Les pensionnaires d'une résidence de service pour seniors ont manifesté à Bordeaux ce vendredi. Ils demandent des doses de vaccin contre le Covid-19, et assurent être en mesure de les administrer à l'ensemble des volontaires.
"C'est rare, c'est la première fois. Même en 68, j'ai pas fait grève", sourit Michel Grondeau 83 ans. Ce vendredi il est descendu manifester dans la rue de Turenne, devant sa résidence de services pour sénior. Motif du mécontentement de l'octogénaire : il n'arrive pas à se faire vacciner.
"Je suis surtout en colère contre l'inorganisation qui se passe dans la vaccination générale du pays. C'est du coup par coup. J'ai appris que 83% des résidents des EHPAD étaient vaccinés. J'ai des amis qui ont réussi, d'autres non. On sent qu'il n'y a pas d'organisation", poursuit Michel Grondeau.
Michel Grondin n'est pas seul à protester : à ses côtés, une quarantaine de résidents des Jardins d'Arcadie, moyenne d'âge 86 ans.
Le guide du manifestant
"Nous avons fait un comité de pilotage à 9 personnes pour organiser la manifestation. Mais aucun d'entre nous n'avait jamais manifesté, si ce n'est moi en mai 68, précise Jeanne Belat, 74 ans, responsable de l'amicale des résidents. Avant d'ajouter : et je me suis ramassée une bonne claque par mon père ce jour-là, parce que je n'avais pas 21 ans.
Aujourd'hui on n'a peut-être pas de vaccin, mais au moins je risque pas de paire de claques. C'est toujours ça de gagné !"
Jeanne Bellat appelle donc ses amis syndicalistes afin qu'ils lui expliquent la marche à suivre. Et les conseils ont été suivis : rédaction d'une note interne pour informer les résidences de la manifestation, affiches placardées dans les ascenseurs jusqu'à l'organisation du rassemblement ce vendredi matin, à 11 heures.
Sur les 150 résidents des Jardins d'Arcadie, ils sont 110 à souhaiter se faire vacciner. Mais si dans un premier temps, les pensionnaires pensaient pouvoir passer juste après les pensionnaires des Ehpad, ils restent en attente d'un accord de l'ARS.
Des docteurs à la retraite parmi les résidents
Les pensionnaires bénéficient au sein de leur résidence d'un centre infirmier, ouvert 24/24 heures avec une quinzaine d'infirmières. "Dès qu'on a su qu'il pouvait y avoir des vaccinations, on nous a dit qu'il fallait un médecin et un pharmacien en plus pour assurer le processus", explique Geneviève Morize, 83 ans. Le hasard fait bien les choses : Geneviève Morize est elle-même médecin anesthésiste à la retraite.
Je leur ai dit si je peux vous rendre service, c'est avec grand plaisir. Et mon ami Marc Pruvot lui-même pharmacien retraité, s'est également proposé. Nous avons donc tout le personnel nécessaire pour pouvoir vacciner sur place. On réclame maintenant d'avoir les vaccins, on est capable de faire la vaccination !
Une demande appuyée par la direction de la résidence. D'autant plus que ceux qui ont tenté de prendre rendez-vous dans un centre de vaccination ont eu à faire face à la pénurie de place. A ce stade, tous restent en attente d'un retour, rapide, de l'Agence régionale de santé.
Voir le reportage de France 3 Aquitaine