Il y a un an, la porte en bois de l'hôtel de ville de Bordeaux était incendiée lors de la manifestation des retraites. Ce lundi 11 mars, cinq hommes, suspectés d'être à l'origine de l'incendie, comparaissent devant le tribunal correctionnel. Ils ont tous été reconnus coupables, à des degrés divers, d'avoir participé à l'incendie de la porte du palais Rohan.
Ils ont tous été reconnus coupables. Les cinq hommes à l'origine de l'incendie de la mairie de Bordeaux ont été condamnés ce lundi 11 mars à des peines de prison, allant d'un an avec sursis à six ans de prison ferme. Deux étaient déjà en détention provisoire, deux autres comparaissaient libre. Le dernier, âgé de 19 ans seulement, a lui, disparu dans la nature après avoir rompu son contrôle judiciaire.
Les cinq hommes ont également été condamnés à des obligations d'indemnisation , de soin, de travail ou de formation, ainsi qu'à des interdictions de port d'arme. Ils devront par ailleurs verser de façon solidaire 100 000 euros à faire valoir sur le préjudice à la mairie de Bordeaux.
Cinq suspects
C'était il y a maintenant un an. Les images de la porte du palais Rohan calcinée, suscitaient l'émoi chez les Bordelais. En marge de la manifestation pour les retraites, le 23 mars dernier, un groupe d'une dizaine d'individus, mettait le feu au porche de l'hôtel de ville, place Pey Berland. L'impressionnant portail en bois s'était embrasé en quelques minutes et les images avaient massivement été relayées sur les réseaux sociaux. "C'est du vandalisme qui n'a aucun sens", avait alors réagi le maire Pierre Hurmic, "choqué".
À l'issue de leurs investigations, les enquêteurs ont pu identifier cinq individus, âgés de 19 à 43 ans. Ils étaient jugés ce lundi 11 mars au tribunal correctionnel de Bordeaux pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences". Trois d'entre eux devaient répondre aussi de "dégradation ou détérioration" de biens "par un moyen dangereux".
Les sapeurs-pompiers s’activent pour éteindre le feu sur la porte de la mairie de #Bordeaux #ReformedesRetraite pic.twitter.com/bY2lmDX1Ne
— Rue89 Bordeaux (@Rue89Bordeaux) March 23, 2023
Selon les enquêteurs, ce sont des images de témoins et de vidéosurveillance qui ont favorisé l'identification des suspects. Ils faisaient partie d'un groupe qui, quelques heures après la fin de la manifestation officielle, entassait poubelles, palettes et barrières métalliques devant l'entrée de la mairie, avant d'y mettre le feu et de l'attiser avec d'autres objets.
Déjà condamnés
Quatre des suspects ont déjà été condamnés pour des faits de violences, dégradations, vols ou atteintes aux biens et autant présentent une addiction à l'alcool et au cannabis, d'après l'accusation. Trois étaient sans emploi, dont deux présentés comme SDF, au moment des faits.
"Est-ce qu'il y a eu un mot d'ordre général ? Est-ce que c'est un acte isolé ? Qui a allumé la première mèche ? L'instruction ne permet pas de répondre à ces questions", critiquait, avant le procès, Me Étienne Bouchareissas, avocat d'un prévenu de 37 ans, sans domicile fixe.
La porte du porche de la mairie girondine avait été incendiée après une journée de manifestation contre la réforme des retraites, émaillée de débordements. Et ce quelques jours avant une visite prévue en France, avec un passage par Bordeaux, du roi Charles III d'Angleterre, dont le report avait été annoncé le lendemain des faits.
Porte reconstruite à l'identique
La mairie, qui s'est constituée partie civile, a évalué à 600 000 euros le préjudice matériel de l'édifice classé aux monuments historiques. En juin, la porte incendiée avait été démontée par sécurité avant d'être remplacée par une provisoire.
🗳️ Les résultats sont tombés...
— Pierre HURMIC (@PierreHurmic) October 24, 2023
Merci aux 13 820 participants qui ont donné leur avis lors de la concertation sur la future porte de l’hôtel de ville ! pic.twitter.com/Q8JGtQTKDg
L'avenir de la porte de l'hôtel de ville a longtemps mobilisé les Girondins. En septembre, le maire de Bordeaux lançait une consultation citoyenne pour décider de l'avenir de l'ouvrage en bois massif datant de plusieurs siècles. Plus de 13 000 personnes avaient répondu au sondage. Le résultat était sans appel. 75 % d'entre eux votaient pour une reconstruction à l'identique.
"Cet hiver, pendant environ six mois, des artisans spécialisés répareront les maçonneries endommagées et pierres d'encadrement de la porte", avait indiqué Pierre Hurmic, qualifiant la consultation citoyenne de "succès populaire". La nouvelle porte, dont chaque battant pèse près de 500 kg, sera installée à l'automne 2024 et devrait être fabriquée par une entreprise locale.