Près de 400 entreprises et artisans ont demandé de l'aide depuis le début des incendies en Gironde et la mise en place d'une cellule de soutien par la Chambre de Commerce et d'industrie et la Chambre des métiers et de l'artisanat. Tourisme, commerces, scieries, de nombreux secteurs ont subi des pertes inquiétantes. Une économie touchée qui réclame des aides.
Les deux chambres, celle de l'industrie et du commerce et celle de Métiers et de l'artisanat demandaient des aides exceptionnelles depuis plusieurs jours. Le gouvernement les a entendues en partie. Le dispositif d'activité partielle (on ne parle plus de chômage partiel) longue durée a été activé. La préfecture confirme l'information validée hier, lors d'une réunion sur le sujet.
Pendant la pandémie de la Covid, "une entreprise - confrontée à une réduction durable de son activité - avait pu diminuer l’horaire de travail de ses salariés, et recevoir pour les heures non travaillées une allocation en contrepartie d’engagements, notamment en matière de maintien en emploi".
Le même dispositif serait appliqué aux salariés dont les entreprises ont subi "une destruction totale ou partielle de leurs locaux", ou qui ont du arrêter "leur activité en raison de mesures d’évacuation ou des mesures d’interdictions ou de fermetures" rappelle la CCI de Bordeaux-Gironde.
Les entreprises victimes collatérales
Pendant douze jours, la vie s'est arrêtée dans plusieurs quartiers de la Teste-de-Buch et les communes autour de Landiras. Menacés par les incendies, 30 000 habitants ont du abandonner leur logement en urgence. Les entreprises et les artisans ont du baisser le rideau. Depuis, les deux incendies sont fixés. Ils ont ravagé près de 21 000 hectares de pinèdes mais, grâce au travail acharné des pompiers, les dégâts matériels sont limités. Cinq maisons, un restaurant et cinq campings de la Dune du Pilat. C'est presque un miracle.
Mais les feux ont fait des dégâts moins visibles, des victimes collatérales. Patrick Seguin, le président de la CCI évoque "ces entreprises de 2e, 3e rang qui se retrouvent confrontées à une perte d'exploitation très importante parce que leur client a disparu du jour au lendemain ou parce qu'elles ne peuvent plus aller chez leur client parce que les routes sont barrées". Ces entreprises, elles ne seront pas indemnisées par leurs assurances.
Nathalie Laporte, la présidente de la CMA Nouvelle-Aquitaine résume :
C'est une catastrophe pour tout le monde
Nathalie Laporte, présidente de la chambre de Métiers et de l'Artisanat
Dans le quartier des Miquelots, l'un de ceux évacués à la Teste de Buch, l'Intermarché n'a pas pu accueillir de clients pendant huit jours.
Il a perdu tous ses produits frais, fruits, légumes, laitages, surgelés en raison de coupures d'électricité. Le gérant, Lucas Pinaud a évalué les pertes à 170 000 euros. Le magasin, qui s'étale sur 3 000 m² et qui emploie 80 saisonniers l'été, a rouvert hier et il accuse déjà une baisse de 30% de fréquentation :
Nous, le magasin est toujours-là. Et j'ai une pensée pour les campings qui ont brûlé, notre entreprise n'a pas brûlé mais pour la refaire fonctionner, il va falloir réamorcer la pompe. Ca ne se fait pas comme de rallumer l'interrupteur
Luca Pinaud, Dirigeant Intermarché Les Miquelots La Teste de Buch
La semaine dernière, sur le bassin d'Arcachon, le tourisme affichait une baisse de fréquentation de 40 % en moyenne la semaine dernière. A tel point qu'un plan de relance a été imaginé par les élus et les professionnels.
Le Bassin d'Arcachon vient de vivre une terrible épreuve . Nous avons besoin de vous.
Par ce message adressé aux touristes dans un spot diffusé sur France télévisions, ils veulent les convaincre de ne pas déserter ce haut lieu touristique. La dune du Pilat, fermée au public rouvre demain.
Un argument de plus pour attirer les touristes à nouveau.
Mais, même si le taux de réservations retrouvait ses niveaux d'avant les incendies, les pertes de chiffres d'affaires, elles, ne seront pas compensées.
La Chambre de commerce et d'industrie Bordeaux Gironde et la chambre des métiers et de l'artisanat ont très vite mis en place une cellule d'écoute pour accompagner les entreprises et les artisans touchés par les incendies.
425 demandes ont été reçues.
Pour Patrick Seguin, le geste de l'Etat est insuffisant. Le président de la CCI espérait un fond spécifique.
J'ai l'impression qu'on ne se rend pas bien compte de l'impact que ça va avoir. Il y a des gens qui ont perdu toute activité pour des mois
Patrick Seguinprésident de la CCI Bordeaux-Gironde
Au sud de la Gironde, les scieries sont à l'arrêt. Comme la forêt calcinée, l'économie de ce territoire pourrait porter les stigmates des incendies un long moment.