"Il faut vraiment vacciner" : une association de protection animale victime d'une contamination alerte sur la maladie de Carré

Une association animalière de Gironde fait face depuis novembre à la maladie de Carré qui a touché une partie de ses chiens. Cette pathologie rare est très contagieuse chez les animaux, mais la vaccination reste le meilleur rempart.

C’est une situation particulièrement rare. Depuis quatre mois, l’association Les Poilus du 33, qui sauve des animaux en péril, lutte contre la maladie de Carré.

Quarantaine obligatoire

En novembre dernier, Eva Yvonnet reçoit une demande pour accueillir des chiots labradors. Hésitante, elle veut protéger ses pensionnaires.  “Je leur ai bien demandé si les chiots avaient été en quarantaine pendant six semaines. Ils m’ont assuré que cela avait été le cas”, indique Eva Yvonnet.  Problème : lorsqu'elle les récupère, seuls trois chiens sont vaccinés, le quatrième étant trop malade.

Malheureusement, malgré une quarantaine observée par la jeune femme, les chiots labradors contaminent une autre groupe.“Il y a eu des contaminations indirectes, lorsqu'ils étaient dehors notamment", explique la responsable de l'association, qui ne sait alors pas qu'il s'agit de la maladie de Carré.

Tao, un des petits chiots est touché, il décèdera en fin janvier 2024, soit plusieurs mois après les premiers cas. Il était vacciné, comme tous les autres chiots, et suivi, mais cela n’a pas suffi à le protéger. 

"Vaccinez, vaccinez" 

Dès qu’elle reçoit la confirmation de la maladie, Eva Yvonnet décide de “nettoyer avec des litres de javel” pour tuer le virus.  

Il faut vraiment vacciner, je sais que c'est ce qui a permis à certains de s'en sortir.

Eva Yvonnet

Association Les Poilus du 33

La maladie de Carré, considérée comme la rougeole des chiens, n’a donc pas totalement disparue. Elle est due à un virus qui se transmet très facilement par contact direct et par voie aérienne. Très dangereuse, elle est souvent fatale et il n’existe pas de traitement pour la soigner. "Si un chien est contaminé, on peut juste faire un traitement symptomatique, on n’a pas de traitement anti-viral ". explique Pierre Bessière, chargé de recherche en virologie à l’école vétérinaire de Toulouse.

Et ce traitement ne semble pas près de voir le jour. "On n’a pas de recherche particulière, c’est très difficile de trouver un traitement contre les infections virales, beaucoup plus que pour les infections bactériennes, plus faciles à soigner". Ainsi, le seul moyen de protéger son chien de cette maladie est le vaccin et il en existe un.

C’est un vaccin efficace à quasiment 100%, c’est le vaccin de base des chiens, il est fait en routine.

Pierre Bessière

Ecole vétérinaire de Toulouse

Le virus regagne du terrain

Malgré la présence de ce vaccin, la maladie refait surface, d’après le vétérinaire. "Ces dernières années, on observe une forte augmentation des cas. Le virus a toujours circulé, mais il suffit d’une baisse de la couverture vaccinale et ça donne une opportunité au virus de se développer" affirme Pierre Bessière. 

Le virus parvient tout de même à circuler chez les animaux mal vaccinés. "Un vaccin peut être inefficace s’il est mal conservé, si la chaîne du froid est brisée par exemple, le vaccin étant fait à partir du virus, il ne survit pas à la chaleur". Une autre problématique est celle de l’âge. Pour être efficace, le vaccin ne doit pas être fait trop tôt. "Les chiens ont des anticorps qu’ils tiennent de leur mère. Ces anticorps vont dans le sang et viennent inactiver le vaccin". Ainsi, les chiens se font vacciner à l’âge de 8 ou 12 semaines mais chez certains, le vaccin sera inefficace et ils auront besoin d’un rappel un an plus tard.

 

Le coût du sauvetage 

Malgré les méconnaissances de cette maladie rare, la responsable du refuge animalier, Eva Yvonnet, veut éviter à d'autres ses déboires et ses errances de diagnostics et cherche donc à sensibiliser les particuliers et même les vétérinaires. "Entre les tests et les vaccins, c'est une maladie qui n'est pas forcément fatale. J'en suis la preuve", rappelle la responsable de l'association. Elle, de son côté, s’est démenée pour enrayer la contamination de certains de ses protégés : antibiotique à large spectre, probiotiques, vitamines et même CBD pour chien.

Les délais d'incubation et de développement de la maladie étant très longs, Eva Yvonnet a décidé de ralentir l’activité de l’association. Pourtant, non subventionnée, l’association a dû puiser dans ses ressources. “J’ai déboursé des milliers d’euros entre les soins et les examens pour sauver ces petits”, détaille la responsable des Poilus du 33. Une cagnotte en ligne a été ouverte pour l’aider à surmonter la période. 

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