Il y a cent ans, trois jours après avoir quitté Bordeaux, le paquebot Afrique sombrait dans l'Atlantique

A Bordeaux et aux Sables d'Olonne, des hommages sont rendus aux morts du naufrage du paquebot Afrique. Le 12 janvier 1920, le navire parti de Bordeaux sombrait en emportant 568 personnes. Parmi eux, près de 200 tirailleurs sénégalais. 

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Son épave se trouve toujours enfouie à quarante-sept mètres de fond, dans l'océan, au large des Sables d'Olonne. Envahie par les algues, elle ne ressemble plus en rien au fier navire, long de près de 120 mètres, habitué à naviguer sur l'Atlantique, ralliant les côtes françaises et ouest africaines.
 

Plus de 500 morts 

Le naufrage du paquebot Afrique est la plus grande catastrophe maritime française civile. Elle est pourtant totalement méconnue.
 


Le 12 janvier 1920, trois jours après avoir quitté le quai des Chartrons à Bordeaux, le navire qui devait rallier Dakar au Sénégal, sombrait au large de l'île de Ré. En pleine tempête, déjà en difficulté à cause d'une voie d'eau dans la chaufferie et de machines défaillantes,  il heurte un bateau-feu, une bouée automatique du plateau de Rochebonne et sombre dans l'océan.
 


Seules 34 personnes seront retrouvées vivantes. Au total, 568 personnes ont péri dans le naufrage. Dans les semaines qui suivront le naufrage, 120 corps, dont seulement la moitié sera identifiée, sont retrouvés sur les côtes vendéennes, et même jusqu'à l'île de Sein au large du Finistère.
 

"Sa vie s'est arrêtée au large de La Rochelle"

Parmi les victimes se trouvait Louis Bouchet, le grand-oncle de Francine Sautet. Un siècle après le drame, elle retrace le parcours de son aïeul, grâce à ses archives familiales. Jeune veuf, ambulancier de métier, Louis Bouchet avait embarqué à bord de l'Afrique dans l'espoir d'une nouvelle vie, au Gabon. "Il a claqué la porte et il est parti. (…) C'était une nouvelle vie, mais elle s'est arrêtée au large de la Rochelle", raconte Francine Sautet auprès de France 3.

Ecouter le témoignage de Francine Sautet ►
 

De nombreux tirailleurs sénégalais parmi les victimes

D'autres descendants de victimes n'ont aucune trace écrite du parcours de leurs aïeux. A bord de l'Afrique se trouvaient 192 tirailleurs sénégalais, surnommés ainsi mais en réalité originaires d'un grand nombre de pays d'Afrique coloniale française. Deux ans après la fin de la Grande guerre, parce qu'ils ont été blessés, n'ont pas rempli toutes les formalités administratives ou perçu leur pécule, certains se trouvent toujours en métropole plus d'un an après l'armistice. Ils entamaient sur l'Afrique leur voyage retour, vers Dakar (Sénégal), Conakry (en Guinée) ou Grand Bassam (Côte d'Ivoire). 


"Il n'y a pas vraiment eu de recherches sur l'identité des descendants de ces tirailleurs, précise Karfa Diallo, fondateur de l'association Mémoires et Partages, à l'origine d'une exposition "Le Mémorial des tirailleurs naufragés", présentée jusqu'au 16 janvier au Musée Mer Marine de Bordeaux.
 

Obtenir une reconnaissance


"Leurs noms et leurs matricules sont connus et recensés. On pourrait, grâce aux documents de la caserne Bernadotte à Pau, qui recense les archives des ressortissants des anciennes colonies, retrouver leur pays, voire leur village d'origine, et donc leurs descendants".

 

Karfa Diallo lui milite également pour que les tirailleurs décédés dans le naufrage pendant leur démobilisation soient déclarés morts pour la France. "Cela ouvrirait des droits pour leurs familles. Mais surtout cela leur permettrait d'obtenir, même cent après leur mort, une certaine reconnaissance".


Ecoutez Karfa Diallo présenter l'exposition "Le Mémorial des tirailleurs naufragés" (en 2018, l'exposition se tenait à l'Hôtel de région)
 
 

Un drame méconnu

Au moment du naufrage, la France se remet difficilement de la Grande Guerre, et s'apprête à élire un nouveau président. Paul Deschanel remportera l'élection cinq jours plus tard.

"A l'exception de Mgr Jalabert, l'évêque de Dakar, il n'y avait pas d'acteur, pas d'artiste ni de personnalité politique célèbre à bord, rappelle Roland Mornet, auteur de "La tragédie du paquebot Afrique" (Geste Editions).

La presse nationale ne s'y est pas beaucoup interessée. Et encore aujourd'hui, les gens connaissent  beaucoup plus l'histoire du Titanic [ 1 500 personnes ont perdu la vie dans le naufrage du Titanic, un bateau britannique, ndlr] que celle de l'Afrique, un bateau français".


Des hommages voient le jour


L'historien est quant à lui persuadé que l'Afrique a percuté dans l'estuaire de la Gironde l'épave d'un navire coulé par les Allemands. Il a lui-même contacté des descendants de victimes et obtenu la pose d'une stèle aux Sables d'Olonne en 2006.

Ce week-end, une centaine de personnes, dont les descendants du commandant du bateau Antoine Le Dû, se rendront à leur tour aux Sables d'Olonne pour un hommage aux disparus. 
 


A Bordeaux, ce jeudi 9 janvier, à l'initiative de l'association bordelaise Mémoires et Partages, a eu lieu une cérémonie intereligieuse en hommage aux très nombreux disparus de la catastrophe. L'artiste A-MO y a dévoilé une œuvre commémorant ce drame. A ce jour, aucun hommage officiel n'a été rendu aux victimes.

 
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