afin de convoquer sur place des souvenirs avec l'espoir de revenir avec des réponses à la question essentielle : qui était vraiment son père ?

Pour comprendre qui était mon père, il fallait que je retourne aux sources de son histoire, de notre histoire.

Sandra Devonssay

Retour au Laos

C'est en 2006 que Sandra fait son premier voyage au Laos depuis sa naissance, en compagnie de sa sœur, avec les documents en guise de fil rouge pour tenter sur place de remettre en scène l’histoire de son père, cet homme de l’ombre.

A son arrivée, un sentiment particulier l'envahit.

Tout est à la fois familier et étranger.

Sandra Devonssay

Ce périple est notamment l'opportunité de rencontrer les trois frères de son père qui lui apprennent quel genre d’homme il était, de son passé de fils de paysan pauvre à son ascension au sein du Pathet Lao. 

Son père lui avait dit un jour que le Communisme était une utopie.

Cette phrase continue de la hanter : qu’est-ce qui avait bien pu le pousser à trahir son parti alors que le Communisme était enfin arrivé au pouvoir et qu’il occupait un poste important et respectable ?

Elle apprend alors que c'est en affichant son désaccord avec son parti en 1979 qu'il avait été considéré comme un traître et s’était donc réfugié en Chine où l'on avait tenté de le tuer car on le considérait dangereux pour le gouvernement en place. 

Au nord du pays, Sandra retrouve une sépulture avec les cendres de son père, cet homme banni dont le nom a été dissimulé pour que les communistes ne détruisent pas sa tombe s’ils la trouvaient. Traître aux yeux des Communistes, tortionnaire aux yeux des réfugiés, ce père avait fait en sorte d’effacer son nom en se faisant naturaliser.  

Et à force d'écumer tous les musées du pays, elle retrouve enfin une trace de son père et de son passé glorieux sur une photo de 1973.

Les pièces du puzzle commençent à se former, dévoilant en même temps les pans de cette mystérieuse histoire.

Son père n'avait pas abandonné sa famille mais ce sont ses idéaux qui l'avaient pris au piège. Et c'est en s'enfuyant du Laos que son père était resté intègre.

Après 2006, Sandra est repartie deux autres fois au Laos, une fois avec sa mère pour revenir avec elle sur les endroits marquants de sa vie d'alors, et une autre fois, en hommage à son père mais aussi à son frère décédé.

Une histoire dans l'Histoire

En ayant décidé de porter son histoire personnelle à l'écran, Sandra ne regrette rien bien au contraire car, grâce à ce secret bien gardé, elle a pu retracer en image l'histoire de sa famille et percer le mystère de son père.

Le silence de mon père a été le plus beau des cadeaux : une histoire à raconter, notre histoire.

Sandra Devonssay

Et puis, ce documentaire a également contribué à libérer la parole de sa mère qui ne souhaitait pas initialement s'exprimer, refusant de réveiller la douleur du passé et le sentiment de honte d’avoir été abandonnée par son mari au Laos. Mais au fur et à mesure du documentaire, elle se livre et fait des révélations, devenant finalement le témoin clé de l'histoire familiale.

durée de la vidéo : 00h01mn30s
Extrait du documentaire avec la mère ©Les Poissons Volants

Ce film permet également de revenir plus largement sur l'histoire d'un pays, le Laos, un tout petit pays coincé entre ses puissants voisins la Chine et le Vietnam, qui s’est fait déposséder de sa liberté après la guerre du Vietnam.

Une histoire de famille qui pourrait être finalement universelle quand il est besoin pour certains d'exhumer des histoires cachées pour savoir qui l'on est et d'où l'on vient et pour comprendre, voire pardonner, des mystères et histoires de familles compliquées.

L'homme de l'ombre : jeudi 23 mai à 22.55 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine et replay sur france.tv

Un film de Sandra Devonssay - 52 mn

Production : Les Poissons Volants - Bachibouzouk - France Télévisions

Avec la participation du Centre National de la Cinématographie et de l’Image Animée 
du Fonds Images de la Diversité - Agence Nationale de la Cohésion des territoires 

Avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine et l’accompagnement de l’ALCA, de la PROCIREP – Société des Producteurs et de l’ANGOA 

NB : Ce film a reçu le soutien de la Maison des Scénaristes à Cannes en 2019 et a bénéficié d’une résidence d’écriture à La Maison Bleue de Contis dans les Landes en 2020.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information